Fragmentée
Quand j’étais enfant, je rêvais d’être une super-héroïne et d’avoir de super pouvoirs. Après tout, j’avais déjà une partie du prérequis : je suis presqu’orpheline. (Comment voir du positif dans tout : me voici presqu’Harry Potter ou Batman. Check!). Alors peu importe mon monde imaginaire, à la saveur unique du jour, je finissais par pouvoir sauver tout le monde. J’étais LA personne qui réussissait à amadouer le Méchant, à répandre des sourires. Dans mon monde, rien ne pouvait m’atteindre. J’étais cette fille cool, invulnérable, qui prenait sur ses épaules le malheur des autres. Qui peut tout supporter, tout traverser, tant que les Autres sont heureux.
Et bien, j’en ai fait une dépression… puis une profession.
Aujourd’hui, je suis une super-héroïne du Quotidien. Tâchant, du mieux que je peux, de prévenir l’imprévisible, d’adapter le monde à mes usagers. À me montrer invulnérable, peu importe la gravité des coups. À m’imaginer que j’ai des super-pouvoirs, que je peux encore tout prendre sur moi. Tant qu’ils sont heureux, tant qu’ils s’améliorent. J’en trouve là mon parti, mon petit bonheur. Ça (devrait) me suffire. D’être utile. De voir que je fais une différence. Si je dois effacer un peu ma vie, m’effacer un peu, pour pouvoir tout accomplir, tout surmonter, ce n’est qu’un bête prix à payer, pour rester Forte. Si je dois oublier comment dormir pour pouvoir travailler plus longtemps, soit! Si mes pensées doivent être un néant de Si, de Mais, de Doutes, de Cries étouffés, de Non-Dits, de Douleurs… Il y a pire, si ce n’est que pour pouvoir me rendre utile.
Et bien, j’en ai fait une profession... et maintenant une dépression (Fuck.)
On veut bonifier mon vocabulaire. Pour que je vois le monde tel qu’il est. Que je sois réaliste. Que je revienne sur Terre, que je vois la vérité en face, que je n’aie plus d’illusions. Que je sois honnête envers moi-même.
Je suis :
« Impuissante »
« Vulnérable »
« Faible »
« Victime »
« Épuisée »
Comment devient-on son seul Échec
Après avoir tant surmonté?
On me dit que je suis résiliente
Que je rebondis, d’un malheur au bonheur
Je trouve toujours le moyen de remonter la pente
Peu importe si tout dégringole
Retourne au fond du puit
Je trouverai toujours un moyen, car j’ai ce super pouvoir
Je ne sais pas quand arrêter
Certains argumentent que c’est comme ça que je me suis rendue ici
Au milieu d’un vide, entre deux rives.
Mais chaque super pouvoir à son désavantage, son inconvénient
Le mien est de dépasser le fond du puit, de m’enfoncer dans son obscurité
Et d’espérer, de l’autre côté, voir revenir la lumière.
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Ce n’est qu’une pause, un répit.
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Le souffle à reprendre.
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Dans 15 minutes, promis, je serai de retour sur le plancher.
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