Chapitre 11
Ernest, chauffeur nihiliste antinataliste, aimait son travail. Il souriait et conduisait, laissant son humour libre au bout d'une laisse qu'il ne voyait que rarement. Ernest, conducteur de la ligne 200 bis, appréciait les rubriques sports de RMC et les spots culturels de France Inter. Il avait enfin réussi à sortir d’un pétrin fait de chômage, de soirées bières et d’une motivation inexistante. Tout ça grâce à la vague d’emploi générée par le gouvernement, « pour une fois que les choses marchent comme y faut » murmurait-il
L’antinatalisme, une doctrine sortie d’une réflexion existentielle abstraite, parvint enfin à combler l’illusion d’un Etat Boucher. Telle une divinité généreuse et pourvoyeuse, l’antinatalisme permit aux hommes d’affirmer leurs choix et l’impossibilité d’un taux de natalité gargantuesque. « Mais faut l’avouer, notre espèce est un cancer pour cette planète. Déçu, choqué, j’écoute désespérément la radio pour rire avec eux et faire passer le temps ». Voici la rencontre d’une comète nihiliste et d’une étoile antinataliste, elles se heurtèrent et fusionnèrent pour façonner Ernest, qui en avait bien conscience et se moquait de tout ça puisqu’il était nihiliste. Ce qui l’importait par contre, c’était d’arrêter la cigarette et de trouver un travail. Ainsi, il devint sain et put devenir conducteur grâce au rejet d’une migration de masse -possible grâce à la Pérennité-. Il se sentait bien grâce à un avenir radieux à la jeunesse intemporelle. Il sait qu’il partira après une dernière cigarette et quelques poignées serrées.
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