Souvenirs

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Je me retourne pour croiser un regard bleu vide. Le garçon aux cheveux couleur d'or lève sa main droite. Son index se lève à son tour. Il me pointe du doigt.

Je me réveille en sursaut, couverte de sueur. Mon coeur bat fort. Je prends de grandes inspirations pour calmer ma respiration. Ce n'était qu'un cauchemar . . . Non. Ce n'est pas ça. C'étaient plutôt des souvenirs.

Une fois que j'ai repris mes esprits, je me lève doucement de mon lit. Je pose mes pieds sur le plancher de bois frais. Je me dirige vers la fenêtre pour l'ouvrir, j'ai besoin d'air. Le vent frais du matin vient caresser mon visage blanc lys et jouer avec mes cheveux châtain clair virant légèrement vers le blond. J'aime cette sensation. J'aime aussi l'odeur de la lavande et du jasmin qui poussent sur le rebord de ma fenêtre. Je les ai plantés moi-même et m'en suis occupée jusqu'à ce qu'elles deviennent les belles fleurs qu'elles sont. Tous les matins, quand j'ouvre ma fenêtre, leurs délicieux parfums embaument ma chambre. Ce matin-là ne fait pas exception. Je prends donc une grande inspiration pour respirer leurs douces senteurs. Quelle magnifique odeur ! J'ouvre ensuite mes grands yeux bleus pour admirer la vue. Je peux voir les maisons entourant la notre. Sur le toit d'une d'elles, une femme étend son linge. Je lève les yeux pour admirer le ciel. Il est d'un beau bleu, parsemé de quelques nuages blancs. Le soleil brillant apporte de la lumière à ce tableau.

"Toc ! Toc ! Toc !"

On toque à ma porte. Je me retourne. Belle-maman ouvre la porte de bois et entre :

- Comment vas-tu ce matin ? me demande-t-elle.

- Ça va, je lui répond, même si ce n'est qu'à moitié vrai.

- Je suis venue te dire que le petit-déjeuner est prêt. Fais ta toilette et descends pour manger.

- D'accord.

Après qu'elle soit sortie, j'ai oté ma robe rouge que je n'ai pas retirée la veille car je me suis inconsciemment endormie. Je mets un peignoire, prends une chemise blanche et une jupe rose et me dirige vers la salle de bain pour me laver et m'habiller. Je retourne ensuite à ma chambre pour peigner mes cheveux mi-longs devant le miroir de ma coiffeuse. Une fois qu'il n'y a plus aucun noeud dans ma chevelure, je la laisse tomber sur mes épaules comme d'habitude et descends dans la salle à manger.

Papa était déjà sorti pour son travail mais belle-maman était là, assise sur un chaise, à tricoter.

- Que tricotes-tu ? lui demandé-je.

- Un vêtement, pour le bébé, répond-elle, en posant une main sur son ventre. Il ne reste plus que huit mois avant sa naissance, ça passe vite! Il faut que tout soit prêt pour son arrivée !

Après quelques secondes, elle lève à nouveau la tête vers moi: "Si tu veux, tu peux m'aider. Qu'en dis-tu ? Tu ne veux pas fabriquer un beau petit doudou pour ton petit frère par exemple ?"

"Ton petit frère". Je suis à nouveau prise de tremblements. Il fait aussi froid qu'hier soir. Une boule se forme dans ma gorge.

Belle-maman, voyant que je ne réagis plus, me demande: "Est-ce que tout va bien ma puce ? Tu tremblotes. J'espère que tu n'as pas pris froid !"

Cette fois, je parviens, avec peine, à lui répondre: "Ne t'en fais pas pour moi. Ça va."

Je vais m'asseoir à table. Une assiette contenant des toasts au beurre et des oeufs est posée devant moi. Mais, bien que mon estomac est vide (je n'ai pas soupé hier soir), je n'ai plus d'appétit. Je me force tout de même à avaler un toast pour que belle-maman ne s'inquiète pas et ne demande pas à papa de m'ausculter.

Après le petit-déjeuner, je suis allée, avec la permission de belle-maman, au bord du fleuve. Je me suis assise sur l'une des marches qui permettent de descendre jusqu'à l'eau et j'ai posé mon carnet à dessin sur mes genoux. J'ai sorti un crayon à papier de la poche de ma veste et j'ai cherché des yeux quelque chose à dessiner. J'ai remarqué une belle fleur aux pétales d'or sur la rive opposée et j'ai décidé de la dessiner. J'ai donc ouvert mon carnet et je me suis mise au travail.

Pendant que mon crayon grattait le papier, je réfléchissais à ce que m'avaient dit les parents, hier soir: "Tu vas avoir un frère." Je tremblote à nouveau.

"Ou une petite soeur!" Mes tremblements se calment. Oui, je préfère avoir une petite soeur . . . Non! S'il y a quelque chose que je préfère vraiment, c'est de ne pas en avoir du tout !

Je sors de mes pensées pour voir le résultat de mon travail . . . et lâche mon crayon de surprise ! Sous mes yeux, sur ma feuille de dessin, est représenté . . . un garçon aux cheveux couleur d'or !

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