La brûlure du Roi Soleil
de Vendarion d'Orépée
Chapitre I
_ « Je n'ai pas fui le roi Soleil quand il a voulu me réduire en cendre, pourquoi devrais-je fuir maintenant ? Qu'est ce que je risque si ce n'est un petit coup de soleil ?
_ Allons, vous n'avez pas été brûlé par le soleil, ne vous agitez donc pas comme ça... et cessez de bouger, je dois recommencer la radio.
_ C'est ce qu'elle a dit... ce sont les derniers mots qu'elle a dit... laissez tomber docteur, vous ne trouverez rien et je vais mourir!
_ Bien sûr, bien sûr... si vous saviez combien de patients m'ont dit la même chose, parfois en me demandant de les euthanasier, et qui aujourd'hui se portent le mieux du monde. Ne vous inquiétez donc pas. Nous allons vous garder quelques jours et vous serez nourri par perfusion en attendant. »
Le Docteur Bran quitta la chambre de son patient et fit signe à l'infirmière de le suivre.
_ « Vous n'avez pas eu de mal pour préparer la solution que je vous ai demandé ? Je vais vous le confier pendant les prochains jours mais n'hésitez pas à m'appeler en cas d'alerte, à n'importe quelle heure. Au fait, nous n'avons toujours pas les résultats des tests sanguins ?
_ pas encore docteur, mais n'est-ce pas un peu tôt pour s'en inquiéter ?
_ Le commissaire Bayard était inquiet avant même qu'on examine son patient... et dire que je dois le prévenir que son inspecteur ne sera pas disponible avant plusieurs semaines, dans le meilleur des cas. Mais même s'il n'était pas ici, je lui imposerais une bonne période de repos, il a vraiment pris un sale coup...
_ Oui, j'ai entendu parler d'un "coup de soleil" quand je suis entré.
_ Je crois surtout qu'il a pris quelque chose dont il aurait mieux fait de se méfier. »
Trois cadavres carbonisés dans un entrepôt. Aucune trace d'effraction. Aucun indice. Le commissaire Francis Bayard n'avait pas approché les corps à moins de dix mètres, cette distance était largement suffisante pour comprendre que cette affaire n'avait rien d'ordinaire. Les corps ne dégageaient aucune odeur reconnaissable, pas même le brûlé qui aurait dû empester dans tout l'entrepôt. Il était impossible de les reconnaitre et seule une analyse poussée donnerait peut-être des indices sur l'âge et le sexe des victimes, espérer plus d'informations tenait du miracle. Et puis, dix mètres était aussi la distance de sécurité pour ne pas gêner l'équipe médico légale dans son travail. De son côté, l'inspecteur Lepine parcourait l'entrepôt à grandes enjambées, s'arrêtant de temps en temps pour remplir les pages de son carnet comme si ce gaspillage de papier pouvait combler le manque d'indices...
_ « Et bien Loïc, Vous en avez terminé avec vos notes ? demanda le commissaire Bayard. Nous pouvons peut-être emporter les corps et rédiger le rapport ?
_ Bien sûr, commissaire, cependant je crois avoir trouvé quelque chose... il y a un truc en dessous de cette palette.
_ Nous le ramasserons quand nous aurons récupéré les corps dans le meilleur état possible, ce qui ne sera pas facile si vous restez au milieu du chemin. Bon sang, Lépine, faites un peu attention, vous avez failli marcher sur le bras d'un cadavre.
_ oups! désolé! » fit l'inspecteur avec une nonchalance qui ne plaisait définitivement pas au commissaire Bayard.
A la réflexion, il commençait à se dire qu'il aurait été mieux inspiré de laisser l'inspecteur Lépine continuer à faire les chiens écrasés et la circulation, quitte à mener l'enquête seul puisque l'inspecteur Thalos était toujours en arrêt maladie.
_ Et bien Loïc, reprit le commissaire, puisque vous êtes si malin, avez vous une hypothèse à formuler ?
L'inspecteur Lépine s'interrompit et réfléchit longuement avant de répondre d'un ton hésitant.
_ Je crois... je crois qu'ils ont été brûlés par une sorte... heu... comme s'ils étaient restés plusieurs heures dans un micro-ondes réglé au maximum. Evidemment, il n'existe pas de four à micro-ondes assez grand pour cela mais peut-être une sorte d'arme à rayons qui produirait les mêmes effets.
_ Vous m'en direz tant!
_ Il y a encore autre chose de curieux, mais il faudrait plus de lumière pour en être sûr. Regardez par ici.
L'inspecteur sortit un téléphone portable de sa poche et le mit en route pour éclairer le mur de l'entrepôt.
_ Regardez, il y a des traces sombres sur le sol et sur le mur, ils correspondent à l'ombre de personnes qui se tenaient là ou les corps sont tombés... comme si en brûlant, une partie des cendres avait été emportée par le rayon et s'était ensuite incrustée dans les murs.
_ Où avez vous été chercher une hypothèse aussi ridicule ?
_ Je vous assure commissaire, et ça ne serait pas une première... certaines victimes brûlées à Hiroshima ont laissé des ombres similaires, et elle sont encore visibles aujourd'hui.
Ils furent interrompus par un des agents chargés de déplacer les corps.
_ Nous avons terminé, Commissaire. Et nous avons trouvé ceci.
L'objet en question était une ceinture de cuir portant un fourreau et un poignard.
_ Ha! regardez ça inspecteur Lépine. On appelle cette chose un indice... et c'est en collectionnant les indices qu'on finit par résoudre les affaires et arrêter les coupables.
_ Oui commissaire, c'est sans aucun doute un indice, mais j'ai bien peur que nous n'ayons pas encore trouvé l'arme du crime. À propos, puisque les corps ne sont plus dans le chemin, nous pourrions peut-être soulever la palette, je suis sûr d'y avoir vu quelque chose tout à l'heure.
_ Sergent Caron, fit le commissaire, voulez vous prendre le clark et soulever cette palette ? Après cela nous en aurons terminé pour aujourd'hui. »
Il y avait effectivement quelque chose à trouver sous la palette, le Commissaire Bayard ramassa délicatement l'objet avec des gants et le mit dans un sac en plastique.
_ « Un médaillon ancien... et il me semble bien que la chaîne est en or. Félicitations inspecteur Lépine, ça fait un deuxième indice. Un partout ! Mais j'y pense, vous êtes peut-être déçu de ne pas avoir trouvé l'arme à rayons de Flash Gordon.
_ De qui ?
_ Laissez tomber Loïc! Vous êtes trop jeune pour l'avoir connu.
Ils quittèrent l'entrepôt. Loïc Lépine marchait d'un pas nerveux et rapide, c'était sa première affaire et il avait déjà l'impression d'avoir faux sur toute la ligne et surtout, d'avoir perdu tout crédit auprès de son supérieur, ce qui était beaucoup plus grave. Il fut tiré de ses pensées par la voix du commissaire.
_ Ho, inspecteur Lépine !
_ Monsieur le commissaire ?
_ J'ai une bonne nouvelle pour vous: vous êtes promu inspecteur principal pour toute la durée de l'affaire, et peut-être plus si je suis content de vous.
_ Merci Commissaire, alors vous pensez que je peux vous être utile ? Je ne vous décevrai pas.
_ Vos hypothèses saugrenues me distrairont certainement et il est possible qu'un heureux hasard vous fasse découvrir un nouvel indice, mais de là à prétendre que vous serez utile, il y a un pas que je ne franchirai pas... Je viens de recevoir un appel du docteur Bran, l'inspecteur Thalos ne sera pas disponible avant un mois dans le meilleur des cas, et je n'ai vraiment personne d'autre.
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