8. Une confession

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Je ne sais pas pourquoi je lui ai sauté dessus, mais après un énième rêve de toi je me suis senti seul, j’avais froid et désespérément besoin que quelqu’un s’occupe de moi. Érick était endormi quand je l’ai chevauché, vêtu comme le premier des hommes, et quand il m’a regardé mon cœur s’est embrasé. Il me regardait comme toi tu le faisais, avec quelque chose dans les yeux qui voulait tellement dire plus. Mes larmes sont venues malgré moi, je n’arrivais pas à me dire que jamais plus tu ne poserais ces yeux-là sur moi. Érick m’a fait l’amour, mais je l’ai supplié de me baiser, mon corps réclamait de la violence, je voulais le sentir rude avec moi, qu’il ne me ménage pas surtout.

Mais là je devais lui dire, je ne voulais pas… le perdre lui aussi. Il me tenait contre lui avec tellement de douceur, je devais lui dire pourquoi j’étais ce mec perdu, ce mec qui pleurait en cachette et qui fuyait tout en s’accrochant à lui. Il ne semblait pas me repousser, il était là à me câliner, à attendre patiemment que je m’explique, sa main frottant doucement mon dos.

— Il est mort dans mes bras… Je l’aimais comme un dingue, mais le jour où il est mort je l’ai brisé, avoué-je.

Il ne me répond rien, me laissant parler entre mes sanglots. Je sais qu’il a vu mon collier, je ne le quitte absolument jamais, ainsi que les deux bagues de fiançailles… que nous n’avons jamais portées.

— Il m’a demandé en mariage le matin… Je lui ai dit non… et le soir il est mort… J’ai refusé de me marier avec lui car je ne me sentais pas prêt… J’avais peur de l’avenir même si nous vivions ensemble. On ne s’est pas parlé de la journée… J’ai gâché la dernière journée que nous avons passé ensemble… J’ai été un monstre !

Mes larmes explosent de nouveau, ma voix déraille et je me recroqueville contre lui. Je sens ses bras se resserrer autour moi, il me caresse toujours le dos de façon rassurante. Je le sens m’embrasser le dessus du crâne, ses doigts se perdant dans mes cheveux pour faire des cercles tendres.

— Personne n’était préparé à ce qui allait arriver ce jour-là, Ethan, me rassure-t-il. Tu n’as pas à regretter quoi que ce soit, tu n’imaginais pas cet avenir. Tu n’es pas un monstre, tu as pu le tenir dans tes bras jusqu’au dernier moment, il sait… que tu l’aime comme un dingue, le mariage n’en est pas une preuve.

Ses paroles me réchauffent, même si elles sont pour moi vaines. Je m’en veux de t’avoir dit non, j’aurais dû t’aimer plus que ça. C’est pour ça que je n’arrive pas à tourner la page, que je ne fais que du sur place depuis cinq ans. Mes larmes finissent par se tarir, et je réussis à me calmer, blotti contre lui. Ses bras musclés qui m’entourent me rassurent, sa respiration calme me berce doucement. Je ferme les yeux et me laisse aller au calme. Je le sens bouger, j’ouvre de nouveau les yeux pour le regarder, ses yeux d’un vert profond sont plongés dans les miens. Ses grandes mains viennent entourer mon visage et caresser sous mes yeux pour faire disparaître mes dernières larmes.

Un sanglot nerveux me secoue et à ce moment-là il m’embrasse, avec tellement de douceur, de tendresse et d’amour. Comme ce genre de baiser que tu me faisais avant de me dire à quel point tu m’aimais. Mon cœur se serre douloureusement jusqu’à ce que quelque chose cède en moi, alors j’accepte totalement ce qu’il me donne. Mes mains passent dans son dos pour l’entourer, lui toujours sur mes lèvres, une main derrière ma tête et l’autre sur mes hanches. Des plans cul ne s’embrassent pas de cette façon, ils ne s’enlacent pas de cette façon… Non, il y a déjà quelque chose de plus entre nous deux. Mon cœur semble se réchauffer, j’aime cette sensation, me sentir aimé.

— Laisse-moi prendre soin de toi, Ethan… Laisse-moi te consoler quand tu ne vas pas bien, essuyer tes larmes… Ne me repousse pas avec cette excuse bidon sur le fait qu’on soit les deux derniers survivants.

— Je… ne te repousserai pas… mais je ne peux pas l’oublier.

— Je ne te demande pas de l’oublier ! Je voudrais juste que tu retrouves le sourire, que tu profites des petits moments sans t’en vouloir.

— D’accord… mais aide-moi, Érick… Aide-moi à aller mieux !

Il m’embrasse de nouveau tendrement, avant de s’écarter et de me sourire avec douceur. Il me chuchote un petit « oui » entre ses lèvres. Je me reblottis contre lui, soupirant d’aise, j’ai besoin de lui. Je ne vais jamais t’oublier, Max... Je t’aimerai toujours… Mais Érick va m’aider à avancer, à passer au-delà de ta perte. Il va m’aider à arrêter l’hémorragie de mon cœur, il a su comment me cerner dès le début. Comme toi, il a les mêmes gestes tendres et les mêmes paroles qui me faisaient fondre. Max... je crois que je suis tombé amoureux et que lui aussi m’aime, dois-je avoir peur ? Non, l’avenir est incertain et tout peut s’arrêter du jour au lendemain, alors je ne vais pas perdre mon temps à cogiter, je vais profiter du moment qui m’est offert.

— Je crois que je t’aime, Érick !

Il a un temps d’arrêt dans sa respiration, je me crispe, merde je suis allé trop vite, je vais le perdre. Je sens ses bras se resserrer autour moi.

— Moi aussi je t’aime, Ethan !

Mon cœur lâche, il s’écarte de moi et me regarde amoureusement, cette fois je lui souris, je lui donne ce sourire qu’il voulait tant, rempli de joie et d’amour, en réponse il vient m’embrasser à pleine bouche. C’est donc sans trop d’étonnement que notre petite tendresse se mue en un câlin plus passionnel. On fait l’amour et cette fois je n’ai pas besoin de lui réclamer qu’il y aille plus fort, car cette fois je veux sa tendresse.

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