Cheshire cat
Bonjour…
Bonne nuit ? Je ne sais pas. Peu m’importe. Le temps n’est pas très important ici. Vous non plus, en fait. Toujours est-il que vous êtes là, alors autant ne pas vous faire attendre pour rien. Ce serait purement sadique, et l’on risque de me le reprocher.
Pourquoi faites-vous ces têtes étonnées ? Non, je vous rassure, vous n’êtes pas morts. Vous n’êtes cependant pas non plus en vie. Je vois toutefois que vous n’avez pas perdu vos reflexe. Votre sacro-sainte « raison » vous dit-elle que ce n’est pas possible ? Et bien votre raison a tort. Vous n’obéissez pas en ces lieux aux lois de la logique basique et basse de plancher. Dans cet espace infiniment vide, vous êtes soumis aux règles de mon jeu.
Un jeu. Un jeu. Oui, j’ai bien dit un jeu. Je peux le redire encore plusieurs fois, si cela vous plait tant que ça. Je ne me lasse pas de le dire. Un jeu. Nous allons voir si vous pouvez briser l’ennui du silence en ce… vide ? Non. J’ai déjà utilisé ce mot il y a quelques phrases seulement. Néant ? Sémantiquement, le terme n’est pas correct, mais je vais devoir m’en contenter pour le moment. Permettez que j’enlève mon chapeau. De toute façon, je vais le remettre dans quelques minutes.
Je disais donc que vous allez divertir. Non, pas moi. Qui ? Vous n’avez apparemment pas compris mes paroles. Je n’ai pas tendance à utiliser les mots au hasard du dictionnaire. Les phrases que j’utilise sont choisies à escient. Je répète donc : vous allez divertir. Il n’est pas question de qui que ce soit. Vous allez juste divertir. Et là, à vos masques d’enterrement, je devine que vous vous posez fatalement la question fatidique : comment ? Si je vous le disais, il n’y aurait plus de jeu.
Saintes skotophages ! Cessez de faire cette tête ! On pourrait croire que l’on vous torture… J’ai bien peur que vous n’avez rien compris. Me trompe-je ?
…
Non ? Quel dommage… Je suis forcé d’admettre que je suis déçu. Très déçu. Affreusement déçu. Heureusement, ce n’est pas la première fois. Je finis par m’habituer. J’ai connu bien pire dans le sanctissimus tempus temporis. Néanmoins, je ne suis pas vraiment tenté de recommencer l’expérience, pour dire vrai.
Bon. Puisque vous êtes ici, là, en ces lieux, ici-bas… haut ? bref, devant moi, il va bien falloir vous rendre utile. Vous allez me faire le plaisir de ne plus exister. J’ai perdu assez de moi pour ces bêtises. J’ai toujours pensé que les gens comme vous n’étaient d’aucun secours dans ce genre de situation. Pas de jeu… Tant pis. Le silence va encore s’ennuyer dans le rien de ce vide néantique. Je commence à cesser… Enfin, il faudra bien recommencer. Soyons fous ! Quoique pour être tout à fait précis, je ne suis pas fou. Ma réalité, ou irréalité est simplement différente.
Adieu…
A jamais ?
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