Partie IV : Snowstorm Waltz
La semaine passa plus vite qu'il ne s'y attendait. Il reçut beaucoup de familles vivant dans les alentours, tous beaucoup plus chaleureux que les propres habitants de ce manoir. Mrs de Haunsford et sa fille semblaient être connues, mais peu menaient conversation avec elles. Elizabeth ne se montrait jamais, mais Thomas se consola dans la pensée de la revoir le soir, assise devant son piano à la lumière d'une lune argentée. Dans ces moments-là, ils parlaient de tout et de rien, découvraient les occupations de chacun et imaginaient des faits sur le bal prévu deux jours plus tard. Il nota son habitude à éviter les sujets abordant son passé, mais l'accepta, pensant qu'elle avait peut-être souffert et qu'elle voulait, pour quelques instants, y échapper.
Le soir tant attendu arriva rapidement. Thomas se vêtit de sa tenue de soirée traditionnelle et attendit Elizabeth en bas des escaliers. Lorsqu'elle arriva, le jeune homme se pétrifia. Elle portait une robe éclatante de milles diamants, bleue comme le ciel nocturne, au buste recouvert de dentelle délicate. Elle rougit en apparaissant devant lui et détourna son visage pâle. Thomas lui prit la main et la baisa.
-Ma lady, vous êtes sublime ce soir.
-Je vous remercie.
Ils prirent la voiture et arrivèrent au manoir des Hoperst. La demeure était gigantesque, décorée selon un style classique et l'intérieur était plus éblouissant encore. On lui souhaita la bienvenue, mena une discussion légère jusqu'à ce que Mrs Hoperst vienne elle-même jusqu'à lui et lui exprime sa gratitude. Étrangement, personne n'adressait la parole à Elizabeth, qui se tenait en retrait chaque fois qu'un simple invité s'approchait trop près. Il n'osa pas lui en demander la cause, mais comptait bien le faire une fois rentré à Haunsford.
La première musique jouée par un petit orchestre sur le côté ouvrit le bal et Thomas attendit la deuxième pour inviter Elizabeth à se joindre à lui. Elle sembla hésiter, jeta des coups d’œils nerveux aux alentours puis accepta. Ils se placèrent au centre et la Snowstorm Waltz de Sviridov commença sa danse. Dès les premières notes, ils se mirent à virevolter sur place, les yeux dans les yeux, chacun hypnotisés par le regard de l'autre. Et le voilà qui la portait dans les airs, et ils tournaient, et ils tournaient, inlassablement, amoureusement, sur les airs d'une vaste entraînante. La robe d'Elizabeth gonflait à chaque tour, et elle souriait comme jamais elle n'avait souri auparavant. Des légers flocons de neiges se mirent à virevolter dans les airs et se poser sur les deux jeunes gens dansants. Il n'y eut plus qu'eux deux, enveloppés d'une obscurité légère, tournoyant sous une mer d'étoiles et de flocons de neige. Le cœur de Thomas battait aussi vite que le rythme de la musique, toujours plus entraînante, toujours plus sentimentale, et leur corps se rapprochaient inéluctablement. Leur souffle se mêlèrent et s'élevèrent au-dessus de leur tête, leur odeur ne firent qu'un, ainsi que la flamme qui brûlait leur poitrine. La musique s'était évanoui dans la nuit, mais le silence fut plus agréable encore.
-Thomas... embrassez-moi je vous pris. Je ne puis attendre d'être consumée tout entière par un désir insatisfait.
Alors il posa ses lèvres sur les siennes et le temps s'arrêta de s'écouler l'instant d'un baiser. Il n'y eut pas d'amour aussi pur que celui qu'ils entretenaient, ce soir-là. Elizabeth était aussi douce qu'un velours et ses yeux transparents transmettaient tout l'amour qu'elle aspirait à lui donner. Thomas ne pensait qu'à elle, qu'à ses lèvres sucrées, qu'à son visage pur et parfait. Sous les flocons de neige, ils ne firent qu'une, qu'une seule âme, qu'un seul cœur, qu'une seule pensée.
Lui à elle.
Et elle à lui.
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