Partie VII et dernière : La demoiselle de Haunsford
La tempête était à son apogée, et quelques flocons étaient même apparus lorsque Victoria sortit dans le jardin à la recherche de son frère. Son hurlement à la découverte du corps se mêla aux bourrasques véhémentes du vent. Elle ne vit pas Elizabeth allongée aux côtés de son amant, sa main accrochée au poignard qui l'avait condamné. Elle ne l'entendit pas pleurer, prier le Seigneur pour qu'il la rejoigne et qu'ils vivent ensemble pour l'éternité. Elle ne vit jamais l'âme de Thomas s'élever et embrasser celle d'Elizabeth, unis par un amour éternel. On enterra le corps dans le caveau familial, loin de Haunsford et de tous ses malheurs, mais son esprit, lui, était resté là-bas.
La légende dit que deux amants maudits dansent toujours dans le manoir de Haunsford, sur une valse inlassable et éternelle. D'un côté, une femme d'une beauté éblouissante aux yeux de glace, et de l'autre, un jeune homme aux cheveux plus noirs que son regard passionné. Ils devinrent le spectre de l'amour éternel, virevoltant sous de beaux flocons d'hiver, source d'inspiration à une vieille chanson du Derbyshire :
Entre les douces volutes de fumée,
Elle apparaissait, douce, légère,
Ses yeux aux pupilles d'eau glacée,
Fixaient les étoiles des éthers.
Son corps semblable à du marbre poli,
Elle tremblait sous la froideur de la pierre
Ô pourquoi donc un visage si joli,
Devait-il être la proie du terrible Enfer ?
La voilà figée, immobile, souffrante,
Son sang qui s'éparpille dans la neige blanche
Et ses larmes qui coulent dans cette nuit lente,
Colorant les douces pétales des pervenches.
Et elle dansait, elle dansait la demoiselle de Haunsford
Entre les bras de son amant elle dansait,
Oui elle dansait, elle dansait la demoiselle de Haunsford,
Et sous les flocons d'une neige froide, elle mourait.
De son cœur meurtri et abîmé
Elle cherchait l'amour, un amour vrai
Pur, divin, passionné
Et elle dansait, elle dansait, elle dansait.
Ses longs doigts fins touchèrent le clavier
Et ses yeux transparents
Envoûtèrent du regard ô combien délibéré
Un jeune garçon d'une lointaine contrée.
Fou que deux âmes éprises
Aux cœurs unis par delà la vie,
Virevoltent d'une manière exquise
Sous le regard d'une nuit infinie.
Et elle dansait, elle dansait la demoiselle de Haunsford
Entre les bras de son amant elle dansait,
Oui elle dansait, elle dansait la demoiselle de Haunsford,
Et sous les flocons d'une neige froide, elle mourait.
Et elle dansait, elle dansait la demoiselle de Haunsford
Entre les bras de son amant elle dansait,
Oui elle dansait, elle dansait la demoiselle de Haunsford,
Et sous les flocons d'une neige froide, elle aimait.
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