Le chêne et le ruisseau
Moins d'une minute de lecture
Sous le souffle du vent, le bois courbait l'échine.
Des feuilles mordorées, là-haut, battaient des ailes.
Le givre dessinait des runes éternelles
et enserrait les troncs d'une étreinte assassine.
Le ruisseau gargouillait une chanson futile,
ses rives revêtues d'une écharpe de laine,
dans le flou souvenir de l'époque lointaine
où dans son flanc nageaient quelques formes graciles.
Un soldat, adossé sous les branches d'un chêne,
paraissait contempler ce spectacle subtil,
de ses yeux révulsés, paupières immobiles.
Une épée ébréchée, redoutable et hautaine,
veillait à son côté, réfrénant son courroux.
Une larme glacée rougeoyait sur sa joue.
Annotations