Sur la route
“Vous pensez qu’on les trouvera ?”
Je ne lui réponds pas alors qu’on fonce sur les lieux que l’autre nous a indiqué. Il sent encore le p’tit lait qu’on sert en école de Police. Pas la tête à discuter avec un poulet. La voiture roule à vive allure entre quelques voitures sur la chaussée. Une seule chose dans ma tête : retrouver ces mômes. En regardant le rétroviseur, je me rends compte que Nickolls n’a pas envoyé de seconde équipe. Bizarre. Non. Ils me savent fiable. Nathan me fait de la peine. “Tu t’es bien débrouillé tout seul.” C’est faux, mais il me fait vraiment de la peine.
“Merci monsieur.”
On passe sur Elm Street, je tourne sur Plackard Avenue et je fonce vers la côte. La forêt se trouve tout au bout. Là où personne ne vous entend hurler.
Je me mets à avoir des flash de ce charlatan de psychologue qui a osculté le meurtrier...
“Cet homme est malade monsieur.”
Sombre connard. S’il me dit qu’il faut l’excuser je lui casse le nez. Après avoir ouvert l’arcade du “malade”, je me fais sermonner par le doc. Nicholls m’a déjà fait la morale. Maintenant c’est au médecin. Ou psy, ou...peu importe.
“Cet homme est…” Un meurtrier. “...malade monsieur. Il doit recevoir…” Une rafale de coups pour ce qu’il a fait. “...un traitement adapté qui calmeront son comportement monstrueux. Le tabasser ne servira qu’à…” Savoir où est-ce qu’il a pu cacher treize gosses cette année. “...aggraver sa situation. Ce que vous avez fait est…” Admirable parce qu’il n’y a que moi qui puisse semble réellement s’en soucier. “...inacceptable ! Une maladie se doit d’être soigné monsieur.”
Trop c’est trop. Je me lève et colle mon front contre le sien. “Ecoutes-moi charlatan. Schizo ou autre je m’en cogne t’entends ? Ce qu’on a là-bas c’est un foutu monstre. Tu sais ce que c’est un monstre ? Une bête ? Un démon ? Au lieu de te soucier de lui refiler de la médication à son comportement d'aliéné, tu ferais mieux de te soucier des treizes mômes qui ont vécu l’Enfer !” Avant que je ne lui cogne mon poing à la figure, Marlena se met entre nous deux. Elle a observé pendant tout ce temps. Le doc recule, les larmes au yeux et retourne dans sa tanière.
“Vous l’avez traumatisé je crois.” Fais Marlena. Elle est magnifique Marlena. Car elle pense comme moi. Mais peu importe. “On les retrouvera vous en faites pas.
- Un monstre. C’est un monstre et on le garde sous notre toit. Il sera logé, nourri, jusqu’à ce qu’il parle. Et même après, le doc a raison. Il sera aidé, logé et nourri. Tandis que treize gamins de six à dix ans sont pris en otage.”
Elle me sourit.
Le flash prend fin...dans la caisse, le nouveau me harcèle.
“Si on les retrouve, ça sera pas en un seul morceau.”
J’ai finalement parlé. Je me retrouve à répondre au bizu. Peut-être parce qu’il n’est pas encore endoctriné par ce système pourri. “Vous croyez monsieur ?
- Tu peux en être certain.
- Selon toi, quelles sont les motivations qu’un monstre pareil peut avoir ? A quoi pense un monstre ? Une bête sauvage, pire qu’un animal, qui détient les idées les plus sombres que même tes pires cauchemars ne peuvent imaginer ?”
La lourde pluie cogne contre le pare-brise tandis qu’on se faufile entre les véhicules.
“Fais un effort petit. C’est en te mettant à la place des monstres que tu seras efficace.
- Eh bien....Il doit vouloir faire souffrir. Il doit aimer cela. J’imagine. Mais sa schizo…
- Que dalle ! Y a aucune maladie petit. Y a que les faits qui tiennent la route. Et dans ce cas, la dignité et la vie de dizaines de garçons et de filles sont mises en jeu. Voilà les faits. Et pourtant c’est moi qu’ils prennent pour une bête enragée là-bas. Mais je vais te dire ce que mes motivations seraient si j’étais comme lui. Si je suis le monstre, je veux faire le mal. C’est soit noir, soit blanc petit, crois-moi. Et dans ce cas, je ferais le Mal.
- Mais il...il dit que quelque chose lui demande de faire ça.
- Conneries.
- Il dit que le “Il” lui ordonne de faire ça.
- Conneries.”
A mesure que je réfute ses arguments, je me souviens de la chambre du pédophile.
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