Boule à facettes
Arrivant dans un son strident, la rame de métro dégueule ses passager avant d'en ravaler.
La jeune femme se transforme en félin, comme tous les soirs et tous les matins.
Colmatée entre deux aisselles visiblement là depuis un long moment, elle fronce le nez, à l'odeur certainement.
À droite, c'est un poumon qui expire son dernier soupir.
À gauche, c'est un nez qui renifle pour ne rien laisser filer.
Entourée de bactéries, elle ferme les yeux et laisse s'échapper une prière pour sa survie.
La nature aimant l'équilibre, monte alors une femme à l'esprit bien libre.
" Les femmes moches ne peuvent briller ! Seules les belles femmes peuvent briller" !
D'un œil circonspect, le jeune femme observe sa consœur au curieux aspect.
"Tu te crois belle ? Elle se crois belle ! "
Prise à partie, la jeune femme reste bouche bée de cette ironie.
Car il faut bien dire que la femme n'a rien d'une beauté,
Tout en argenté habillée,
Rien ne cache malgré tout
Son être ravagé de bout en bout.
Bottines argenté, jupe argentée, doudoune argentée, il n'est pas besoin de préciser la couleur des pinces dans ses cheveux, vous l'aurez deviné. Oui, elles sont aussi argentées.
Dans cette rame morne et malade, un instant de vie a retenti,
Pour quelques secondes la jeune femme n'a plu pensé
Ni aux microbes ni aux odeurs des corps ayant trop chauffés.
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