La fille de tous les jours-one page

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La fille de tous les jours prend le métro comme tous les matins. Elle va à son travail qui ne la convainc pas. Tous les matins, des musiques différentes : électro, de l'alternatif français, musiques qui romantisent la dépression, musiques qui la poussent pour lui donner cette énergie qu’elle ne sait plus où mettre.

Elle arrive à ce travail qui ne lui déplait pas. Mais qui manque terriblement de sens, seulement ce travail est stimulant de temps en temps. C’est son premier travail. Elle peine à s’affirmer et commet surement les erreurs de ceux qui commencent : poser trop de questions, ne pas poser les bonnes questions, trop montrer ce qu’il ne faut pas, et laisser quelques émotions dépassées comme ces erreurs vestimentaires, subtiles, mais suffisantes pour être remarquées.

Elle regarde parfois par la fenêtre et songe au voyage. L’Europe de L’Est. Un retour en Allemagne. Ou le Maroc. Ou encore plus loin, le Brésil, l’Indonésie, le Chili. Tout quitter, tout recommencer, encore une fois. Il lui semble qu’à part sa famille, plus rien ne la retient à Paris. Mais les nouveaux départs, elle en a déjà trop fait, et il est temps de se poser lui dit-on. Le temps de la vraie stabilité, du premier boulot, le temps des responsabilités, lui dit-on encore.

Puis, ses courtes rêveries sont interrompues par l’appel du manager, qui lui rappelle qu’elle doit encore valider sa période d’essai. Faire ceci, faire cela, être un pion dans l’imaginaire de l’autre. Faire des choses qui n’ont pas de sens pour satisfaire l’égo de l’autre et se faire valider. Quelle est l’ironie de cela ? Faire des présentations et des projets insensés pour exister seulement dans l’imaginaire de l’autre ? Ne pas voir son propre impact sur le monde, mais seulement travailler pour être validé par des égos qui se bousculent pour le dernier mot ?

Le soir, elle reprend le métro comme ces autres personnages vagabondant à la quête de quelque chose. Un verre, un amant, un lit, un autre rdv ou un sens à la vie.

Il y a du mouvement autour d’elle. Les formes s’empressent d’atteindre leur prochaine destination. Elle, elle se sent invisible dans cette foule dansante et oppressante. Elle se sent minuscule malgré sa grande taille, mais elle navigue comme ces autres formes vers le début de la soirée, pour tenter, encore, d’oublier la journée. Comme chaque soir, l’angoisse monte et reste bloquée dans sa gorge. Il lui faudra attendre sa destination, pour l’évacuer en écrivant puis en se touchant pour faire disparaitre cette angoisse qui réapparaitra surement le lendemain.

C’est la fille de tous les jours. Un bar, un soir. Une bonne nuit un autre. Un livre, le matin, une larme le soir. Angoissée, pleine d’espoir, terrifiée de tout et pleine de bonne volonté, et pourtant ne savant où mettre les pieds.

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