Chapitre 3
— Aaaaaargh ! se lamenta Sonia en se laissant tomber en arrière sur son lit. J’aurais jamais mon BAC ! Je hais les maths !
Océane ricana.
— Il y a une heure, c’était la bio que tu détestais !
— Bonnet blanc et blanc bonnet ! C’est la même torture pour moi ! Qui a eu cette idée saugrenue de mélanger les chiffres et les lettres ? Et en quoi cela me sera-t-il utile de savoir faire de tels calculs pour acheter du pain ?
— Mmmh… Peut-être dans le métier qui te permettra de gagner assez d’argent pour acheter du pain ?
Sonia dévisagea son amie d’un air boudeur.
— Mouais… Tu parles pour toi ! Je suis nulle avec tous ces trucs, je n’en aurais pas besoin pour être fleuriste !
— Je plains tes clients alors ! Si tu… hé !
Sonia ne lui laissa pas le loisir de finir sa phrase et l’attaqua sauvagement à coups de coussin.
— Fais attention ! Tu vas mélanger tous les devoirs ! tenta vainement Océane, mais son attaquante n’avait que faire de ses suppliques et redoubla ses coups.
C’est le moment que choisit Maxime pour rentrer dans la chambre.
— À table les boudins ! Oh… Je vois que ça bosse dur ! Pas étonnant que tu ne décroches pas mieux qu’un 9 à tes devoirs de math… se moqua-t-il ouvertement avec arrogance.
— Dégage crétin ! » ragea Sonia en jetant son oreiller vers son frère qui esquiva aisément le terrible projectile, avant de sortir, un sourire satisfait sur les lèvres. « Et frappe à la porte la prochaine fois avant d’entrer ! » hurla-t-elle à la porte, sous le regard rieur d’Océane. « Et toi, ne te marre pas ! Ce n’est pas sympa ! J’ai vraiment du mal à croire que ce malotru est mon frère des fois…
— Et pourtant on a bien vérifié l’acte de naissance : authentique !
Sonia pouffa de rire et se détendit. Elles avaient effectivement fait une « enquête » pour vérifier le pédigrée du jeune homme un été où elles s’ennuyaient et où ce dernier avait été particulièrement mesquin vis-à-vis de sa sœur.
— Bon, viens manger ! Avant que cet idiot ne vide les plats !
— C’est gentil, mais je vais ranger mes affaires et rentrer, je n’avais pas vu l’heure...
— Non ! Pas encore ! Reste manger avec nous ! Tu sais bien que tu es la bienvenue ici !
Océane offrit un sourire contrit à son amie. Oui, elle était la bienvenue, c’était du moins son ressenti quand elle croisait le regard bienveillant de Sonia ou de sa mère, Sofines… Il n’en était pas de même dans l’attitude de Maxime ou dans le regard de leur père, Rafael. Si Sonia était le portrait craché de sa mère, tant dans ses traits de visage, que dans sa bienveillance, Maxime semblait avoir hérité de tous les traits de caractère les plus détestables de son père : hautain, condescendant et méprisant envers les personnes issues des « classes ouvrières ».
— Oui, je sais…. Mais je dois aider Oma à la maison.
La réponse que s’apprêtait à donner Sonia mourut dans sa gorge. Cet argument faisait mouche à chaque fois.
— Mouais… Cette excuse ne te sauvera pas toujours, lâcheuse !
Océane se pinça les lèvres d’avoir été découverte. Elle se concentra sur le rangement des cahiers et des feuilles de révisions qui couvraient le lit et une partie du sol de la chambre.
— Je vais devoir endurer les moqueries de l’autre andouille toute seule ! bougonna Sonia en lui tendant une fiche bristol de chimie organique.
— C’est pas comme si tu n’avais pas un entraînement de plusieurs années !
Face au mutisme et à la moue de son amie, elle reprit d’un ton plus doux.
— On se voit demain pour l’histoire-géo ?
—…
— Je prends ça pour un « oui » ?
— Seulement si tu restes manger ce soir.
L’intéressée soupira, ses épaules s’affaissèrent et plusieurs feuilles profitèrent de ce relâchement pour s’échapper de ses mains.
— Quoi ? C’est si désagréable que ça de manger chez nous ?
Cette fois, une irritation sincère perçait dans la voix de la jeune fille, Océane se ressaisit aussitôt.
— Non ! Non, du tout ! C’est juste que c’est gênant… Tu sais…
Elle se désigna du doigt puis son amie pour finir par écarter les bras au-dessus d’elle pour désigner la demeure. Face à l’incompréhension de la jolie brune, elle chercha ses mots.
— Tu seras toujours ma meilleure amie, mais on n’est pas du même monde et…
— Et quoi ? Est-ce que tu me vois faire des manières quand je mange chez toi ? Ou même quand on aide Oma à faire la vaisselle ?
— Non…
— Non ! Alors tu arrêtes tes manières et tu viens supporter mon frère avec moi à table !
Sonia ne laissa pas son amie trouver une quelconque réplique à cette affirmation et quitta la chambre d’un pas déterminé, ne laissant aucun autre choix à Océane que de la suivre.
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