Chapitre 7

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La semaine passa vite, Sonia rata avec brio ses épreuves, mais seules elle et Océane le savaient. « C’est plus dur qu’il n’y paraît de mettre quelque chose de faux quand tu connais la bonne réponse ! » s’était même plainte la future redoublante.

Anika offrit un sac de couchage neuf à sa petite-fille et la veille du départ, elles firent quelques courses, cela gênait énormément Océane de générer autant de dépenses pour elle, mais elle n’arrivait pas non plus à se résoudre à partir camper sans rien apporter. Le soir venu, elle se tenait dans le petit salon, vérifiant son package.

— Alors j’ai l’eau, la viande assaisonnée sous vide, l…

— Tu me fais goûter ? demanda innocemment sa plus jeune soeur en regardant l’emballage.

— Non, Diane…

La petite fit la moue, offensée. Océane soupira.

— Tu sais, ce n’est pas très bon ! Je vais devoir manger ça pendant que Oma vous fait de vrais bons petits plats !

— Ils n’avaient pas chassé des lapins et pêché les dernières fois où tu y as été ? questionna Daphné en entrant dans la pièce.

Océane la laissa fouiller dans le sac pour regarder son contenu.

— Si, précisément… c’était pas fameux… confia-t-elle en faisant la moue. Arrête de tout toucher ! J’ai tout plié pour que ça rentre !

— Eh ! Mais t’as aussi des gâteaux et des bonbons ! Oh ceux-là sont trop bons ! Oma n’en achète jamais, je peux en prendre un ou deux steuplait ?

— Oh oui ! Oui ! Steuplait ! renchérit Diane.

Océane soupira, une partie d’elle ne voyait rien de mal à partager, mais l’autre se sentait oppressée et lasse de toujours devoir penser aux autres, de ne rien avoir pour elle : ni future, ni loisir, ni friandise… Elle allait céder, une fois de plus, mais Anika s’interposa.

— Les filles, laissez votre sœur tranquille ! Je vous achèterai des bonbons une prochaine fois ! Allez !

Daphné abandonna en première, suivie de la cadette qui ronchonnait.

— Allez dans la cuisine, le repas va être servi, mettez donc le couvert ! J’ai encore quelque chose à voir avec votre sœur.

Océane referma son sac et regarda sa grand-mère avec curiosité, cette dernière tenait deux paquets emballés, un petit et un plus gros. Océane commença à paniquer intérieurement sur les dépenses faites par sa grand-mère, cette dernière du le percevoir dans son regard, car elle tendit une main devant elle et entreprit de la rassurer.

— Ne t’inquiète, pas mein Schatz ! Je n’ai pas fait de dépense qui risque de nous empêcher de manger correctement ; je ne t’ai pas attendu pour apprendre à gérer un budget, tu sais !

Océane eut un sourire presque gêné et baissa brièvement les yeux à cette remarque. La vieille femme vérifia que ses autres petites filles n’avaient pas d’oreille qui traîne et reporta son attention sur la jeune femme face à elle.

— J’ai bien conscience du sacrifice que tu fais pour tes sœurs, pour moi, à cause de moi.

Voyant Océane prête à protester, elle leva un doigt autoritaire, l’empêchant de l’interrompre.

— Et je m’en veux de ne pas pouvoir t’offrir l’avenir que tu mérites, même si je sais que tu as les moyens de très bien t’en sortir avec ta force et ton intelligence. C’est pourquoi je veux que tu profites de la semaine à venir et même de la fin du mois avant de faire une croix sur ton adolescence. Et pour cela, je t’ai trouvé ces petites choses… Considère-les comme des cadeaux pour ton bac et un rappel : celui de vivre aussi pour toi et tes passions. Tiens, ouvre !

Elle lui tendit les deux paquets. Océane se mordit la lèvre supérieure tout en se saisissant des présents. Elle ouvrit le plus petit : une longue-vue. Elle exulta.

— Oma ! Mais ça a dû te coûter une fortune ! Elle est superbe !

La jeune fille l’examina aussitôt sous toutes les coutures et l’essaya pour évaluer son grossissement. La grand-mère sourit, heureuse d’avoir vu juste.

— C’est un petit modèle, je mets de côté depuis quelque temps déjà ! Tu pourras admirer les oiseaux autant que tu veux avec elle !

Océane posa délicatement son nouvel outil sur la table basse et embrassa vivement son aïeule.

— Merci, merci !

— Ouvre l’autre, ma chérie !

Le cœur battant, Océane déballa le second paquet et découvrit un ensemble de cahiers de croquis, de papier de haute qualité, une boîte en bois avec crayons, fusain, gomme mie de pain et autres accessoires ainsi qu’une boîte de crayon de couleur de qualité supérieure. Émue au-delà du possible, Océane bascula la tête en arrière, essayant vainement de retenir ses larmes. Anika prit les présents de ses mains pour les poser à côté de la longue-vue, avant de prendre sa petite-fille dans ses bras.

Océane serra fort sa grand-mère, plongeant sa tête dans son cou, se laissant bercer par ses mots doux, emportée par son parfum de rose poudré qu’elle aimait tant. Si l’allemand était une langue dure pour certains, pour Océane, il s’agissait de la langue la plus douce qui soit, c’était celle qu’utilisait sa grand-mère pour la rassurer, pour l’encourager, pour lui dire combien elle l’aimait.

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