Chapitre 1
Elle
- Saphir, baisse toi !
- Malo ! Non ! Je t’en supplie court, vas t’en !
- Non, pas sans toi.
- Sauve ta vie tant que tu as encore le temps.
- Saphir ?
- Oui
- Je t’aime, n’oublie jamais ça.
Sur ces mots d’amour je vois l’homme de ma vie s’éloigner et pour la première fois depuis des années, je fond en larmes. Non pas à cause des bombes qui m’entourent mais parce que je sais que c’est fini. Je vais mourir au milieu des cadavres, comme une lâche qui n’a même pas réussi à sauver sa propre famille. Tout ce que j’espère c’est que Malo arrivera à rejoindre un bunker et aura une vie heureuse, sans moi.
Je ressasse maintenant les meilleurs moments de ma vie, mais aussi les plus tristes. Je ferme les paupières et espère ne plus avoir à les ouvrir à nouveau. De toute façon, dans quelques minutes la pierre qui me bloque le cou me passera la carotide et je succomberais comme les 600 milliards d’humains morts durant ces trois derniers mois. J’ouvre une dernière fois les yeux et je te vois, toi, Lui ! Mon premier amour, mon meilleur ami, mon confident. Le seul qui a su m’aimer pour la personne que je suis vraiment : Saphir, une fille de sa classe, des fois ringarde, des fois sympa. Discrète en publique mais complètement folle en compagnie de ses amies. La seule qui donne les bonnes réponses en cours de maths, la brune aux yeux marrons qui passe son temps à rigoler. Ouais, cette fille, c’est moi ! A cet instant, je ne pense ni à mes yeux, ni à mon image. Je ne pense pas non plus aux passionnants cours de mathématiques, à cet instant, je pense à toi. Tu cours vers moi en évitant les dernières grenades qui explosent derrière toi. Tu cours vers moi alors que je te supplie de faire demi tour, tu n’as toujours pas compris que tu ne peux plus me sauver et là tu fais le con à jouer les princes charmants. Si tu meurs, je t’en voudrais à vie.
- Saphir, il faut qu’on parte, je sais où l’on peut aller.
En ce moment, je ne sais pas comment faire pour me retenir de lui crier dessus.
- Malo, tu ne peux PAS me sauver. Si tu arrives à soulever ce gros cailloux, l'hémorragie se fera encore plus abondante. La pierre m’a brisé la carotide, je ne peux pas survivre. Mais toi, survis pour moi. Tu pourras encore te souvenir de notre histoire dans quelques années. Tu vivras une vie normale, avec une femme que tu aimes et peut-etre même des enfants. Tu te lèveras chaque matin pour aller travailler et un jour, en rentrant du travail, ton fils te demandera “ papa, comment c’était ton premier amour ?” et tu penseras à moi, tu lui raconteras notre histoire et tu lui dira qu’il faut profiter de la vie tant qu’il en est encore temps.
- Ca c’est sûr, je ne pourrais jamais t’oublier Saphir.
- Alors si tu m'aimes, promets- moi une chose.
- Tout ce que tu veux. Dit il les larmes aux yeux.
- Promets- moi de refaire ta vie et de t’amuser.
- C’est promis.
Sur ces derniers mots tu essaies de poser un baiser sur mes lèvres mais je te repousse, je n’ai pas envie d’avoir de longs adieux déchirants sachant que je me sens déja morte, alors tu te contente d’un léger- et délicieux- baiser sur mon front, tu me regardes, tes yeux bleus remplis d’un mélange d’amour, de haine et de tristesse posés sur les miens mis-clos. Et tu prononces ces mots, sûrement les derniers que j’entendrais.
- Je t’ai… euh, au revoir.
Puis tu pars, tu cours et tu me jette un dernier regard. C’est à cause de ce dernier regard que je me suis mise à te haïr, en me regardant tu n’aperçoit pas l’homme cagoulé qui se place devant toi, comme tu me regardes, tu ne le vois pas et… Plus rien. La balle te percute en pleine tête, elle traverse ton crâne, tu tombes, tes yeux bleu clair restent fixés sur moi et je jure à moi-même de rester en vie, pour ne pas avoir une mort plus lâche que la tienne. Je me jure que si tu étais en vie je te tuerais, toi, l’homme de ma vie, enfin c’est je que croyais. Tu es mort pour moi, alors je vivrai pour ta mort !
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