Le barral

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  «Approche Grenn, ton heure est arrivée..."

  Je m'approchai de l'homme encapuchonné, sa tenue était noire comme la nuit, l'acier de sa maille l'était tout autant. Il ouvrit la grande porte en chêne qui se trouvait derrière lui et me fit entrer dans une salle grise, dans laquelle, seules quelques lueurs bleues provenant de l'extérieur, traversant de petites fentes dans les murs de pierres, éclairaient la pièce. Au centre de celle-ci, on pouvait y trouver un petit autel, sur lequel il y avait un objet qui y était posé. Nous nous approchâmes de celui-ci et mon guide me permit de l'observer de plus près. Il s'agissait de vieux osselets, provenant d'une petite main, elle devait être celle d'un enfant :

  «Quel est cet objet ? Pourquoi l'exposer ici ?

  • ça? Mais c'est la main du roi ! Je vois que l'éducation de Vivesaigues n'est pas aussi bonne que ce que l'on dit !
  • Mais... Pourquoi est-elle si petite?
  • Car il s'agit de la main d'un nain, c'est ce qu'on dit... Il s'appelait Toryn... nan, Tyrion... Tyrion Lannister! Tu ne dois sûrement pas connaître cette maison, il n'en reste que des cendres, ce que l'on appelait autrefois les Terres de l'ouest, et aujourd'hui les Terres Cendrés était leur territoire. Ils sont tous morts, c'était y a quoi ? deux cents ans à tout casser !
  • Et pourquoi cette main est ici ?
  • Car ce nain était la main du roi, son conseiller le plus proche, il a juré de l'être jusqu'à la fin de sa vie, voilà pourquoi cette main est ici. Tu poses beaucoup trop de questions, nous allons continuer si tu veux bien, j'aimerais pouvoir manger avant Minuit.»

  J'acquiesçai d'un signe de la tête, et nous continuâmes notre marche dans un couloir qui était situé de l'autre côté de la pièce. Au fur et à mesure que nous avancions, il faisait de plus en plus froid, ce qui était accentué par un vent tout aussi froid qui venait nous pincer la peau. Il y avait également ces racines qui semblaient provenir du fond de ce couloir, elles étaient blanches, d'un blanc qui pouvait presque faire penser à un os. Pour finir, ce sont quelques chuchotements qui commencèrent à attirer mon attention, ils étaient légers, lointains, j'essayais de comprendre ce qu'ils voulaient dire, mais ce n'était pas perceptible. Nous arrivâmes finalement dans la salle d'où provenaient ces innombrables racines, tellement nombreuses qu'elles constituaient à présent le sol de la pièce qui avait des allures de grottes, dont le plafond devait culminer à une vingtaine de mètres au-dessus de nos têtes. Au centre de celle-ci, se trouvait un Barral, son tronc était du même blanc que ses racines, et était taillé sur celui-ci un visage étrange, presque terrifiant et qui semblait me regarder, mais encore plus que ça, il semblait regarder à l'intérieur de moi, comme s'il savait tout de moi. Cette impression était bien loin d'être anodine.

  L'homme encapuchonné s'arrêta devant le visage et se mit à genoux, je fis de même et il sembla chuchoter quelque chose, Ai-t'il prêt ? En êtes-vous sûr ? Est-ce bien lui que je devais chercher? , C'étaient les seules choses que j'avais réussi à comprendre. Un petit doute commença à m'envahir, car on m'avait annoncé la raison de ma présence en ces lieux aujourd'hui, raison qui avait rendu mon père fier de moi, mais est-ce que cela ne pourrait être que foutaises ? L'homme fouilla au pied de l'arbre et trouva un mortier et un pilon, ainsi qu'une poignée de ce qui ressemblait à des germes d'un arbre. Il commença à moudre celle-ci puis, une fois qu'il eut fini son oeuvre, il se leva et m'ordonna de faire de même. Il se tourna vers moi et me donna le mortier dans lequel se trouvait une espèce de pâte blanche dans laquelle on retrouvait des petits filaments rouges, semblables à des veines. L'encapuchonné me regarda droit dans les yeux et me dit :

  « Tu sais ce que tu as à faire, une fois que ce sera fait, tu devras avaler la pâte, et libérer ton esprit.

  • Et si je ne veux pas le faire ?
  • C'est un ordre de ton roi, ne m'oblige pas à te forcer, me dit-il tout en dégainant son épée »

  J'avalais ma salive et raclai ensuite ma gorge, avant de prêter serment :

La nuit se regroupe, et voici que débute ma garde. Jusqu’à ma mort, je la monterai. Je ne prendrai femme, ne tiendrai terre, n’engendrerai. Je ne porterai de couronne, n’acquerrai de gloire. Je vivrai et mourrai à mon poste. Je suis l’épée dans les ténèbres. Je suis le veilleur aux remparts. Je suis le feu qui flambe contre le froid, la lumière qui rallume l’aube, le cor qui secoue les dormeurs, le bouclier protecteur des royaumes humains. Je voue mon existence et mon honneur à la Garde de Nuit, je les lui voue pour cette nuit-ci comme pour toutes les nuits à venir.

Puis je mangeais la pâte.

  Je commençais à m'étouffer avec celle-ci, avant de sentir mon corps entrer dans une transe, je n'avais jamais senti une pareille sensation, ce n'était pas humain. L'espace d'un instant, je me suis trouvé sur une place, dans une ville que je ne connaissais pas, il semblait y faire très chaud, plus chaud que là d'où je viens en tout cas... Je voyais au loin les flammes venant d'une créature volante, était-ce un dragon ? Et puis mes yeux se rouvrirent, je n'étais plus au même endroit dans la pièce, j'avais été transporté de l'autre côté de l'arbre où siégeait un homme, enfin, il n'était pas plus âgé que moi, il me regardait d'un regard froid, sans vie, j'aurais presque pu imaginer qu'il était mort, mais ce n'était pas le cas, car il me dit d'une voix qui ne laissait transparaitre aucune émotion humaine:

  « Grenn, de la maison Tully. Cela faisait longtemps que j'attendais votre visite.»

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