Partie 2 : Renaissance (3/3) [Premier jet]
/ ! \ Il s'agit d'un premier jet. Les formulations et les idées sont probablement bancales
Pénétrant dans la fusée, elle se dirigea immédiatement vers une échelle menant jusqu’au poste de commandement auxiliaire. Mallette à l’avant-bras, pistolet en bandoulière sous l'épaule, elle grimpa péniblement la centaine de barres pour atteindre le sommet du vaisseau. Une fois en haut, elle franchit un petit hall cylindrique donnant accès à plusieurs compartiments, elle activa une lourde porte puis entra, haletante en raison de la pénible ascension jusqu’à la salle. Une fois à l’intérieur, une lumière tamisée jaillie de plusieurs bandes horizontales bleues marines incrustées dans les murs. Elles évoquaient un ornement scintillant de lapis-lazuli destiné à sublimer les parois de ce poste de navigation.
Aria parcouru du regard cette antichambre séparant la console de navigation de l’entrée par deux murs de verre feuilletés épais de plusieurs centimètres avec, en leur milieu, un panneau coulissant en titane permettant de protéger la cabine de toute tentative d’intrusion ou d’impact extérieur. Un poids énorme pour s’extirper de l'atmosphère mais visiblement accepté pour parer à toute éventualité et protéger le pilote contre tout imprévu lors des longs voyages. S'approchant de l’entrée cylindrique d’un mètre de diamètre conçue pour l’apesanteur et qui gardait la zone inviolable, elle se soumit à nouveau à un scanner biométrique pour laisser le passage se séparer verticalement en deux. Elle l’enjamba difficilement. Le terminal quantique avait fait son travail et elle était désormais reconnue comme la pilote du monstre d’acier.
Le passage se referma immédiatement après qu’elle l’eut franchie. Aux côtés d’une grande console, figurait un cylindre qui se mit en route. Il apparut alors, dans un amas de faisceaux de lumière bleue et blanche, un hologramme ressemblant à un androïde humanoïde féminin. Elle laissa tomber son casque, déposa sa mallette, son Fauchon-Villeplée et s’installa au poste de commandement. Un seul siège. Aria n’en revenait pas qu’un seul pilote suffisait pour manœuvrer un tel engin tant les calculs et les paramètres de navigation et de gestion s’avéraient complexes même avec l’assistance d’une intelligence artificielle. Elle avait en effet appris qu’un équipage de vaisseau d’exploration se composait normalement au minimum de cinq personnes. Cette information n’avait pas été incluse dans les documents qu’elle avait parcourus. Malgré la surprise passagère cela la réconforta et augmentait sensiblement les chances de réussite d’une telle entreprise. La voix de femme de l’assistance du vaisseau, si naturelle, fit sursauter Aria qui n’était habituée qu’aux sons monocordes et numériques des intelligences artificielles qu’elle avait rencontré jusqu’alors. Les règles de l’ERHK obligeaient à rendre impossible la confusion.
ㅡ Bienvenue Commandante Aria Von Michteschen, je suis votre assistante Sol. La phase de décollage s’exécutera dans dix minutes. Nous atteindrons l'orbite en huit minutes puis nous entamerons une manœuvre d’accélération pour nous aligner sur la vitesse relative de la cible que nous atteindrons dans un temps estimé de deux heures.
Aria s’afférait à rapidement se connecter sur le panneau de commandement central de la machine. Tout semblait pour elle si proche de ce qu’elle avait appris des vaisseaux Hope à l’Académie centrale. Les différents indicateurs, la table de navigation, l’assistance de calcul de trajectoire, la gestion des systèmes de survie, le plan de compartimentage des espaces du vaisseau. Tout y était mais sur un seul grand espace. Elle constata que le remplissage et le refroidissement des réservoirs accueillant le liquide cryogénique était déjà en cours et à une vitesse importante. Son regard se détourna prestement vers l’image projetée avant de se remettre dans ses calculs.
Une fois familiarisée aux différentes interfaces, de quelques mouvements de mains elle se rendit sur le panneau de gestion de Sol.
ㅡ Sol, situation d’urgence. Télécharge les codes d’accès depuis le terminal branché dans la base. Je demande l’accès Opérateur zéro immédiatement.
L'androïde virtuel frétilla un infime instant avant que différentes informations n’apparaissent sur l’écran. “Aria Von Mischtechen, Commandante d’escouade aérospatiale, Pilote du Corps du Salut de l’Humanité, trente-deux ans” ainsi qu’une image récente d’elle. Telles étaient les informations essentielles, le reste était composé d’une myriade de données : ses différentes notations, ses qualifications, ses aptitudes, ses hauts-faits, etc.
ㅡ Aria Von Mischetechen, vous êtes désormais l’opérateur zéro du vaisseau. Accès à l’ensemble des fonctions autorisées.
La pilote d’exploration rentrait dans le cœur du programme d’assistance de nouvelles règles, elle hésitait un dernier instant, son index tremblant devant ce nouvel acte immuable.
(Seule je deviendrais folle, je dois le faire, je n'ai pas le choix, je dois ne pas être seule !)
Ses pensées, qui avaient mûries durant cette longue nuit blanche étaient désormais claires, elle ne voyagerait pas seule et pour le renouveau de l'humanité il fallait prévoir plus large que cela. Posséder une vision globale, une vision du futur.
(Trouver une planète pourrait me prendre des siècles, un millénaire à errer dans l'espace de système stellaire en système stellaire, seule que vais-je faire ? Si il m'arrive quoi que ce soit ce sera la fin, tout sera perdu, ... l'humanité serait perdue et il y a autre chose. Je dois utiliser l’espoir.)
Ses yeux s'écarquillèrent, mais elle réalisait un calcul purement pragmatique et rationnel tandis que l'hologramme de Sol disparaissait un instant puis réapparaissait. Elle avait appuyé et la règle s’était implantée dans l’intelligence artificielle dans un bruit aiguë perdurant plusieurs secondes et forçant Aria à se couvrir les oreilles.
ㅡ Qui sers-tu Sol ?
Sol grésilla un instant de plus, le temps que les nouvelles règles s'inscrivent parfaitement dans son cœur et se propage dans l'ensemble de son programme.
ㅡ Je sers… Aria.
Puis, certaine d'avoir terminé les préparatifs, elle commença une longue check-list qu’elle énonça à voix haute tandis que le vaisseau débutait son ascension vers la surface. Le contrôle de l’étanchéité de l’ensemble du vaisseau, le contrôle de l’orientabilité des propulseurs, le fonctionne des systèmes de survie et le contrôle de la bonne oxygénation de l’ensemble des parties habitables du vaisseau, le contrôle des systèmes de propulsion à ergol et des systèmes de séparation, du refroidissement du carburant et de toutes autres considérations allant jusqu’à s’assurer que les antennes et les panneaux photovoltaïques étaient bien rétractées et scellées derrière des plaques de protection. Elle concentra ensuite ses efforts sur le contrôle du réacteur à fusion, véritable miracle technologique permettant de démultiplier la charge utile d’un vaisseau envoyé dans l’espace depuis la terre. Il utilisait une technique de propulsion nucléaire pulsée catalysée par antimatière là où les vaisseaux d’exploration de classe “Hope” utilisaient des moteurs à fusion par confinement magnétique, une autre révolution permise par le développement des bombes à antimatière lors de la course à l’armement précédant le début ce que l’on appelait aujourd’hui la “Grande guerre pour les cieux” et qui débuta en 2308. Elle focalisa particulièrement son attention sur le blindage et son état actuel qu’elle analysa, en plus des contrôles de Sol, sur son écran où elle fit apparaître leur plan ainsi que toutes les données de contrôle qui y étaient relatives. Cette technologie engendrerait un risque très important du fait des émissions de rayons gamma et neutronique : un danger potentiellement mortel pour l’ensemble des occupants. Aussi, le moteur avait été confiné dans une cuve énorme d’eau dont les parois étaient constituées de plaques de cuivre et de plomb de plusieurs dizaines de centimètres, elles-mêmes recouvertes d’un alliage de polyéthylène et de kevlar. Il en allait de même pour la structure du vaisseau composée en partie de ce même alliage pour protéger contre les rayonnements extérieurs. Dans la structure en orbite la plupart des quartiers d’habitation et de vie avait été l’objet de plus de précautions. Cela avait été notamment rendu possible par sa construction qui avait été réalisée directement en environnement zéro gravité, réduisant les considérations de charge utile à envoyer dans l’espace, les matériaux avaient été acheminés sur plusieurs années.
Sol répondait à chaque fois par "Prêt et fonctionnel" car à chaque demande elle conduisait une analyse de tout le système en quelques centièmes de seconde. Pendant ce temps, les combats s'étaient arrêtés sur la place, tous surpris de voir s'élever cet énorme cylindre du sol avec, pour tenant une énorme structure métallique. Quant à Aria, ce qui l’intriguait en observant la place sur son écran grâce à des caméras fichées sur le vaisseau, c'était d'avoir construit un tel monstre au sein même de la capitale. Comment comptaient-ils le déplacer s'ils avaient voulu le lancer vers l’espace avec le dôme au-dessus ? Plusieurs hypothèses surgirent dans son esprit, la plus probable étant que l’ERHK n’avait jamais anticipé que ce vaisseau un jour, prendrait son envol mais cela n’expliquait pas alors la construction de la seconde partie en orbite.
Une fois les cinquante premiers mètres d’ascension terminée, elle demanda à Sol d'arrêter temporairement le mécanisme d'élévation de l’engin jusqu’à son palier de tir.
ㅡ Sol ferme le poste de commandement auxiliaire, il ne doit s'ouvrir qu'après le premier saut et uniquement après, quoi qu'il arrive, quelle que soit ma situation, cet ordre est prioritaire, l'opératrice 0 est consciente des implications.
ㅡ Aria, veuillez confirmer l’ordre, je ne pourrais pas laisser agir des occupants de l’extérieur du poste si vous êtes dans un état critique.
Aria pesait rapidement le pour et le contre. Elle ne pouvait voyager seule mais elle n’avait pas le luxe de choisir quelles personnes l'accompagneraient dans ce périple Herculéen. Elle savait aussi que beaucoup rentrerait dans le vaisseau pour tenter de l’empêcher de le mettre à feu. Elle agrippa sa combinaison au niveau de sa cuisse et expira doucement l’air de sa bouche avant de reprendre la parole.
ㅡ L’opératrice 0 est consciente des implications.
Ces derniers mots étaient comme une sécurité supplémentaire pour demander une double confirmation d'un ordre supérieur pouvant mettre en danger l'utilisateur ou des occupants et dont l'intérêt en jeu obligea que l’humain prenne le contrôle pour exercer son jugement.
Une voix se fit entendre dans son oreillette tandis qu'elle commençait à s'équiper du casque de pilotage spécifique aux vaisseaux d'exploration. Englobant l’ensemble de son crâne, il permettait une amplification des sens de l'utilisateur tout en le plongeant dans un environnement virtuel. Comme une décharge d’électricité statique, son corps se raidit avant de s'affaisser sur le siège inconscient. Elle venait d’établir une connexion neuronale avec la machine.
ㅡ Ici… Mey… !
Aria se sentit légère, flottant dans une sphère virtuelle pas plus grande qu’une chambre. Des milliers d’informations se juxtaposaient sous ses yeux pour former des tableaux, des schémas, des panneaux de commandes, des graphiques, des modélisations en trois dimensions de certaines parties du vaisseau. Tout semblait prendre vie, comme des vaisseaux sanguins, les informations irriguaient les organes qui évoluaient en permanence et s’ajustaient mutuellement de concert pour tenter de créer une harmonie, un optimum de fonctionnement.
Se ressaisissant au bout de quelques secondes de temps virtuel mais qui constituait une fraction de seconde réelle, elle émit une pensée et un écran apparu de nulle part. En effet, la machine reliée au cerveau de l’utilisateur influençait grâce à des pulsations électriques résultant en l’intensification de l’activité cérébrale et en la stimulation de zones non actives pour démultiplier les flux cérébraux.
Elle activa un canal radio sécurisé utilisant des ondes à courte portée tout en communicant sur un canal crypté avec le capitaine Meyer pour qu’elle changea de fréquence. Elle augmenta aussi la puissance du signal pour contrecarrer toute tentative de brouillage. Elle devait faire vite car ses ennemis ne tarderaient pas à déchiffrer les communications et même si ce n’était pas le cas l’attention de toute la cité se déporterait sur elle et son titan d’acier. Mais avant toute réponse, elle procéda à l’ouverture du SAS donnant accès au vaisseau et au déploiement du ponton pour accéder au vaisseau. Lorsque le capitaine émit à nouveau sur les ondes radio, elle fut enfin clairement audible,
ㅡ Meyer à Black Eagle ! Que se passe-t-il ? Quel est ce vaisseau qui dépasse de la place ? Nous devions raser le complexe ! Ils domineront bientôt les airs !
ㅡ Black Eagle à Meyer. L’amiral Parmentier m’a confié la mission de faire décoller le Redemption. Je procède à la mise à feu dans dix minutes. Vous avez reçu vos ordres de Nowak, mais l’amiral a été clair, la machine doit s’envoler.
ㅡ L’amiral est mort ! La chaîne de commandement impose de répondre aux ordres du plus haut gradé et je n’ai aucune preuve de ce que vous avancez. Nowak m’a ordonné de vous abattre et la machine si elle venait à sortir, il vous a communiqué les ordres. Vous nous trahissez tous ! Le modèle de toute une génération de pilote.
Aria comprit qu’elle ne la raisonnerait probablement pas, elle ne souhaitait pas prendre de risque. Elle activa une communication multifréquence grâce aux transmetteurs du vaisseau.
ㅡ Eagle perd son aile.
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