6. Introduction
Janvier 2021
La peinture ne me suffit plus. Je dois écrire. J’ai envie d’écrire. Cette envie m’est irrésistible, comme s’il était vital à cet instant de s’exprimer. Écrire est ce qu’il y a de plus naturel pour décrire ma situation, plus naturel que la peinture ou le piano. Je jette un coup d’oeil sur ma table de chevet et les livres de Nietzsche et Camus. C’est mon grand père paternel qui me les as offert. « Tiens » m’a-t-il juste dit avec son ton bourru, « et pense pas trop ». En regardant ces éditions de la pléiade, que je manipule avec précaution, je me demande si je suis légitime pour écrire ; puis me dit qu’après tout, j’ai eu dix-neuf au bac de philosophie et que je dois bien avoir quelque chose à raconter. Il faut dire que je ne sais pas encore ce que ce quelque chose me réservera. Je n’ai jamais écris de livre, sinon quelques nouvelles lorsque j’étais plus jeune. je n'ai pas de plan, rien n'est organisé, je vais juste faire courrir ma plume. qu'importe, je garderai peut-être tout ça pour moi. Je ne suis pas un écrivain, mais après tout, il y a bien un jour où il faut commencer.
Après avoir réfléchi quelques minutes, je trouve comment interpeller le lecteur : j’ai mon introduction. je vais décider de m’adresser directement à lui, à vous. Ce livre je le visualise et sens son poids comme si je le tenais à pleines mains. J’imagine le lecteur le décrocher d’une étagère, lire le titre avant de le retourner. Je commence par la fin et la quatrième de couverture.
Ce livre commence par l’histoire d’un jeune homme égaré. Un jour et ne sachant pas pourquoi, il s’assis à son bureau pour trouver quelques réponses. Cette histoire se termine lorsque son auteur eut finit de l’écrire puis, elle fut éditée sous la forme de ce livre. C’est tout ce qu’il y a à savoir de ce livre qui par ailleurs, n’est là que pour être lu. Un jour, quelqu’un ne sachant trop pourquoi, le pris entre ses mains. Ce livre lui raconta tout ce qu’il y avait à raconter, dès la quatrième de couverture. Il ne lui raconte que ce qu’il sait déjà. Ce livre se moque de cette personne et n’aime faire que ça. il aimerait juste qu’elle se sente moquée. En même temps, il est en train de la séduire, car il faut bien qu’il soit lu ce livre. Cela ne sert à rien de continuer ce résumé car tout est déjà dit, peu être même un peu trop. De quoi donner mal au crâne à cette personne. Cette personne est confuse, elle est égarée et ne se pose plus qu’une seule question : cela vaut-il bien la peine d’être lu ?
A quoi bon ?
Cette histoire n’a pas de personnages et n’aboutira à rien. Mais vous savez déjà cela. Elle n’est que des lettres sur du papier, revêtant un sens pour vous, qui n’est peut être même pas celui que j’ai voulu donner. Il n’y a que moi, ou du moins, il n’y a que vous qui lisez ces lignes. Ces dernières ne forment ni un grand récit d’aventure, ni un conte, et pas même une philosophie. Cela ne ressemble à rien et pourtant vous le lisez. Ces lignes ne veulent rien dire et vous le comprendrez bientôt, tout le problème est là. Problème avez-vous dit ? C’est qui il y a bien une tension dans tout ceci, un élément perturbateur à cette situation initiale ? Cessez d’espérer, je vous en conjure, je ne fais qu’évoquer l’idée pour que vous continuez à lire. Il n’y a que ça qui compte pour un livre, d’être lu. C’est une carotte et je n’ai que cela car après tout, je ne peux vous frapper avec un bâton au travers de mes mots. Voyez-par vous même, il semble que ça marche. Vos yeux se déposent toujours sur ces étranges symboles, de gauche à droite. Pourquoi faites vous cela ? Vous êtes ma mère à qui j’ai donné le manuscrit et que je force à lire ? Arrêtez donc enfin, vous perdez votre temps, tout ceci n’est que non-sens. Vous êtes déçu ? Quel retournement baroque. Mais que voulez vous que je vous dise, vous n’avez qu’a arrêter de lire. Fermer le et faites quelque chose de plus intéressant, cela vaut mieux.
Très bien, je vois que vous êtes toujours ici, cela vous intéresse un tant soit peu. Allons bon, vous ne vous attendiez quand même pas à de la grande littérature ? Il faut être réaliste, vos yeux viennent de passer la virgule d’un étudiant de vingt ans. Il n’y a rien à attendre de moi alors je vous en prie arrêtez tout de suite, vous en arrivez à me gêner. Vous touchez à de l’intime, c’est comme entrer dans la chambre d’un adolescent.
Ce n’est que ma pensée sur du papier, oui voilà nous allons convenir de cela. Ah, pas une grande pensée non, n’espérez pas, tout ce qui suit n’est que masturbation et logorrhée et n’expose que des idées qui existent déjà, je ne fais que citer que ce que j’entendu et rapporter le contenu de livres que je n’ai pas lu. Enfin, quelle est cette escroquerie, cette bassesse. Ne vous méprenez pas, tout ceci n’est que simple artifice pour légitimer que vous lisez. Vous comprendrez par la suite pourquoi je m’entête à vous prévenir. Mais ne lui en voulez pas, soyez indulgent, elle ne peux faire que ça cette pensée et elle cesserait d’exister à l’instant où vous arrêtiez de lire pour aller faire plus intéressant, alors soyez indulgent. Vous pouvez ne pas être d’accord bien sûr, dressez vous contre elle si vous le souhaitez, révoltez-vous, cette pensée s’en fiche.
Toujours là, peut être que revenir à la ligne encore une fois pourrait décourager ses yeux de sauter d’un paragraphe à l’autre. Il suffit d’appuyer sur entrer pour qu’il sorte.
Et bien non visiblement, ses yeux ne se fatiguent pas et vous êtes toujours là. C’est absurde que d’être lu et de n’avoir rien à dire. Je vous le dit je n’ai rien à démontrer. Tout ce qui vient ensuite, vous le savez déjà. Pourquoi est-ce-là alors ? Je suis un étudiant de 20 ans en 2021, et j’écris parce que cela me fait plaisir. Peut être aussi que je n’ai rien d’autre à faire, voilà tout. Sans doute que je ne souhaite pas réviser ces cours sur le coin de table devant moi. Sacrilège, quelle rébellion. Je ne me rebelle pas enfin, je ne brise aucune règle. J’ai la flemme de ces postures. Je devrais être en train de me souler, voilà la vérité. Je devrais être ce que je suis : un étudiant ; et les étudiants boivent voilà tout. C’est dur d’avoir 20 ans et d’être sobre de vie. Alors je m’enivre que de ce que j’ai. Je titube et vos yeux se posent sur cette pensée tremblante que j’essaye, un tant soit peu, de poser sur du papier. Mais pourquoi enfin ? Dites le moi ? Quoi ? Ce serait à moi de vous le dire ? Car j’ai voulu écrire cela ? Mais enfin, j’en ai pas la moindre idée. N’attendez rien de moi, je ne ne suis pas Dieu, je n’ai fait qu’écrire ce livre. Aidez-moi, lecteur, car c’est bien vous mon Dieu, je désespère, arrêtez de lire cette pensée, tuez là s’il vous plait. STOP.
Le fait est que vous continuez de lire puisque vous venez de tourner la page, tyran de pensée. Est-ce plaisant alors si c’est déraisonnable ? Aimer vous gaspiller votre temps ainsi et moi de même ? Je ne sais pas, je ne saurai jamais, je ne vous connais même pas. Mais dans mon cas, je vous assure que je me plais à me moquer de vous, n’y voyez là aucune méchanceté allons, après tout c’est vous qui lisez cela. Vous verrez à la fin de se livre que je ne suis pas méchant. Mais enfin, me diriez vous, où allons nous ? Je ne veux que vous parlez, c’est mon objectif, c’est bien l’objectif d’un livre n’est ce pas ? Croyez moi je vais vous parler.
« Mais enfin ? Se dit le lecteur, qu’est ce donc ce cauchemar, je n’ai rien à croire de ce stupide auteur, je sais que je suis en train de te lire. Tu me parle déjà car je choisis de t’écouter. Ne me dit pas ce en quoi je dois croire, je suis libre de croire ce que je veux après tout, c’est la démocratie. C’est ma démocratie même, tu ne participes pas aux règles, insignifiante parole, je suis ta dictature. Je suis ton Dieu et Je suis libre de fermer ta gueule de livre et de te passer à la guillotine ».
Vous ne l’avez pas fait, j’ai toujours ma tête et ma jolie reliure. Je ne vous en veux pas pour de ce que vous avez dit, n’ayez crainte. Nous sommes dans le même bateau, lisez moi : je ne fais que me dérouler sur le papier. Allons bon, n’est ce que totale platitude que ce livre ? Je vais vous répondre : Premièrement, si c’est un livre, je me réjouis d’avoir un jour réussi à être publier et qu’on ait bien voulu de mon non-sens, c’est quand même prodigieux. Ensuite, si c’est un livre et bien, pauvre lecteur, ce ne sont que des pages que vous tournez. Comme c’est triste. Mais allons oublier cette absurdité, cela vous dit ? Vous avez l’air sympathique. Divertissons nous après tout, n’est ce pas ce que nous cherchons tout deux, au travers de cette activité. Je ne veux aucun pari, je voudrais conclure un marché avec vous : nous allons tout les deux dépasser cette médiocre réalité car avouons nous le, nous nous ennuyons à tourner autour du pot et c’est pourquoi nous en sommes là tous les deux. Je vais pour ma part faire semblant, dans la narration, d’aller à la fenêtre pour vous exposer la longue plainte lyrique de mon être qui souffre. D’accord ? Ne riez pas cher lecteur, c’est triste. Ce n’est drôle que sur le papier, car cette tristesse évoquée existe belle est bien, vous la connaissez. Quoi qu’il en soit, et si vous y consentez, vous allez faire comme si vous ne lisiez pas quelqu’un en train d’écrire et même éprouver de l’empathie pour ces lettres qui dansent sur le papier. Cela ne devrait pas être trop difficile, vous êtes un lecteur. Je ne vous demande rien d’autre que d’être cela : soyez vous-même, plantez le décor, ajustez la lumière et sortez les violons.
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