11. Le prêtre
Soudain, tout s’arrête. Je me rend compte que quelqu’un m’observe. Cela vient du buisson d’épines au ras de la falaise. Ce regard me renvois ma propre nudité. C’est un regard de serpent, deux yeux jaunes et une langue aussi, qui siffle ses espérances. Ces yeux se jètent sur moi. Je n’ai pas le temps de réagir qu’ils m’enferment dans leurs filets. Je tente de m’extirper mais les mailles sont trop serrés, quasiment hermétiques. Je me débats, je manque d’air et manque de m’asphyxier. A terre, je tourne la tête pour voir mon ennemi et ne je ne vois qu’une soutane. Ma tête retombe violemment contre le sol. Je ne voit au travers du filet plus que le sol et mon corps qui se désagrège, ainsi que la longue silhouette de celui qui me traine sur cette rapière.
Ah souffrance, je veux rester dans ce paradis terrestre. Voilà que je ne crois en rien et que, prétendant qu’à ma liberté, je me retrouve comme le personnage de cette bible que tous prient et qui me déplaît tant. Je suis Adam ou Eve, qu'importe, et le monde fut Eve ou mon Adam le temps d'un instant.
Pourquoi a t'il fallu ce serpent de damnation ? Serpent suis je en train de me dire. Oui le serpent est un autre. Ce serpent, c'est l'autre. J’en ai peur. Je l’entend qui siffle en acouphène. Ah ! Est ce donc cela que cet enfer ? L'enfer de ne pouvoir prétendre à la Terre ? L'enfer c'est les autres ! Me hurle Sartre aux oreilles. Ce prêtre me hurle aux oreilles que l'enfer, c'est moi. Damnation on me demande de me battre contre ce que j'aime. Elle est là la vrai Damnation. Ah, Ma grande souffrance n'est pas ressenti par ce corps que tu traîne sur le sol cette rapière, ni dans la souffrance de ce monde qui pour me faire vivre m'impose le labeur, mais cette déchirure de mon âme. ce que je ressens, mes pensées et mes émotoins se déchirent. C'est de cela que souffre ma conscience. Je me déchire, lorsque ma volonté dissonante entame son chemin de croix, cette croix sur laquelle je me crucifie au yeux de tous, contre tout mon être.
Je me suis cru seul dans mon monde, mais j'avais faux. S'accroche à ma conscience la plus pure ce qu'il y a de mauvais au dehors. Comment se comporter dans ce monde de société ? Elle s'impose à moi comme s'impose la vie. Qu'elle règle m'imposer dès lors, pour recouvrer ma liberté ? Il n'y a qu'une seule règle que je puisse connaitre et que je m'applique à suivre de ma pleine volonté : mon être. Cette vie je le sais désormais, est cette étincelle de création qui surgit du néant. La vie est cette absurdité amoureuse et il n'y a que cela à protéger de ceux qui souhaite y donner un sens. Ceux-ci ne sont pas mes ennemis non, car ils ne font qu'aimer la vie, et ne la pense qu'au travers de leurs propres lunettes. Et ils construisent des vitraux. Et lorsque l'on s’émerveille à cerner la lumière qui la traverse pour l'attribuer je ne sais qu'elle nom, nous n'aimons que le vitrail pour ce qu'il est : surface de platitude, mosaïque de transparence, non-sens, beauté. Ah mais j'aime ceux qui ont construit ces vitraux ! J'aime les cathédrales et j'aime Jésus ! J'aime Dieu car c'est une belle pensée de même que Jésus est son beau messager. Je ne suis donc qu'amour de tout peu importe son sens ? Suis je qu'un illuminé qui dans son amor Fati ne fait qu'entretenir le funeste destin de mort et de néant ? Non, sûrement pas. Si l'amour est pour moi la seule essence de la vie, elle ne peut être mort et néant. Je ne suis pas un relativiste cynique et dans ma désespérance, je m'applique ma morale. Ce que fait ce prêtre en traînant mon corps vers le néant est mal. Et pourtant, il n'a dans son coeur que de l'amour pour son Dieu. Dieu, monde, donnons lui le nom que l'on veut. Il aime ce qui est devant lui et a peur de ce qu'il ne connait pas.
Ce prêtre est un conservateur qui ne fait qu'aimer ce qu'il chéris. Voilà tout, et moi je n’aime pas, je suis plus que ça. je suis amoureux. Aimer c'est être conservateur ; être amoureux, être créateur.
Le prêtre me tire toujours le long de la digue d’Etretat, il se dirige vers la falaise de l’amont. De ce coté-ci, elle est surplombé par une église en béton reconstruite après la guerre.
Que faut t'il faire ? Soyons ce que nous sommes. Tombons amoureux et séduisons les autres pour qu'ils tombent amoureux eux aussi. Par cette absurdité créatrice et amoureuse, construisons de belles choses. Des choses qui séduisent. Des choses inspirantes. Des choses qui donne envie de les d'aimer. Des amoureux, des vivants. Des être qui veulent pour vouloir. Construisons ces sur-hommes. Ne cherchons pas les anges mais l'Homme, avec les hommes et femmes de ce monde. Enfantons nos enfants dans ce monde où ne règne aucun espoir. Moralisateur, vient me dire que je ne suis pas un humaniste, je t'attends d'un pied ferme. Quand bien même tu m’anéantisses dans ton filet de mort, celui que tu as tissé avec tout ton amour.
— Satan ! Tu es Satan mon fils repenti toi.
— Tu m'appelles mon fils, prêtre, et tu considères qu'il faille que je t'appelle père. Je suis Satan et tu m'a enfanté. Tu as enfanté Satan mon père lorsque ta volonté n'a été que l'expression de la mort et du néant. Je suis le diable mon père, ton enfant terrible, et ce n'est que parce que tu l'as voulu. Tu sais ce que je réponds à ce père que tu incarnes devant moi ? Aime moi d'un amour pur, ou repenti toi de ce péché de néant que tu as consumé. Si tu n'accepte pas cet amour, tu seras condamnés au déchirement de ton être, qui n'est que cette absurdité amoureuse et à vos yeux, diabolique. Mon père, Ayez pitié de votre âme, je ne souhaite en rien cela pour vous.
— Dieu tout puissant, cet enfant est le diable lui même. Il est vicieux, il est en train de me séduire. Mon dieu, n'ayez crainte j'ai foi en Dieu et au message de Jésus Christ. je ressens toujours ton amour. Je vais aider cet enfant. Il retrouvera la foi. Allons bénir cette monstruosité.
— Non ! Pitié ne faites pas ça ! Je ne veux pas être sauvé mon père. Ne m’emmenez pas au Temple maudit de l'espérance. Je ne veux pas y aller ! Arrête d'aimer prêtre tu ne causes que ma souffrance. Ah, souffrance de toute les souffrances, déchirure de mon être, j'en viens à haïr cet amour qui veut que tu me fasse tant de mal. Ai pitié de mon âme, prêtre, détruit mon âme, je te l'offre puisque c'est toi qui est devenu mon diable. Je te l'offre toute entière, si tu le veut, détruit là je t'en supplie. Mange la, dévore là toute entière je t'en supplie
— Par le fils, le père et le Saint Esprit. Enfin mon fils, Dieu l'aime et le veux en vie. Et puis, qui suis-je pour éteindre une vie ? Je ne prétend être ni Dieu ni Satan, je suis bon. Je suis un humaniste. cet être qui souffre pense que je ne fais ça que pour dieu et me prend pour un dangereux fanatique. Il a faux. Je ne peux le tuer car je crois en l'homme autant que je crois en Dieu. je crois en la justice, j'ai des idéaux moi ! Je crois en la justice de l'Homme, je ne fais que ce que l'Homme désire, pour le bien de ma société ! Je suis un républicain non de Dieu ! Je suis un démocrate ! Alors je n'ai que faire de ce mal incarné, cet être dénué de tout sens moral
— J'emmerde Dieu ! Qu'est ce que je l'emmerde cet enflure. Je ne veux pas de son amour. Cesse de me déverser ton amour putride. Je ne veux pas d'amour merde ! Je suis un amoureux. Argh, Mon âme se déchire. Lorsque je sortirai de ton filet je te tuerai. Ah, je souffre, il ne sors de moi que le mal le plus absolu, il ne sors de moi que du néant. Le néant ne veut que ce qu'il est, du néant. Comme c'est laid. Prêtre ! Je t’étranglerai avec ton filet d'amour pour que tu te taise enfin et que tu retourne dans ce néant putride. Mon âme ne peut que revenir au néant pour désirer celui de ce prêtre. C'est là ma grande souffrance, Mon âme s'étrangle. Je te tuerai prêtre. je te tuerai prêtre et pour que cesse cette grande souffrance je détruirai tout. Je vais tuer ma souffrance avec toi et m'emporter dans ce néant. Cela est tout ce que je désire, que ton Dieu en soit témoin s'il nous écoute.
- Eh oh, Yannis.
Je détache mon visage en sueur de mon portable et regarde avec deux grands yeux hébétés mon père.
- Qu’est ce que tu fais sur ton portable ? Profite de la mer, c’est toi qui voulait y aller.
Je consens à ranger mes notes dans ma poche, que je reprend plus tard la voiture.
Je me perd, je ne me reconnais plus enfin mais qui parle en moi ? Dites moi qui ! Je veux savoir ! Dites moi ce qu’il se passe ! Suis je profondément mauvais ? Je me repenti, pardonne moi je t'en supplie ô conscience. Je suis bon, misérable Inconscience que je suis. Pardonne moi conscience de n'être que si laide. Je me sens laide, vicieuse, animale. Je suis coupable de mon misérable être. Mais ne t'en fais pas conscience, je t'aime. Je vais souffrir de ma misérable souffrance et aimer me repentir, me fouetter. Veux tu savoir pourquoi conscience ? Je crois en toi. Je crois que ta clairvoyance seule peut cerner la vérité. J'ai foi en toi mon Dieu.
Je souffre de tout mon corps, il est un long filet de sang que traine sa liberté ligotée. Mais mon âme demeure libre, que le néant soit loué.
— Rendez moi la nature, mon père, je veux revenir à elle. Ayez pitié de la vie si vous la chérissez tant ! Laissez moi mourrir sur ce bas côté et les feuilles devenir mon linceul, laissez y moi mourir si vous ne voulez pas me tuer. laissez mon corps devenir terre et feuilles, si vous ne voulez pas m'enterrer.
Mon âme est là en cet instant. Elle est toujours amoureuse. Je remercie mon âme, d'avoir surpasser ce néant pour créer mon propre amour. Ce prêtre nous aura presque eu, mon âme, mais n'est crainte.Je ne croirai en rien, en soi tu témoin mon absurdité amoureuse, mon anti-Dieu, doux démon de mon monde. Je sais que tu es là.
Je m'adresse à toi désormais mon corps douloureux, inconscience égarée. Je t'aime. C'est à moi de m'excuser de t'avoir tant mépriser jusqu'à ce que tu te sentes inférieure à moi. Je ne suis pas ton Dieu, aussi éclatante puisse te sembler notre âme que je fais parler. Je t'aime car je veux que tu sois ce que tu sois mon corps. J'en ai besoin après tout, conscience incarnée telle que l'a voulu l'absurdité amoureuse, pour devenir ce que je suis. Ne crois pas en moi. J'aimerai que tu que te fasse confiance comme je te fais confiance, corps, pour être mon corps. Aime toi. Je sais que c'est le message d'un Dieu que je propose là. Car ceux qui ont fait Dieu n'ont pris que ce qu'il avait sous la main pour le façonner. Je te dis de t'aimer m'entends tu ? Ah, quelle douleur que d'être cru Dieu par un croyant qui est sourd. Comment lui dire ? Dieu est mort, tendres mains, cessez de prier. l'espérance c'est enfin éteinte et mon corps inconscient, tu es libre et bien heureux, si seulement tu pouvais m'entendre...
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