Chapitre 3
6 heures du matin.
Elle se trouve dans un espace scientifique, une institution culturelle, mais aussi lieu de rêverie. C'est un endroit riche d’une indéniable et complexe poésie pour elle; d'une froideur et noirceur apparentes pour la plupart des personnes banales du XXI siècles. Mais elle n'est pas banale, elle est extraordinaire. En ce lieu, de nombreuses présences s’y côtoient : brillants chercheurs et obscurs employés, agents spéciaux, légistes, enquêteurs, criminalistes comme elle, ou autres visiteurs, à la recherche d’une information, d'une preuve, d’un croquis, d'une identité, voire d’un lieu de rendez-vous discret. Quels mystères tous ces pièces peuvent-elles bien receler ? Les locaux de l’OCME sont bien secrets.
Les psychopathes, c'est grâce à eux qu'elle et son frère Bradley ne se trouvent pas au chômage, mais à cause d'eux que tout bascule aujourd'hui. Elle se demande souvent si elle n'appartient pas à leur catégorie, et se dit qu'il suffirait parfois qu’elle perde une seule chose pour la faire basculer de l'autre côté de la barrière. Après tout, comment définit-on un psychopathe dans les livres de criminologie : comme quelqu'un ayant «un manque profond d'empathie, de culpabilité ou de remords, une indifférence marqué aux sentiments et au bien-être des autres." Sa froideur souvent incomprise, l'a fait-elle passer pour une psychopathe? Etudier les faits et les circonstances d’actes meurtriers pourrait-t-il la transformer en l’un de ses monstres qu’elle aidait à enfermer ? Travailler avec son frère était peut-être la seule chose qui lui assurait un équilibre mental.
La sonnerie de son téléphone l’extirpe de ses pensées.
- Quel est ton péché capital préféré ?
Elle raccroche, sans formalité. Il s’agit sans doute d’une mauvaise blague d’étudiants ou d’adolescents.
La sonnerie du mobile retentit de nouveau.
-Docteur Coop, quel est votre péché capital préféré ?
Vivement agacée, elle met fin à l’appel. Ses collègues n’ont donc rien d’autre à faire que des blagues téléphoniques ?
Pour la troisième fois, elle entend le bip sonore. Ce coup-ci, elle ne laisse pas le temps à son interlocuteur de parler :
-Je ne pensais pas que des collègues pouvaient s’abaisser à faire ce genre de blague, grandissez un peu.
La voix, masculine semble-t-il , ricane. Elle est loin de la vérité.
-Belinda Coop, quel votre pêché capital préféré ? demande-t-elle à nouveau
La criminologue s’électrise. Aucun de ses collègues n’ose l’appeler par son prénom. Ils ne la portent peut-être pas dans leur cœur, mais ils ont un profond respect à son égard et elle reste leur supérieure.
-Qui êtes-vous ?
-Ah…Humm..On dirait que j’ai capté votre attention. Vous devriez passez chez votre frère. Déclame la voix sans émotion aucune.
-Pourq..
Trop tard, la personne a raccroché. ....Un mauvais pressentiment l’assaille, et elle a un haut-le-cœur qui lui soulève les entrailles. Elle se hâte en direction de l’appartement de son frère.
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