Voyage au Centre de Danse du Marais

4 minutes de lecture

Septembre 2002 vers 18h30

J'attends jusqu'au dernier moment l'horaire du cours du Rock de Patricia Alfonsi, en dégustant une tranche de pain grillé à la levure façon maison, dans le café d'en face. Je traverse à présent la voie en sens unique, un sac sur le dos contenant de l'eau, une serviette et du linge de rechange. Je franchis le porche en forme de tunnel du Centre de danse du Marais, au 41 de la rue du temple.

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La musique des danseuses de flamenco envahit la cour intérieure et sa magnifique façade du XVIIème siècle en toile de fond. Les lueurs rougeoyantes du jour déclinant et la chaleur en ce début de soirée me rappellent Nino Ferrer. Des étudiants en très grand nombre se pressent dans le passage pour entrer ou sortir. Ici on s'informe, là on questionne, plus loin on demande le numéro d'une salle. Là encore, on cherche l'accueil pour s'inscrire.

Parmi cette jeunesse, certains comme des insectes attirés par la lumière d'un lampadaire, s'arrêtent pour écouter le rythme endiablé de corps agités par la musique andalouse. Subjugués par la répétition frénétique et tonique des souliers claquant tels des pétards de feu d'artifice sur le parquet, ils admirent les robes et les dentelles, les coiffures soignées, et les gouttes de sueur qui perlent sur le visage, provoquent l'admiration et l'adhésion presque hypnotique à cette danse presque animale.

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En me détachant du spectacle et de l'attroupement, non sans éprouver des difficultés, je découvre un restaurant en terrasse sur la gauche. Puis en m'avançant davantage sur le pavé de guingois, j'aperçois dans les étages et jusque sous les mansardes, par de grandes baies ouvertes, en raison de la chaleur du soir, d'autres cours en pleine activité.

Danse classique, latine, de caractère et même africaine avec ses joueurs de djembés. Du chant lyrique aussi. Des instruments sur lesquels on pince les cordes. En un tour sur moi-même, j'embrasse tout un monde, composé d'un nombre varié de disciplines qui rendent mythique et célèbre ce haut lieu de la danse.

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Le théâtre se signale à mon regard émerveillé.

L'entrée donnant sur le Café de la Gare se dessine à présent par son nom en forme de tatouage composé de néons colorés. Impossible de rester indifférent à la magie des lieux. Je ressens l'envie irrépressible de tout essayer dans cet univers artistique.

Tous ces danseurs qui apparaissent parfois en ombre chinoise insufflent en moi comme un grand vent de liberté et l'envie inextinguible d'exprimer ma sensibilité, à mille lieux de mes préoccupations techniques et administratives de chef de projets informatiques.

Au final, je me décide à prendre à l'accueil une carte/forfait de cinq cours de danses. Cela me permet d'accéder indifféremment à différentes disciplines pour découvrir celle qui pourrait m'attirer. Au fil des semaines, je deviendrai très assidu en venant rue du temple en soirée et parfois le weekend pour suivre un stage de découverte.

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Avec Catherine Cordier, je découvrirai le monde merveilleux et exigent de la danse contemporaine. Le temps d'un soir je m'essaierai à la salsa, juste pour m'apercevoir que j'éprouverai quelques difficultés à suivre le tempo. Dans une salle du côté du métro Glacière sur la Butte-aux-Cailles, je tenterai en couple le boogie-woogie. Puis une autre fois, le Lindy up, dans un cours en sous-sol, donnant sur la rue de Rivoli.

Plus de vingt ans après, je perçois encore très présent à l'esprit, dans le corps et dans le cœur toutes ces disciplines auxquelles j'ajouterai la Country ainsi que des responsabilités fédérales en Picardie.

La danse s'inscrit au plus profond de nous-même et sans doute depuis la nuit des temps.

=O=

Pour aller plus loin

L'Hôtel de Berlize

Bâti au début du XVIIe siècle pour le financier Guichard Faure, acquis en 1636 par son fils Nicolas, conseiller du roi et seigneur de Berlize, l’hôtel s'agrandit. Vendu en 1657, il devient la propriété du procureur au Châtelet Claude Robert en 1690 puis appartient aux familles Grou et Noailles d’Ayen.

En 1972, les bénévoles de l’association Paris historique démonte le hangar, permettant à la cour pavée de retrouver son ordonnance première. Dès 1974, le Festival du Marais organise un spectacle inaugural en sous-sol, dans les anciennes écuries, qui accueillent le Théâtre Essaïon avec une création « Comment harponner le requin » de Victor Haïm avec Maurice Benichou dans le rôle principal.

L’année suivante, le Café de la Gare, café-théâtre fondé par Romain Bouteille et Coluche s’installe au rez-de-chaussée du logis principal. Jusqu’en 1983, l’hôtel de Berlize accueille de nombreuses programmations du Festival du Marais, théâtre et opéra-bouffe dans le Théâtre Essaïon, récital de chanson française ou de Jazz dans le Café de la Gare.

La restauration de l'édifice permet de mettre en valeur à l’étage noble du corps de logis des plafonds d’époque Louis XIII à poutres et solives peintes, redécouverts en 1971. Aujourd’hui, l’hôtel de Berlize abrite le Café de la Gare, le Théâtre de l’Essaïon, le Centre de danse du Marais, un restaurant et des habitations.

Source : www.paris-historique.org/expo-des-60-ans-hotel-de-berlize/

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Le centre de danse du marais

Une centaine de professeurs de danse, de chant et de musique, 70 disciplines au sein de 18 studios, une école de comédie musicale...

Source : www.centrededansedumarais.fr/

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