Cassandra
Dès la sortie du métro, tout, absolument tout redevint normal. Philippe regarda son portable : l'application TOWNSURVIVAL avait disparu !
Soudain, un message s'afficha : " Bonjour, Philippe je suis Cassandra. Tu es revenu dans le monde réel : oublie tout ce que tu as vu dans le métro. Viens me rejoindre. Nous passerons du bon temps tous les deux."
Au dessus du texte, il y avait la photo d'une superbe jeune fille aux yeux verts.
Bientôt, il rejoindrait Cassandra, pour lui elle était L’illusion masculine :
Ô belle aux yeux verts
Tu ferais passer l’hiver
Pour un doux printemps
Monsieur K adorait cette forme de séduction « inactuelle » : écrire des haïkus !
La réponse de Cassandra l’avait déconcerté :
Toi l'explorateur
refrène bien tes ardeurs
tu scrutes mon cœur
Que voulait-elle dire ?
L’image de l’explorateur lui plaisait.
Il aimait cette vie double, un homme ordinaire, vaguement débonnaire, qui se métamorphosait en aventurier, cette perspective le flattait.
Monsieur K savourait la délicieuse ambiguïté du refrène bien tes ardeurs : il savait qu’interdire (mollement), pour mieux inciter était le comble de l’érotisme.
Surtout, il restait songeur en pensant au cœur de la belle : la photo lui suggérait une lecture amusante de ce terme.
Il ralentit, il était arrivé
Belle, très belle, les yeux verts sur un banc vert.
Cassandra avait le plus doux, le plus tendre des sourires.
Puis, il y avait la vallée des merveilles.
Monsieur K appréciait les décolletés, mais jamais il n’avait vu poitrine si ronde, si ferme, si délicieusement interdite et offerte...
Il rougit : la belle brune riait, visiblement amusée par la fascination exercée par son corsage, sur le vieil homme.
Sans un mot, gêné, il s’assit à côté d’elle.
Machinalement, il répéta le geste du miroir, approchant sa main de la joue de Cassandra...
Soudain, tout disparut autour de Monsieur K, la ville, la belle, l’hiver, la douce et tendre réalité.
Et, devant ses yeux, lentement, ce texte s’écrivit :
Vous êtes tombé dans un trou, sur un lien cassé, une info évaporée, une nouvelle disparue...
J’espère que vous ne vous êtes pas fait mal, que vous n’êtes pas trop désemparé...
Votre visite sur cette page me désole...
Reconnaissez
que pour quelqu'un qui n'a pas de visage
et qui travaille dans l'ombre sans jamais voir la lumière des projecteurs,
ce n'est pas le plus beau des rôles disponibles.
Je ne vais pas vous dire « A bientôt »,
vous penseriez que je suis maso,
mais si je sens que vous commencez déjà à mieux me comprendre,
ça me console
et ça me donne presque envie de vous revoir ! _
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