Acte 2 - Scène 2

JACQUES , LYSANDRE

Lysandre se prélasse sur son canapé. Jacques tape à sa porte, lui demandant de le faire rentrer pour une raison urgente.

JACQUES - Mon frère, j'ai besoin de tes conseils.

LYSANDRE soupire sans retenue (au public) - Je sens déjà arriver l'ennui... s'allonge de nouveau sur son canapé (à Jacques) En quoi puis-je t'aider petit-frère ?

JACQUES - Marianne veut quitter le village. Elle veut ME quitter !

LYSANDRE - Et donc ?

JACQUES en s'énervant - N'est-ce pas clair ? Je vais la perdre si ça continue et il en est hors de question ! N'as-tu pas des idées pour m'aider à l'empêcher de s'en aller ?

LYSANDRE se frottant désespérément le front - Que veux-tu que je te dise ? "Attache-là jusqu'à la fin de sa vie". Je t'avais déjà mis en garde de cette fille. Bien qu'elle soit jolie, je ne lui ai jamais fait confiance. Tu aurais dû écouter mes mises en garde dès le départ.

JACQUES - Tu es un marrant, ce n'est pas si simple de ne pas tomber sous son charme !

LYSANDRE - Ou plutôt tu n'es qu'un faible d'esprit et de coeur...

JACQUES en grognant - Je préfère de loin être comme je suis qu'un homme aimant se la prendre par derrière.

LYSANDRE lève les yeux au ciel (au public) - J'ai comme qui dirait une réputation qui me précède. De nos jours, un garçon de mon âge devrait déjà avoir trouvé une femme à engrosser. Pathétique... (à Jacques) - Oui bien-sûr, je n'en doute pas. Eh bien je ne dois pas être la bonne personne pour t'aider à convaincre ta bien-aimée.

JACQUES en s'agenouillant devant le canapé - NON ! Lys, mon frère, je t'en prie, ne me laisse pas dans cette situation insoutenable. Je donnerais n'importe quoi pour qu'elle reste à mes côtés.

LYSANDRE souriant - N'importe quoi dis-tu ?

JACQUES - N'importe quoi.

LYSANDRE se moquant - Il faudrait que tu aies déjà quelque chose à m'offrir. Peut-être un de tes gribouillis, ceux que tu me faisais à longueur de journée enfant.

JACQUES se recule, rouge de honte - Cesse de te moquer de ça ! Tu les appréciais mes dessins, ne viens pas remettre ça sur le tapis pour me faire passer pour ce que je ne suis pas.

LYSANDRE- Alors qu'es-tu petit-frère ? se lève - J'aimerais bien savoir quel genre d'homme tu es. Es-tu le petit dernier de la famille qui cherche ardemment à trouver sa place ? Ou encore un simple gamin qui s'est entiché de la première pouilleuse qu'il croise ? Cette fille, manifestement, n'en a rien à faire de ta personne. Je ne te dis pas ça pour te rabaisser. Oh non, je n'en ai pas besoin. Ceci est plutôt pour te faire comprendre que tes sentiments vont te mener nulle part.

JACQUES - Tu peux te moquer de moi autant que tu veux, mais pas de Marianne, tu ne la connais pas !

LYSANDRE - Parce que toi tu penses la connaître réellement peut-être ? Mon pauvre Jacques, l'amour te rend véritablement aveugle.

JACQUES crache - Je la connais mieux que quiconque dans ce satané village. Si tu es si sûr de toi qu'elle ne m'aime pas, alors tu ne vois pas d'objection à m'aider pour que je réalise enfin ma "bêtise".

LYSANDRE regarde l'horloge accrochée au mur (au public) - Il ne me laissera pas tranquille le bougre, je peux dire adieu à mon reste de sieste...(à Jacques)- Si j'accepte ta proposition, vas-tu enfin me laisser tranquille ?

JACQUES - Oui !

LYSANDRE - Ce soir à 19h, devant la porte sud du village. Maintenant sors !