Acte 1 - Scène 4

MARIANNE, JULIETTE

Marianne se laisse tomber sur une chaise, plongée dans ses pensées. Elle ne fait pas attention à Juliette qui est toujours près du feu pour réchauffer ses vieux os.

MARIANNE - La vieille, où se trouve Neo ?

JULIETTE - La vieille possède aussi un prénom humain très chère Marianne. Que veux-tu de Neo ?

MARIANNE - Cela ne te regarde pas.

JULIETTE - Tu ne trouves pas ça dommage de ne pas s'entendre toutes les deux ? Nous sommes faîtes pour cohabiter à la base, tu ne crois pas ?

MARIANNE - Nan. Tu m'exaspères encore plus que Neo. Je vois mes humains devenir si laids et lents par ta faute. Ils connaissent d'atroces maladies et souffrent jusqu'à la toute fin. Je n'en peux plus de voir ce schéma se répéter. Je veux les voir heureux, je veux qu'ils se souviennent de moi, est-ce trop demander ?!

JULIETTE fume sa pipe - Je crains que ceci ne soit toujours pas possible. Neo a été très clair avec toi. Nous ne pouvons pas changer l'ordre des choses par simples caprices. Tu sais, je comprends tout à fait que tu n'aimes pas les voir devenir ainsi par ma faute. Cependant mon rôle est de prendre leur énergie pour les ramener à la terre. Neo est la fin, toi le commencement et moi la déchéance. Accepte-le.

MARIANNE - C'est si simple pour toi de dire ça. Je sais que tu aimes les voir souffrir de ton perchoir, leur volant leurs sens et même leur mémoire. Mais moi je...Je leur souhaite une meilleure fin. Les hommes méritent bien mieux que ça.

JULIETTE - Tu veux dire bien mieux que Neo et moi-même ? Serais-tu capable de lui dire ça en face ?

MARIANNE - Il n'y a rien de difficile à ça. J'ai le droit de penser ce que je veux de n'importe qui. Que ce soient des humains ou encore de vous deux. Je ne recherche que le moyen de faire de l'humanité un peuple de joie et de prospérité. Sans vous dans leurs pates, ils seraient les êtres parfaits.

JULIETTE ricane - Oh, c'est ce que tu penses Marianne ? Les humains des êtres parfaits sans leur vieillissement et la mort ?

MARIANNE - Parfaitement !

JULIETTE - C'est grotesque...Tu l'apprendras avec le temps, mais les humains sont l'imperfection qui devient perfection qu'avec une fin.

MARIANNE - Une perfection qui ne peut pas être exploitée si elle s'achève. Penses-tu à toutes ces morts prématurées ou encore ces accidents que Neo a provoqués ? Où se trouve la perfection dans ces humains morts si tôt ? Pourquoi leur vie est-elle si courte et si peu agréable ? Ils ont si peu d'années de jeunesse, je ne peux pas accomplir pleinement ma mission.

JULIETTE - Si tu penses être la seule capable de les rendre si parfaits, tu n'as qu'à continuer ton petit manège avec le cahier de Neo.

MARIANNE - Neo ne me laisse plus approcher son cahier depuis mes dernières tentatives...Il ne veut pas entendre ce que j'ai à dire, tout comme toi d'ailleurs. Tu me fais croire que tu m'écoutes mais en réalité ça te passe bien au-dessus de la tête.

JULIETTE - Que tu crois Marianne, que tu crois. Bien que je ne sois pas entièrement d'accord avec tes dires, j'aimerais bien t'observer déjouer les tours du temps.

MARIANNE - Je vois clair dans tes manières Juliette, je ne vais pas me laisser amadouer par tes mots doux. Je suis la Jeunesse mais pas non plus une idiote.

JULIETTE écrit sur un bout de papier - Tu peux me traiter de vieille folle manipulatrice mais tu peux croire en la véracité de l'information que je vais te transmettre.

MARIANNE - Qu'est-ce que tu racontes ?

JULIETTE lui tend le bout de papier - Tu n'as qu'à juger par toi-même, Jeunesse.

Marianne attrape ce que lui tend Juliette. Elle lit ce qu'il y a marqué dessus, lance un regard surpris à Juliette qui lui fait un clin d'oeil. Elle range le papier dans sa poche et décide de s'en aller sans adresser un mot de plus à Juliette.