Acte 2 - Scène 9

NEO

Il erre dans la forêt, évité par les humains, fuit par la nature. Son regard se perd vers le ciel, adossé contre le tronc d'un chêne. Les rayons du soleil embrassent son visage vide de sentiment.

NEO (au public) - Je suis ici. Seul. Je pensais que je ne l'étais pas. Marianne et Juliette, mes consoeurs. Malgré le fait que je sois la Mort, je n'ai jamais eu le souhait d'être supérieur, on me l'a imposé, car je suis celui qui supprime toute existence sur cette planète. Ai-je des sentiments ? Loin de là. Je prends, je dérobe, j'arrache le souffle de vie. Tout me revient, tout m'appartient. Et pourtant...Et pourtant pour la première fois je me sens las. Même moi je peux être las, qui l'eût cru.

Il recommence à marcher dans la forêt, son drap noir fermant sa marche.

NEO (au public) - Vous devez vous demander ce qui a bien pu arriver aux deux autres. Depuis notre "discussion" assez mouvementée Juliette n'est pas réapparue devant moi. J'ai obligé Marianne à rester dans notre repaire, elle doit encore subir sa sentence. Je n'ai pas de peine pour elle. Pourquoi devrais-je en avoir ? Elle a bafoué les règles de ce monde, nos règles. Il fut un temps où j'aurais pu passer outre. Elle était si frêle au début, si manipulable...

Neo s'arrête dans son monologue, donnant l'impression de ne plus être avec le public. Il lève une main en l'air pour l'observer.

NEO les yeux dans les vagues - Oui. C'était il y a longtemps, très longtemps. Je pouvais encore compter sur Juliette les yeux fermés. Marianne grandissait, apprenait, m'obéissait. Nous commencions à nous pencher sur les humains, ceux pour qui nous sommes nés.

Il se tourne vers le public.

NEO (au public) - Je possède tout et je ne possède rien. Je suis la simple Mort. Je suis Neo.