Chapitre 26 Vah’Naboris

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Kohga soupira profondément. Malgré toutes les « mesures » déployées par ce sombre crétin d’Astor, le jeune chevalier avait réussi à s’allier aux Gerudos, récupérer l’épée de légende de la forêt Korogu, devenir le Prodige Hylien, activer les tours Sheikahs…

Avec une nervosité manifeste, il souleva légèrement son masque et avala une grande gorgée de tisane d’herbes d’Hyrule. Maintenant qu’il savait où se situait leur repaire, nul doute que le Prodige Hylien allait attaquer les Yigas. Kohga frissonna en songeant aux dommages que cela pourrait causer. Même si cela lui était détestable de l’admettre, ce jeune homme était plus fort qu’il n’y paraissait. Or Kohga ne doutait pas que celui qui avait tué sa délicate et angélique Kara ne se sentirait pas coupable à l’idée de massacrer des dizaines de Yigas innocents. Le chef des Yigas frémit. Ce Link n’avait d’un héros que le titre.

Un bruit retentit soudain. Pas un petit bruit comme celui d’une serpe qu’on laisse tomber au sol ou d’un accident de cuisine, mais un bruit terrifiant, comme si la terre tremblait. Kohga frémit. Non. Ils n’avaient pas pu oser, si ?

L’air se chargea soudain d’électricité, donnant la réponse à sa question et faisant se hérisser ses cheveux. Kohga pesta. Pour ne rien arranger à une situation déjà terrible, ce qui avait autrefois été une coiffure quasi impeccable ressemblait maintenant à une brosse à récurer les cabinets. L’angoisse serra le ventre de Kohga. Ils avaient amené Vah'Naboris.

— Tous à vos postes, hurla-t-il. Nous sommes attaqués !

À l’évidence, Suppa ne s’était pas gêné pour prendre les devants. Il avait réussi à faire battre en retraite la jeune Sheikah, qui s’était bien trop approchée de la réserve pour que ce geste soit considéré comme anodin. Mais des dizaines de Yigas avaient été blessés, et le repaire devait être évacué. Il fallait que Kohga gagne du temps.

Link et Urbosa poussèrent la porte de l’arène. Un vent frais et léger soulevait le sable en petits nuages, aussi il leur fallut quelques secondes pour remarquer le Grand Kohga.

Il était assis en position du lotus au à mi-chemin entre eux et l’arène, et Urbosa songea qu’il semblait plus bête que méchant.

— Allez… debout !

Ricanant sous son masque et appuyant sa main contre le sol, le chef des Yigas se releva difficilement et prit une pose exagérée, levant la tête et les bras vers le ciel en se penchant légèrement en arrière.

— Vous nous avez donné du fil à retordre…

Avec un petit « pouf » fort enfumé, il se téléporta face au soi-disant héros d’Hyrule. S’efforçant de ne pas montrer sa rage à l’égard du jeune Hylien, il prit une pose nonchalante. Bras levé, un sourire niais sur le visage, il le regarda d’un air assuré.

— Mais… J’m’en fiche pas mal.

Il s’avança vers Link et, surmontant sa colère, posa sa main sur son épaule d’un air calme et réconfortant et leva l’index comme s’il réprimandait un Yigling désobéissant.

— Je m’en fiche même com-plète-ment.

Il se téléporta à nouveau. Il était maintenant assis en tailleur à l’autre bout de l’arène, regardant le ciel comme s’il cherchait des formes dans les nuages (et c’était précisément ce qu’il faisait).

— Et vous savez pourquoi ?

Il se tourna vers le héros d’Hyrule et se téléporta dos à lui, au même emplacement qu’un peu plus tôt.

- Parce que vos vies s’arrêtent, ici et maintenant…

Il se courba en arrière autant qu’il pouvait de façon à pouvoir voir le jeune Hylien. Cela lui faisait mal au dos, mais il fallait qu’il fasse diversion.

— Si tout se passe bien !

Ce pouf-là fut si gros que, l’espace d’un instant, Link et Urbosa furent aveuglés par la fumée. Cette fois-ci, le Yiga rondouillard se trouvait au bord de l’abîme, les mains jointes et les jambes écartées. Il avait l’air constipé et prononçait des paroles incompréhensibles. Avec un grand « Ha ! », il tendit les mains vers le ciel. Une série de « poufs » sonores et de rires francs retentit, marquant l’apparition de deux dizaines de sous-fifres Yigas.

— Rien que d’y penser, ça me redonne la banane !

Kohga se félicita intérieurement de son jeu de mots et d’avoir improvisé en une demi-heure une telle diversion. Joignant les mains au-dessus de sa tête, il les pointa vers la droite et leva le pied gauche aussi haut qu’il le pouvait.

— Aujourd’hui !

Il passa sur l’autre jambe et tendit ses mains vers la gauche.

— Ici même !

Il tourna rapidement sur lui-même.

— Le chef suprême des Yigas, le Grand Kohga…

Il fit une autre pirouette et écarta les bras d’un air combatif.

— Va vous exterminer… Tous autant que vous êtes !

Sur ce, il invoqua une boule de métal géante et s’assit dessus, avant de la soulever par télékinésie. Les choses sérieuses pouvaient commencer.

- - - - - - -

Link et Urbosa quittèrent l’arène, laissant le Grand Kohga écrasé au sol comme une peau de banane. Sitôt que les ennemis de son peuple avaient quitté le repaire qu’ils croyaient vidé de tous ses occupants, Kohga souleva légèrement son masque et porta les doigts à sa bouche. Un curieux sifflement déchira le silence de la chaude soirée d’été et, aussitôt, tous les Yigas survivants réapparurent avec une série de petits « poufs » chargés de fumée. Ce repaire avait sérieusement besoin de réparations, et le Grand Kohga ne comptait pas s’y coller tout seul.

"""Un petit chapitre épique, ma foi fort sympathique, pour me faire pardonner de ma longue absence... Pauvre Kohga, il va devoir travailler ; ("""

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