Chapitre 48 Marika

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Kohga était épuisé et affamé. Il avait marché toute la journée sans manger et sans savoir où il allait, suivant la route indiquée par d’étranges statues semblables à des Gerudos, et avait fini par trouver un genre de bâtiment semblable à un palais ou à un temple. L’endroit était éclairé par de pâles lampes bleutées en forme de pommes de pin et n’était habité que par quelques tas de ferraille qui avaient sans doute été des robots un jour ou l’autre. Il y avait aussi une sorte de marmite en métal vert sous laquelle flambait une étrange flamme bleue.

L’ancien chef des Yigas se baissa et ramassa un champignon au pied bombé et au chapeau rose tacheté de jaune. Quand il entreprit de le découper avec la serpe coupe-gorge héritée de sa mère, un nuage blanchâtre semblable à un fumigène Yiga le fit suffoquer et tousser. Une fois le brouillard dissipé, il débita le champignon en fines lanières.

Le légume avait une chair gris-brun sèche et caoutchouteuse, et son odeur rappelait celle d’une pièce où la poussière règnerait en maître. En grimaçant, il le jeta dans la marmite et y ajouta les pétales d’une fleur violette qu’il avait ramassée en chemin. Il laissa mijoter le tout quelques minutes et se retrouva avec une soupe verdâtre et gluante dans laquelle flottaient des morceaux de pétales violacés. L’odeur qui s’en dégageait était peu alléchante et Kohga hésita un moment à l’idée de manger ce plat plus que douteux.

Finalement, Kohga se lança. Il regretta immédiatement sa décision.

Si les pétales avaient une saveur florale enivrante, la soupe elle-même était âpre et insipide, en plus d’avoir une texture horriblement collante. Quand Kohga réussit enfin à avaler la dernière bouchée fade et poisseuse du détestable mets, il tituba sur quelques mètres et s’écroula de fatigue à même le sol.

Kohga se promenait dans un jardin. C’était un jardin à la Sheikah, au sol de sable et de gravillons, qu’égayaient de petits îlots de verdure et des pierres d’un gris pâle tirant sur l’argenté. Au centre du jardin, sur une tache de verdure que traversait une rivière aux gazouillis tranquilles, se trouvait un genre de pavillon fait de tiges métallique gris sombre sur lesquelles s’enroulaient quelques plantes grimpantes aux fleurs jaunes et roses.

L’air portait le parfum familier des remèdes, mêlé de vanille et de fruit volt. Sans réfléchir, Kohga courut vers le pavillon et gravit les marches. Au centre, assises à une table de jardin en métal, une femme d’une quarantaine d’années et une fillette de douze ans prenaient le thé. Toutes deux avaient de longs cheveux noirs, le teint mat et des yeux verts et brillants. La première était grande, avec des hanches larges et un long nez pointu, alors que la seconde, petite et rondelette, tenait une serpe coupe-gorge de la main gauche.

En le voyant arriver, la femme se tourna vers la fillette.

— Kara, peux-tu aller cueillir quelques fleurs pour moi ? J’ai à parler avec ton père.

Puis elle fit face à Kohga.

— Cela fera cent vingt-sept ans demain, lui sourit Marika. Te souviens-tu de moi ?

Kohga acquiesça tristement

— Je ne peux rester longtemps, mais il faut que je te prévienne. Tu vas bientôt rencontrer Celle qui attend. Tâche de lui faire bonne impression, car c’est à vous deux que tient le destin d’Hyrule, si ce n’est du monde entier. J’aurais beaucoup à te dire, mais je ne peux pas le faire, pas ici, et pas maintenant, toutefois…

Un bouquet de fleurs à la main, Kara déboula sous la tonnelle et se jeta sur son père.

— Papaaaa ! piailla-t-elle alors que Kohga la serrait contre lui.

Puis elle lui tendit une fleur.

— Pour toi !

— En cas d’urgence, précisa Marika Kohga. Ne t’en sers que si…

Brusquement, Kohga se sentit aspiré en arrière. Il vit sa mère tendre le bras dans sa direction et crier son nom, puis tout devint noir.

Kohga s’éveilla, à moitié sonné. Sa joue droite collait à cause d’un filet de bave. Il se leva difficilement, maudissant son repas de la veille et cet étrange champignon poussiéreux. Il croyait avoir rêvé, mais il tenait de la main gauche une fleur jaune teintée de rose.

"""Ou quand l'auteure se fait plaisir et ramène un défunt personnage. Les prochains chapitres sont un peu chenil, mais je crois que ce sont mes préférés."""

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