— Qu’est-ce qu’il fait chaud !

La sphère orangée, maintenue au centre le la pièce par un axe vertical, éclairait la salle des machines comme en plein jour. Un entrelacs de tuyaux étincelants entourait ce soleil miniature d’un fouillis indescriptible.

— Un moteur, ça ?

Je tendis la paume. Contrairement à ce que présageait l’atmosphère étouffante, l’objet n’émettait aucune chaleur. La pulsation qui y palpitait dégageait un effet assez apaisant.

— Depuis quand t’es intéressée par les détails techniques ? Hart, ramène de quoi siphonner le réservoir.

— Et je trouve ça où ?

— Prends les poches de fluides des capsules… Les propres, pas les autres !

— Ça a l’air merdique comme plan…

Will s’affairait contre la paroi. Mon regard dériva vers les tourbillons énergétiques de la sphère. Comme le ciel et la poussière, elle me paraissait presque vivante. Je regrettais déjà de devoir m’en séparer, mais les crédits que sa revente nous apporterait restaient tout de même plus alléchants.

Une odeur nauséabonde envahit la salle.

— Sans commentaire, marmonna Hart.

Will pouffa, une main sur le visage.

— C’est du propre !

— T’as déjà bousillé une capsule de stase dans le brouillard ?

— Dans le br… Kay ! Il t’arrive de penser des fois ? Remets ça en place !

— Ben quoi ? Tirer d’abord…

— Là, t’as juste retiré le noyau du bouclier, soupira Will, les yeux au plafond.

Une langue de vapeur argentée glissait au niveau du sol, prélude à ce qui nous attendait à l’extérieur.

— J’ai pas envie de finir en squelette ambulant…

— Bouge alors !

Tout le paysage en surface était plongé dans un brouillard dense. Le vent était tombé, mais une multitude de grains de sable hésitants s’agitaient aux abords de la plateforme, sans toutefois en franchir les limites.

— Y a plus de champ de force. Qu’est-ce qu’ils attendent pour nous bouffer ?

Comme en réponse à un signal, les machines arrêtèrent net leur angoissant ballet. Le silence humide qui tomba sur la plaine ne présageait rien de bon.

— T’avais vraiment besoin de leur préciser ça là ? murmurai-je.

Les mouvements du sol reprirent, plus furieux que jamais. Une haute vague s’éleva face à nous, faite de crissements et de sifflements.

Je fermai les yeux, résignée.