Anti-professionnel

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Le gars se prénomme Fabien, il avait – à l’époque - dans les alentours de 29 ans et vivait à Mons. Bibliothécaire assez fraîchement diplômé, il avait été embauché par une agence de presse, Belga, pour une mission bien précise : pourvoir du contenu à un projet d’archives photographiques financé par l’Europe. Même si cela peut paraître peu passionnant, l’idée de plonger ses mains dans de vieilles illustrations de faits divers l’enthousiasmait. C’est dans ce contexte-là que lui est arrivé l’une de ses pires mésaventures professionnelles. Tous les trois ou quatre mois, Fabien avait la chance de pouvoir se rendre à l’étranger pour participer à des réunions avec les différents partenaires – des entreprises média de différents endroit de l’Europe. Ce coup-ci, l’événement prenait place chez Scanpix au Danemark. La veille du voyage, il avait bouclé en urgence sa valise et s’était assuré n’avoir oublié aucun papier. Après une nuit de sommeil nerveuse, il fut conduit par un proche à l’aéroport. Comme il était un peu juste sur l’horaire, il courut dans le terminal, se fit vérifier son billet et déposa sa valise au guichet d’enregistrement. A cause de son retard, on l’emmena directement au contrôle, qu’il passa sans, miracle, que rien ne sonna. Arrivé à la baie d’embarquement, il souffla et prépara ses documents. Il lui restait encore quelques minutes. Merde, s’exclama-t-il – en son fort intérieur-, ma carte d’identité ! Il ne la trouvait pas. Il fouilla sa veste et son pantalon. Une fois, deux fois, trois fois. Une suée froide coula le long de ses tempes. Il retourna son sac. Rien. Il ne l’avait vraiment pas. Merde. La voix appela les passagers à monter à bord. Il stressa. Recommença ses investigations. Merde, merde, merde. Toujours rien. Les voyageurs se mirent lentement en mouvement, il les regarda un à un tendre leurs documents puis disparaître par la porte d’embarcation. Il vit à travers la vitre l'avion se remplissant. Que faire ? Il ne savait comment agir. Il craignit d’être refoulé, pire il avait peur que sans sa carte il se retrouve bloqué, là-bas, au Danemark. Soudain, il sut, il se souvint. Elle était dans le jean qu’il portait hier ! L’imbécile, il en avait mis un autre ce matin ! Bientôt, il fut trop tard. Un employé tira un ruban, scella le passage, tous étaient monté. Sauf lui. En colère, désemparé et paniqué, il téléphona à Tom - son supérieur endormi. Il lui expliqua, complètement alarmé, la situation. Celui-ci ne se démonta pas, ne le récrimina pas, et très pragmatique lui intima - comme la réunion durait deux jours - de se rendre au guichet de la compagnie aérienne pour dégager une solution. Fabien s'y rendit et exposa une nouvelle fois la situation. On lui apprit que dans l'espace Schengen la carte d'identité est facultative ; le permis de conduire aurait amplement suffit. Merde. Quadruple merde. Quintuple merde. Fabien est consterné. Les employés lui proposèrent le premier vol du lendemain, avec réduction du prix. Geste qu'il apprécia et remercia. Puis, honteux, il informa Tom et celui-ci, toujours sans aucun reproche, lui demanda de le tenir au courant. Fabien, grâce à son proche remobilisé, rentra chez lui et trouva la mille fois maudite carte.

L'anecdote pourrait se terminer-là si ce n'est que quand la poisse est collée, elle est difficile à détacher. Le lendemain, il prit l'avion - le bon - , trouva les bureaux de Scanpix, se joignit – en retard - à l'assemblée et pu lors des pauses et du dîner d'affaire récolter les informations qu'il avait manqué. Bien sûr, il fut chambré. C'était naturel. Un tel niveau de bourde n'est pas courant. Mais, heureusement pour lui, pas méchamment. Probablement n'avait-il pas l'air d'un représentant très sérieux. Et bien sûr, il ne pu se départir d'un sentiment d'embarras. Il se sentit encore plus misérable au retour, lorsqu'il se rendit compte qu'il avait oublié un de ses T-shirt préféré à l’hôtel et qu'il réalisa qu'il avait perdu son portefeuille dans le bus qui l'avait ramené chez lui.

Oui, cet homme-là est un boulet.

Le pire c'est que cet homme-là, c'est moi !

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