Sur le petit balcon de son premier étage, Liliane bouquine, juste pour se donner une contenance, l’air de rien quoi !

Cela fait une demi-heure que, comme tous les jours, elle attend de voir passer son voisin.

Bien qu’adepte des romans policiers, elle est novice dans l’art de la surveillance, à tel point qu’elle se rend compte que le livre qu’elle tient fermement, est à l’envers !

Elle regarde son alliance, s’en veut de pensées qui sont autant d’accros à ses vœux de mariage.

Elle ne peut pourtant s’empêcher de laisser libre cours aux images coquines qui mettent son corps en émoi. Elle a honte de ces péchés de chair commis en rêveries, mais dont la moiteur elle, est bien réelle.

Comme chaque mercredi, elle ira se confesser. Elle aimerait expier sa faute, mais Dieu se fait fort, chaque jour qu’il fait, de la tenter. Quant aux conseils du prêtre… les « je vous salue Marie... » ne panse rien !

Les pas de son voisin sur le gravier de la cour la sortent de ses bigoteries.

Surprise, elle en oublie de se cacher derrière son ouvrage, toujours inversé. Il s’arrête, lève les yeux vers la lectrice, leurs regards se soudent.

Un brasier s’allume en elle. Sa bouche, sèche, s’ouvre et se ferme mimant des mots qui n’existent pas. Crucifiée par le sourire sardonique, elle sent des picotements naître puis s’intensifier jusqu’à en devenir intenables.

Le rire diabolique de son voisin déclenche la foudre d’une jouissance, à l'intensité inconnue, qu’elle hurle au voisinage tout en s’épandant sur balcon.

La diablerie du son moqueur s’éloigne alors qu’elle s’effondre, épuisée… là où son mari la trouvera, en rentrant…