Prise de pouvoir
1968 : Une année s'était écoulée depuis l'annonce du retrait britannique. Île Backlands s'apprêtait à devenir un état à part entière. La plupart des fonctionnaires étaient rentrés à Londres, les services de l'État étaient passés sous le Girond de Backlands et le gouverneur s'apprêtait à quitter l'île à l'issue de la cérémonie qui scellerait définitivement l'indépendance de Backlands. Les rues de la capital étaient parées des couleurs du nouveau drapeau de ce nouvel État. Au premier étage du palais était installé deux micros prêts à recueillir les discours officiels.
À l'heure dite Jefferson Hikill, Victor Walsh, Halde Evans, Roger Johnson et le gouverneur s'avancèrent à la fenêtre. Le gouverneur prît la parole :
« Suite au décret de sa Majesté la reine et en qualité de gouverneur d'île Backlands. Je vous notifie que la sortie d'île Backlands du royaume est effective. En conséquence, île Backlands est un état souverain. Symboliquement le drapeau de Backlands va être érigé en ce lieu faisant place à celui Britannique. Au nom de sa Majesté, je remets à Jefferson Hikill, Victor Walsh, Halde Evans et Roger Johnson l'administration de ce nouvel État. Vive l'Angleterre, vive île Backlands. »
Le gouverneur se retira aussitôt, applaudi par la foule. Les quatre hommes s'avancèrent au micro. Victor Walsh commença son discours.
« Citoyens, aujourd'hui est une journée historique, désormais c'est nous qui avons la responsabilité de notre territoire. Nous avons maintenant une place au rang des nations. De nombreux défis sont à relever mais ensemble, travailleurs et habitants de Backlands nous y arriveront. »
Halde Evans prononça à la suite son discours saluant lui aussi le nouvel État tout en affirmant le désir de s'ouvrir au commerce extérieur. Roger Johnson parla éducation et avenir pour la jeunesse.
Enfin, Jefferson Hikill se contenta de saluer l'indépendance dans un discours sobre. Cependant au fond de lui il savait que l'heure d'agir était arrivée. Son objectif était de donner l'image d'un homme en retrait par rapport aux trois autres codirigeant. Il laisserait prendre les décisions mais dans l'ombre il pousserait les trois hommes à s'écharper. Et quand viendrait l'instant, lui triompherait. Intérieurement il se réjouissait à l'idée d'enfin agir.
Le drapeau d'île Backlands était hissé et Jefferson Hikill s'en alla. Il devait se rendre à quelques pâtés de maisons, là où était abriter son bureau. Arrivé sur place, il franchit une porte d'entrée en bois de couleur verte des plus austères. Dans le couloir, sur un banc deux hommes vêtus de noir et le crâne rasé patientaient. Hikill passa devant eux sans dire un mot et pénétra directement dans son bureau. Il fit entrer les deux hommes.
« Messieurs, il est temps de passer à l'action ! » se contenta-t'-il de dire .
La nuit était tombée sur la capitale d'île Backlands, les ruelles du centre était, comme à leurs habitudes, mal éclairé par quelques réverbères. Vers une heure du matin, dans l'une d'elles, deux silhouettes apparurent s'en allant vers ce qui ressemblait à une petite boutique. Ce lieu était connu pour abriter le quartier général de Halde Evans. Les deux silhouettes s'en approchèrent et, sur le rideau de fer peignirent une inscription « à bas le capitalisme ».
Dix minutes plus tard, à quelques rues, c'est le quartier général de Victor Walsh qui fut victime de tag. « le patronat plus fort » était l'inscription peinte en blanc sur la façade. Jefferson Hikill venait de commencer à agir.
Le lendemain Hikill se rendit au palais d'État afin de retrouver ses homologues pour une réunion de travail. Lorsqu'il entra dans la pièce, l'ambiance lui parut froide. Il gagna sa place dans le silence environnant. Roger Johnson prit la parole :
« Mr Hikill, messieurs Walsh et Evans ont été victimes de tags sur leurs QG respectif.»
« Nous avons un pays à mettre en route. Messieurs tenez vos militants respectifs et cessez vos enfantillages !» répondit Hikill d'un ton ferme.
La réunion se déroula sans incident, des décisions diverses furent prises. Certaines à l'opposé des idées de Jefferson Hikill, qui néanmoins les approuva sans vraiment se prononcer.
Un mois et demi plus tard Halde Evans présenta une stratégie de commerce extérieur. Ce projet, Jefferson Hikill y était entièrement défavorable. Pour lui cela reviendrait à dépendre d'autres nations. Il n'affirma pas clairement son opposition mais il avait l'intention d'agir. De retour dans son bureau austère, il se mit à réfléchir au coup bas qu'il allait mijoter. Puis il convoqua les deux hommes de main.
« Messieurs nous allons durcir le ton ! » Se contenta de dire Hikill en expliquant le rôle des deux hommes.
Une nouvelle fois la nuit fut propice à l'action pour l'équipe d'Hikill. Des tracts dénonçant la dérive capitaliste furent disséminés dans la capitale. Un texte noir sur fond blanc sans aucun nom de mouvement associé. Plus tard, devant le quartier général de Halde Evans une automobile s'avança prudemment jusqu'à la petite boutique au rideau de fer. Une des fenêtres s'ouvrit et une main jeta une bouteille de verre contre le rideau. En se brisant, celle-ci libéra son contenu incendiaire et une boule de feu s'attaqua à la façade du bâtiment tandis que la voiture s'en alla précipitamment.
Encore une douce journée s'annonça sur île Backlands. Le soleil commençait à émettre de chauds rayons et Jefferson Hikill dans son petit appartement était attablé devant son petit déjeuner avec les nouvelles du jour à côté de lui. Bien sûr aux vues du bouclage celui-ci n'évoquait pas les évènements nocturnes. Ce calme matinal fut soudainement interrompu par la sonnerie du téléphone. Hikill se leva tranquillement et décrocha le combiné.
« Monsieur Hikill, vous êtes demandé en urgence au Palais d'État. Une réunion d'urgence est décrétée. »
Jefferson Hikill n'ajouta aucun mot et raccrocha. Dans le calme absolu, il sortit de chez lui et se mit en route. Encore une fois en entrant dans la pièce de réunion, il vit des visages fermées. c'est Halde Evans qui engagea la conversation :
« Je vous ai fait venir car je crains une vague de violences dans notre pays. Dans la nuit, un incendie a frappé la façade de mon bureau personnel. Fort heureusement l'incendie a été circonscrit rapidement évitant l'embrasement du bâtiment. Cependant je peux vous affirmer que celui-ci est d'origine criminelle. »
« Nous regrettons et condamnons l'incendie de votre local » répondit calmement Jefferson Hikill. « Mais je ne vois pas la raison d'en faire une affaire d'État ni l'intérêt de notre venue ce matin. Il est certain que chacun à notre manière, en étant garant de la réussite de notre pays, sommes amenées à créer des tensions contre nous. Mais cela demeure une affaire personnelle qu'il vous faut traiter avec nos autorités. »
« Monsieur Hikill et vous autres, chers confrères, je voulais aussi vous signifier que vous n'êtes pas à l'abri de ce genre de méfaits. »
« Merci Monsieur Evans de nous avoir alerté sur ce point. Je pense néanmoins que chacun d'entre nous doit veiller à sa sécurité et que si le besoin s'en ressent nous prendrons les décisions nécessaires afin que l'île et ses habitants demeurent en sécurité. » prononça Hikill.
L'entrevue se termina, chacun se sépara. Hikill en repartant se félicita du sentiment de panique qu'il avait ressenti chez Halde Evans. Il se rendit à son bureau personnel où il devait recevoir un visiteur. Après quelques minutes assis à son bureau, on l'averti que son rendez-vous était bien arrivé.
Un homme mince vêtu d'un uniforme aux cheveux rasés entra.
« Général Beltran, prenez place je vous prie. » dit Hikill d'un ton enjoué.
« vous souhaitiez me voir, M.Hikill ? »
« Je voulais vous parler de votre corps de métier. Je pense qu'il faut une armée forte, ce n'est pas forcément l'avis de mes collègues, mais c'est un programme que je veux appliquer. Pour cela j'ai besoin de votre aide et en retour c'est moi personnellement qui vous aiderais. Qu'en pensez-vous ? »
« En tant que militaire je ne peux qu'approuver. Mais en quoi puis-je vous aider ? »
« Voyez-vous, je pense que toute la sécurité d'île Backlands doit dépendre et être gérée par notre armée . Nous n'avons pas vocation à mener des actions militaires extérieur vers d'autres pays et aucune nation nous menace puisque pour eux nous n'avons aucun intérêt. Il nous faut une armée, mais quelles sont ses tâches à par tourner en rond dans une caserne ? Je veut en faire un corps de sécurité du pays qui soit polyvalent et professionnel, et reconnu comme tel. Bien sûr vous serez chargé de l'organiser comme cela. Mais j'ai besoin de vous pour une chose : Halde Evans et Victor Walsh ont des avis contraires et vont devenir ennemis. Il y aura des grèves et le pays sera au bord de la guerre civile. Malheureusement il y aura des morts ! Durant ces tensions j'aimerais que vous n'interveniez pas et ainsi laisser la situation se pourrir. Par la suite nous rétablirons la bonne marche du pays et vous serez personnellement chargé de la sécurité. »
« Comment savez- vous que Evans et Walsh vont devenir rival ? »
« Facile ! Je vais les y pousser ! Des fidèles militants de mon camp se sont infiltrées dans les rangs d'Evans et Walsh. Leur mission est de faire monter la tension entre les deux camps. Imaginer une action de l'un des deux qui dérape, ils s'accuseront mutuellement de semer la discorde. »
« Vous voulez donc que le pays soit plus militaire et écarter vos adversaires ? » Interroga Beltran.
« Absolument, cela vous pose problème ? » demanda Hikill
« Je suis militaire, je ne m'occupe pas de politique, néanmoins je ne peux qu'approuver une personne qui défend la cause de l'armée. »
« Parfait, on reste en contact et je vous fais signe. Je vous fais confiance pour préparer vos hommes. Si vous tenez votre part de marché, je saurais vous en remercier. Merci d'être venue, laissez-moi vous raccompagner ! »
Jefferson Hikill guida son visiteur vers la porte et retourna à son bureau. Il venait d'avancer un pion sur une partie d'échecs .
Au cours des mois suivants, les actions contre Halde Evans ou Victor Walsh où bien les deux se multipliérent. Comme l'avait prévu Hikill la tension monta entre les deux hommes s'accusant mutuellement de nuire à l'autre. Cependant un grain de sable dans le plan d'Hikill était présent. Roger Johnson, le troisième homme servait de catalyseur entre Halde Evans et Victor Walsh évitant la rupture entre les deux hommes. Il fallait désormais s'occuper de Roger Johnson et en cette fin d'année 69, Jefferson Hikill avait prévu de s'en occuper en personne.
Ce jour, Hikill sortit du conseil hebdomadaire lassé des décisions prises qu'il n'approuvait pas. Dans un premier temps il rentra chez lui. Un informateur à sa solde lui avait fourni l'emploi du temps de Roger Johnson, Jefferson Hikill connaissait donc le créneau où il devait agir.
À 20 h précises il quitta discrètement son appartement en laissant volontairement la lumière allumée. Il s'était vêtu de noir et portait une casquette noire dont la visière cachait en partie son visage. Hikill, d'après ses informations savait que Roger Johnson était dans le centre-ville de la capitale, plus précisément au siège de son parti où se tenait une réunion de comités. À la suite de cette réunion, Johnson prendrait sa voiture . Hikill arriva dans la rue et déambula afin de surveiller les environs et repérer d'éventuel mouvement suspect. Il se figea face au local éclairé et repéra la voiture de Johnson. Il resta figé à regarder autour de lui plusieurs minutes. Assurer qu'il n'y avait rien de suspect il traversa la rue déserte. Il s'approcha de la voiture et rapidement se glissa dessous. Équipé d'un couteau, il trancha partiellement les flexibles de freins reliés aux roues avant. Ainsi le liquide se déverserait petit à petit sans créer immédiatement le problème. Après cela Hikill sortit doucement tout en inspectant d'éventuel mouvement autour de lui. Il traversa et s'en alla furtivement.
L'horloge dans la pièce afficha 22 h 15 et la réunion venait de se terminer. Les foules commençaient à se dissiper. Roger Johnson resta seul afin de ranger et fermer son local. Il était exténué et son seul souhait était de rentrer chez lui. Il baissat le rideau et rejoignit sa voiture. Johnson montat directement dedans et démarra. Sa résidence était à l'écart de la capitale d'île Backlands et empruntait une route vallonnée. La sortie de ville se déroula sans encombre avec peu de circulation à cette heure-ci. Après la ville, la chaussée se réduisit et s'élevat . Arrivée en haut de la bosse, la route se mit à descendre et sur le milieu de la pente s'annonçait un virage en lacets que connaissait parfaitement Johnson. À l'approche de ce virage, Johnson pressa comme d'habitude sa pédale de frein : rien. Il appuya plus fort pendant que le véhicule continuait de prendre de la vitesse mais toujours rien ne se passa. Arrivé au point critique, il tira le frein à main. Dans un crissement de pneu, le véhicule continua tout droit et sortit de la chaussée. Celui-ci glissa sur l'herbe un instant en suivant la pente et percuta une roche dépassant du sol. Avec une vitesse encore conséquente, le véhicule décolla violemment de l'avant et se renversa en une série de tonneaux. La ceinture de sécurité n'existant pas encore dans les automobiles, Johnson se retrouva éjecté. À peine atterri sur le sol, son véhicule toujours en mouvement, lui passa sur le corps, tuant sur le coup Roger Johnson.
Brutalement, la sonnerie du téléphone se mit à retentir, Jefferson Hikill alluma la lumière et regarda son réveil. Il s'était demandé à quelle heure retentirait ce téléphone, il était 3 h 25 du matin.
« Monsieur Hikill, il s'est produit un accident. Nous avons retrouvé Roger Johnson mort. Il faut que vous veniez d'urgence. »
« Mort ? » Répondit Hikill. « que s'est-il passé ? »
« Un accident de la route, Monsieur. »
« J'arrive... »
Jefferson Hikill se rendit au Palais d'État et pénétra dans la salle de réunion. Evans et Walsh n'étaient pas encore arrivés. Ce n'est que quelques minutes plus tard que les deux arrivèrent l'air totalement hagard, le regard ne comprenant pas la situation. Le secrétaire du Palais prit la parole.
« Roger Johnson à subit une sortie de route en rentrant chez lui. Nous ne connaissons pas encore les circonstances exactes. Sa femme inquiète de ne pas le voir à signaler son absence. Les autorités ont retracé son parcours et sont tombés sur l'épave.»
« Roger Johnson était un homme intègre. » affirma Hikill. « Nous devons organiser un deuil national et nous lui rendrons hommage.
Halde Evans et Victor Walsh approuvèrent et chacun s'en alla faute de pouvoir faire plus.
Les drapeaux furent mis en berne et les trois hommes présentèrent leurs condoléances à la famille. Quelques jours après vint le jour du deuil. Hikill salua publiquement l'homme qu'était Johnson et son travail pour île Backlands devant la foule massée silencieusement sur la place centrale.
Éliminé un homme est mentalement difficile même pour un homme comme Jefferson Hikill mais il était certains que cela lui ouvrait une voie royale pour sa prise de pouvoir. Et c'était pour lui la seule finalité.
Une des conséquences de la disparition de Johnson fut la dispersion des militants dont une partie rejoignit les rangs d'Hikill. Lui n'avait qu'à adopter une attitude passive en attendant de frapper définitivement. En attendant ses militants infiltrées allaient avoir un rôle de premier plan.
Un projet de loi de Victor Walsh mit le feu aux poudres. Celui-ci visait la liberté d'entreprendre, ce qui ne plus aux dirigeants d'entreprises. Très vite ceux-ci décidèrent d'organiser une manifestation dans la capitale. Le cortège cheminait dans les rues de la capitale d'île Backlands selon le trajet prévu. Vers la fin de cette déambulation, le cortège rencontra un groupe de militants à la solde d'Halde Evans. Bien sûr cette rencontre n'avait rien de hasardeuse mais orchestrée par les hommes de Hikill Infiltrés dans les deux camps. Très vite le ton monta : d'abord des insultes puis des coups arrivèrent. Après avoir fortement incité les militants d'Evans et de Walsh à s'opposer, les hommes d' Hikill s'enfuirent discrètement. Des coups, des projectiles et plusieurs mouvements de panique apparurent. Les vitrines alentour furent brisées. Autour de ses heurts les policiers essayaient sans succès de rétablir l'ordre, prit eux-mêmes dans les incidents. Sur les bords de la chaussée, les militaires, eux, ne bougeaient pas, se contentant d'observer. Quelques gaz lacrymogène rendait l'air irrespirable sans pour autant calmer les ardeurs. Un porte-voix se fit entendre appelant les manifestants à rentrer chez eux. Cependant une large partie du cortège était déjà disloquée. On voyait ici et là des manifestants se roué de coups où s'en prendre aux policiers.
Enfin, après de longues minutes, le chaos laissa place à la désolation. Ce champ de bataille urbain laissait place à des images effroyables. Des corps, des corps étendue, inconscient ; des corps blessés dont le sang s'écoule dans les caniveaux, et des cris de douleur de personnes demandant des soins. Les secours arrivèrent à grand renfort cherchant à parer au plus pressé sans vraiment savoir par où commencer.
Jefferson Hikill, Halde Evans et Victor Walsh, en ce début de soirée, furent une nouvelle fois convoqués en urgence. Tous trois se retrouvèrent réunis dans la salle de conférences et furent informé des évènements.
« Mr Evans que faisaient vos militants à provoquer des militants pacifistes » pesta Walsh.
« Vos militants pacifistes ? Laissez-moi rire ! De plus dans ce pays , on doit pouvoir se déplacer sans risque de faire face à une bande de hooligan ! » Répondit Evans.
« Mes militants des hooligans ? » Cria Walsh. « Le responsable c'est vous Evans ! C'est vous qui avez mis ces casseurs à votre solde dans le but d'atteindre mes sympathisants, voire de m'atteindre ! »
« Oh ! woh ! Ça suffit ! » intervint Hikill de peur que les deux hommes en viennent aux mains. « Messieurs , vous êtes tous les deux responsables ! Mais peu importe, il y a la vie de citoyens de ce pays en jeu, peut-être aussi des victimes. Par respect pour ces gens comportons-nous en adulte ! Nous sommes à la tête de cet état pour le mener à sa grandeur et sommes garant de son unité. Aujourd'hui vous le diviser ! »
Bien sûr Hikill était pleinement satisfait de la situation qu'il avait provoquée et qui plus est évoluait dans le sens souhaité au travers des tensions entre Evans et Walsh.
« Et que proposez-vous Mr Hikill ? » Demanda nerveusement Victor Walsh.
« Je vous avais déjà prévenu de tenir vos militants respectifs. Vous n'avez pas souhaité le faire, la situation à dégénérer. Pour le bien de ce pays , si vous ne vous appréciez pas, ignorez-vous ! » argumenta Hikill.
Plus tard dans la soirée, Hikill fut informé du bilan des incidents : on avait recensé plusieurs centaines de blessés parfois dans un état grave et cinq personnes avait perdu la vie soit sous le coup des blessures ou bien victime du mouvement de foule.
Hikill avait eu l'effet escompté : Evans et Walsh se détestaient à présent et ne se parlait plus. Il y avait une rivalité entre les deux dirigeants. Par la suite, les heurts entre les deux camps se multiplièrent. Chaque jour qui passait rendait les rues de la capitale de plus en plus dangereuse. Les agressions étaient quotidiennes et des groupes de militants s'organisaient en milices dans le but d'atteindre l'autre camp. Un jour un groupe tira avec une arme à feu sur la façade du quartier général d'Evans. En fait un coup des militants Infiltrés d'Hikill. Le lendemain c'est Walsh qui dû subir le saccage de son QG. Ile Backlands se voyait désormais en guerre civile. Les armes étaient exposées aux grands jours et selon le camp où l'on se situait des zones de non-droit étaient de rigueur. Puis ce fut des scènes de combat . Les victimes se comptaient chaque jour plus nombreuses. Face à cette situation de non-retour il était temps pour Hikill de passer à la seconde phase de son plan : celle qui le mènerait seul au pouvoir.
Il convoqua le général Beltran dans son bureau personnel. L'homme arriva à l'heure prévue.
« Général merci de votre présence. Notre accord est toujours d'actualité ? » Interrogea Hikill.
« Je m'y suis tenu jusqu'ici Mr Hikill. »
« Je l'ai remarqué. Vos hommes sont prêts ? Vous allez entrer en scène. »
« Ils le sont, que devons-nous faire ? »
« Vous aurez deux missions. la première : procéder à l'arrestation d'Halde Evans et Victor Walsh. La deuxième : boucler la ville et rétablir l'ordre. Vous avez carte blanche pour cela. Vous pourrez tirer si nécessaire et tout homme armé devra se voir confisquer celle-ci. »
« Nous nous préparerons pour remplir ces objectifs. »
« Bien. Je vous laisse quelques jours pour affiner votre préparation et établir un plan. Pour ce qui est des deux arrestations voici comment nous procéderons : vous dirigerez un groupe, je dirigerai l'autre. Nous ferons acter la destitution d'Evans et de Walsh. Alors je prendrais la parole annonçant être le seul dirigeant de ce pays et vous annoncerais comme étant en charge de l'ordre intérieur et extérieur d'île Backlands. »
« Cela me va Mr Hikill. »
Et sur cette phrase les deux hommes mirent fin à leur entrevue.
Trois jours passèrent et un groupe de combat composé d'une dizaine d'hommes rejoignit Hikill. Le sergent se présenta.
« Monsieur Hikill, nous sommes à votre disposition sur ordre du général Beltran. »
« Parfait ! » Prononça Hikill d'un ton jovial. « Voici ce que nous allons faire. Vous et trois hommes m'accompagnerez, je vous annoncerais comme étant mon service de sécurité personnel. Vu les tensions cela paraîtra justifié. Bien sûr vous serez en civil. Les six autres patienteront en embuscade, nous les ferons entrer dès que possibles. L'objectif, je vous le rappelle, est d'atteindre Victor Walsh. Des questions ? »
« Non monsieur, je vais préparer les hommes. »
Jefferson se retrouva donc entouré de quatre hommes en costume sombre cachant des armes sur leurs corps.
Les quatre hommes légèrement en retrait, Hikill entra dans le palais d'État. Il contempla les murs et la décoration en se disant qu'il serait désormais chez lui ici . Il entra dans la pièce qui lui servait de bureau, ordonna la surveillance de la porte à l'un des hommes qui restat dans le couloir. Hikill ouvrit la fenêtre derrière son bureau et lança une corde dont l'autre bout venait d'être nouée au rebord. Un à un et furtivement les six hommes grimpèrent et se retrouvèrent réunis dans le bureau d'Hikill. La corde fut rapidement remontée et la fenêtre refermée.
Hikill sortit de son bureau suivit des quatre hommes toujours en costume. D'un pas déterminé il se dirigea vers le bureau de Victor Walsh. Sans prendre la peine de frapper, il tourna brusquement la poignée de la porte. Victor Walsh, surpris de cette entrée soudaine, n'eut pas le temps de réagir. Hikill prit la parole.
« Victor Walsh, vous êtes en état d'arrestation et êtes immédiatement destitué de vos fonctions à la tête de ce pays. » annonça-t'-il froidement.
« En arrestation...mais pourquoi ? » Demanda un Victor Walsh visiblement déboussolé.
« Vous osez demander pourquoi ? Vous ne savez pas gérer le pays et avez conduit toute la nation au désastre. Vous avez mené l'île à la guerre civile. Vous êtes incompétent Monsieur Walsh et vos agissements ne sont plus tolérés. » lança Hikill en se tournant vers le sergent. « Embarquez-le ! »
Victor Walsh ne put opposer de résistance, les soldats le saisirent sans ménagement.
Pendant ce temps, à l'autre bout de la capitale, le général Beltran posta ses hommes de façon à encercler le quartier général de Halde Evans. L'homme était entouré de gardes en armes. À l'aide d'un haut-parleur, Beltran lança l'ordre de déposer les armes à Evans. Aussitôt les hommes d'Evans se mirent en position et commencèrent à tirer. Beltran ordonna un tir de riposte. Les soldats de Beltran, entraîné, touchèrent plusieurs miliciens qui finirent par se retrancher dans le bâtiment.
Du côté du désormais Palais présidentiel les soldats avaient pris le contrôle du lieu et Hikill s'apprêtait à prendre la parole. Avertis du siège qui se tenait par le général Beltran, on fit porter des hauts-parleurs dans le but de persuader les miliciens de se rendre.
« Citoyens messieurs Walsh et Evans conduisent l'île à sa perte. Ils ont impunément causé la mort de nombre d'entre nous. Dans le but de faire cesser cela, dans le but de rétablir l'ordre, j'ai décidé de prendre le pouvoir. Halde Evans et Victor Walsh répondrons de leurs crimes. Je vous annonce ma décision de nommer le général Craig Beltran en charge de la sécurité intérieure et extérieure de ce pays. Toute personne circulant sans papier ou s'opposant aux différents contrôles sera emprisonnée où tuée. Je contribuerai au rayonnement d'île Backlands et rendrai l'île à ses habitants. Ainsi j'ordonne l'expulsion de toute personne n'ayant pas la nationalité de Backlands. Cela vaut aussi pour les touristes désormais indésirables sur cette île. Halde Evans et Victor Walsh sont une honte pour ce pays et demeureront emprisonnés. J'en appelle à Halde Evans de se rendre afin que le sang cesse de couler. En ce qui concerne ma présidence, j'ai décidé de loger en ce lieu afin de redresser immédiatement l'île. Ensemble nous ferons la grandeur d'Ile Backlands. »
L'armée se dispersa dans la ville établissant de nombreux points de contrôle. Le siège du quartier général de Halde Evans se poursuivit plusieurs heures durant. La zone resta figée. Puis, en début de soirée, une personne agita un tissu blanc en signe de reddition. Les soldats pénétrèrent dans le lieu tout en procédant aux arrestations.
Victor Walsh et Halde Evans furent jeter en prison dans l'isolement le plus complet. Dans toute la ville, un couvre-feu rendait les rues calmes. Ponctuellement, des opérations militaires étaient organisées afin de saisir les armes dans les caches. De même des personnes furent arrêtés, accusée de complicité.
Ce soir-là, Hikill se rendit sur la côte, il foulat le sable blanc de la plage, seul. Il venait de triompher et en était soulagé. Ce coin de plage était son endroit préféré. Il appela le sergent chargé de sa sécurité.
« Ici vous ferez construire ma villa, je la veux grande avec personne autour.»
« Bien Monsieur. » se contenta de répondre l'homme.
« Maintenant mettons-nous au travail ! Il est temps de mettre le peuple dans le rang. »
Au cours des jours suivants Jefferson Hikill fit appliquer une nouvelle constitution lui octroyant les pleins pouvoirs. La nouvelle constitution actait que, désormais, tout habitants d'île Backlands était au service de son chef d'État et par conséquent qu'il ne pouvait y avoir d'opposants. Il accorda à l'armée les pleins pouvoirs en matière de sécurité. Le corps de police fût dissous. Toute tentative d'opposition conduisit leurs auteurs directement en cellule. Toutes les frontières maritimes et aériennes furent fermer, ainsi l'état d'île Backlands était désormais coupé de tout lien avec les nations étrangères. Hikill engagea une parfaite autonomie et un asservissement à son profit.
Rapidement la villa de Hikill sortit de terre et l'homme se déplaça fréquemment de celle-ci au Palais d'État et inversement. Autour de lui une sorte de cours prêt à toutes les atrocités pourvue que le chef suprême en soit satisfait. Jefferson Hikill savait que son pouvoir et son emprise allait durer plusieurs décennies voir jusqu'à sa mort. D'ici là, il profiterait de chaque instant et n'hésiterait pas à rappeler sa suprématie.
Annotations
Versions