Ce bar la, c'était un étouffoir. Le doute en guise de mouchoir et la gêne, la grosse main qui me l'enfonçait dans la bouche.

Je prenais le temps, pas a pas, avec l'évidence de plus en plus identifiable.

Elle était assise la, devant mes yeux.

-Alors t'as muri ?
-Il parait.
-T'en a d'la chance.
-C'est le cours de la vie.
-C'est c'que tu voulais non ?
-Oui.
-T'en a d'la chance.
-C'est tout a fait normal.
-Ah, excuse moi de ne pas être normal, je suis pas normal, j'ai jamais été normal.
-Mais toujours clairvoyant.
-Exactement, c'est ma plus fidele qualité.
-T'en a d'la chance…
-Excuse moi… Je… je t'ai vu de la bas, j'suis avec des amis, je t'ai reconnu de dos, j't'ai reconnue tout de suite, cette élégance.
-Quand t'es dans un bar, toutes les filles sont des déesses.
-… Je serai pas venu te parler si j'n'avais pas commandé un panini que ce petit fils de pute de serveur viens de déposer il y a 5min a deux doigts de ton sein gauche, sache le. Parait qu'dieu est un bout en train.
-Parait qu'dieu n'existe pas.
-Il n'empêche, notre avenir n'a jamais existé, pourtant, en y croyant fort, il était plutôt drôle.
-J'trouve pas.
-La situation causasse dans laquelle on se trouve le prouve, non ?

…

…

-Ton panini va refroidir…
-Je sais… Salut ******
-Salut ****

Je me suis retourné et j'ai marché comme il me semblait courir. Mon visage s'est durci, mon sang s'est électrisé. C'était l'image de la pomme, juste la, au comptoir. Je me suis assis sur la banquette, j'ai soufflé. Tout était sonorité aux alentours, le chaos total. J'ai mangé mon panini, je suis sorti dehors et j'ai couru vers la paix..