Tout commence par une matinée
J'entendis ma mère frapper à ma porte, me demandant si j'étais réveillé. Je me suis empressé de recouvrir tout mon corps jusqu'à mon nez et attendis que ma mère entre. Elle ne se fit pas prier car elle fut dans ma chambre deux secondes après.
- Tu as attrapé froid mon lapin ? demanda-t-elle en venant toucher mon front.
- Non, je ne peux pas avoir un rhume avec une mère qui contrôle la glace, répondis-je.
- De la fièvre alors ? persévèra encore ma mère en fronçant légèrement ses sourcils. Tu sais, ce sont les signes que ton alter va se déclencher.
- Maman, on en a déjà parler. Je n'ai plus douze ans. Mon alter n'a plus aucune chance de se déclarer. Et puis, ça me convient de ne pas en avoir, répliquais-je en levant les yeux au ciel.
- Mon lapin, je me fais vraiment du soucis pour toi. Je sais bien que tu as seize ans, que tu es au lycée, mais le harcèlement peut revenir, tu le sais bien.
- Maman, t'es vraiment un amour mais ne t'en fais pas. Il y a Ivan et Maya qui sont prêts à m'aider à m'intégrer.
Elle esquissa un sourire timide et vint embrasser mon front avant de sortir. J'ai patienté encore un peu avant de sortir de sous mes couettes. J'ai entendu ma soeur allumer l'eau de la douche, puis hurler soudainement que l'eau était gelée. J'ai ricanné légèrement et je suis allé chercher dans mon armoire de quoi m'habiller aujourd'hui. J'en ai ressorti un pull beaucoup trop grand pour moi, un jean noir ainsi que des chaussettes. J'ai enfilé le tout et ai mis mes baskets, plutôt content du résultat.
Une fois fait, je me suis planté devant mon miroir puis ai passé une main dans mes cheveux noirs pour les coiffer un minimum. Peine perdue car ils ne voulaient pas s'applatir. J'ai soupiré en me répétant qu'au moins leur aspect négligé ferait ressortir mes yeux. J'ai attrapé mon sac de cours, jetant à l'intérieur tout ce dont j'avais besoin aujourd'hui avant d'attraper un masque et des gants. Mes blessures avaient empirées.
Je suis descendu bruyamment de mes escaliers faisant grogner d'épuisement mon père qui râla contre ses stupides marches en bois. J'ai rigolé un peu, mon père ayant le don de se plaindre contre tout et rien à la fois.
- Eliott, tu ne dis plus bonjour à ton papounet d'amour maintenant ? plaisanta-t-il en venant frotter mes cheveux.
- Papa ! Je viens tout juste de les arranger !
- On dirait Manon. Toujours à prendre soin de vous tout le temps. Tu es malade ? demanda mon père en remarquant mon masque.
- Oh, ça ? Je crois bien finalement, mentis-je en devenant rouge. J'ai un petit rhume je crois. Mais ne dis rien à ma..
- Chérie ! Eliott a un rhume !
Ma mère arriva rapidement et se jeta sur moi. Elle essaya de prendre ma température mais je me suis sauvé un peu avant que les bras de mon père ne me retiennent, m'attirant des regards surpris.
- Ne vous en faites pas, je vais porter ce masque toute la journée pour ne pas manquer les cours. Pas besoin de vous prendre la tête avec ça, je vous assure.
Je les ai salué de la main et je suis sorti, m'aventurant dans la rue pour aller en cours. J'ai jeté un regard en arrière et j'ai soupiré d'épuisement. Mes parents s'étaient bien trouvés.
Ma mère, elle, maîtrisait la glace et était une vrai maman poule. Mon père, lui, pouvait contrôler la lumière mais pas celle du soleil. Il était comme ma mère, un papa poule. Je tenais de mon père mes cheveux noirs et de ma mère mes yeux jaunes. Pour le caractère, c'est un grand mystère.
J'ai entrevu Ivan au coin d'une rue et je me suis empressé de le rejoindre. En me voyant, il m'adressa un sourire et embrassa mes joues, couvertes par mon masque, une fois que je fus à ses côtés.
- T'as attrapé froid alors que ta mère est une glacière sur pattes ? se moqua-t-il.
- Surprenant hein ? Même moi je me suis demandé comment c'était possible.
- Depuis toujours tu es hors-norme. On ne devra même pas s'étonner quand tu obtiendras ton diplôme sans révisions. Mec, t'es sûr de ne pas être télépathe ou autre ? Jamais tu révises et pourtant tu as de supers bons résultats ! J'en suis jaloux !
- Ahahah, non, on a essayé de débloquer mon alter à l'hôpital à mes douze ans quand il ne s'est pas déclenché. Je ne sais rien faire, pas même être télékinésiste.
- Et traverser les matériaux ? demanda-t-il en se mettant enfin à marcher.
- Non, j'ai eu une bosse pendant deux semaines, tu te rappelles ?
Il ricanna un peu et passa une main dans ses cheveux blanc. Je comprenais bien qu'il voulait m'aider mais bon. Lui il a un alter, pas moi. Même s'il pensait savoir ce que je ressentais il n'en avait pas la moindre idée. Même ma famille ne comprenait rien. En toute logique, je suis supposé avoir un alter, mais non. Je n'en n'ai pas. Enfin, à leurs yeux.
Comme les rues étaient bondées, nous avancions assez difficilement. Il y avait beaucoup trop de monde et c'était très dur de progresser. Je me suis même heurté à un policier dont l'alter est de pouvoir durcir son corps en rocher. Ce qui était le cas actuellement.
- Doucement mon garçon ! Il va falloir faire un détour, ce n'est pas possible de passer actuellement, m'averit le policier en essayant de me cacher la scène.
- Et pourquoi donc ? se mêla mon ami en s'approchant. Que je sache il n'y a pas de travaux.
J'avais compris sa manoeuvre. On l'avait fait une bonne centaine de fois. Il essaya de passer mais le policier l'en empêcha me permettant de passer. Le policier le remarqua et essaya de m'attraper mais Ivan en profita pour lui aussi passer.
On entendit le policier grogner de mécontentement mais on continuait d'avancer pour pouvoir voir la scène. On était enfin arrivé devant ce que nous ne devions pas voir et la scène me glaça le sang.
Il y avait ces fameuses personnes. Celles qui avaient tourné dans le mal après que leur alter soit beaucoup trop conséquents pour eux.
Un homme couvert de cicatrices et de plaies venaient tout juste de conduire un civil à la mort avec sa voix tandis que son acolyte électrocutait quiconque avait l'audace d'intervenir. On pouvait compter sur le sol une bonne vingtaine de morts et au minimum une dizaine de blessés. Au centre se dressait une silhouette encapuchonné qui faisait disparaître une jeune femme, molécule par molécule. Mais en arrière se tenait un autre type couvert de la tête au pieds. Il regardait juste cette tuerie, en silence.
Ivan serrait ses poings, ses yeux hurlants toute sa rage. Moi, je restais neutre. Cette scène était violente, choquante. Mais en se mettant à leurs places, je comprenais parfaitement leur agissement. Leurs pouvoirs les opprimaient et avaient terrifiés les personnes qui n'avaient pas cherché à les aider ou même à essayer de les intégrer à la société. Ils s'étaient retrouvés livrés à eux-mêmes, ne sachant pas comment les contrôler.
- J'arrive pas à croire qu'ils gâchent leurs alters au lieu de les mettre au service de la justice, marmona furieusement Ivan. C'est immonde ce qu'ils font. Ils font du mal à une ville qui n'a jamais rien fait contre eux. Ils devraient en être reconnaissant mais non. Toi et moi on ne sera jamais comme eux, hein Eliott ?
- Ou..ouais...
On continuait de regarder mais je sentais bien que mon ami mourrait d'envie d'intervenir et d'enfin réaliser son rêve. Mais il ne bougeait pas, accumulant sa colère interne devant l'impassabilité de l'autorité à ne pas agir.
- Bon ! Vous allez vous bouger quand !? s'exclama une femme contre les policiers qui n'ôsaient presque pas faire un seul geste. Il y aura encore plus de victimes si vous les laissez faire ! Et peut-être même un otage !
Celui qui ne faisait rien dû l'entendre car on entendit un rire rauque résonner en provenance du criminel immobile qui jeta sa tête en arrière avant de se reprendre.
- Un otage ? Bonne idée mam'zelle ! Voyons... Qui vais-je prendre ? se questionna-t-il en scrutant la foule. Pourquoi pas ce petit !
Aucun cri n'eut le temps de fuser quand je me suis retrouvé soudainement pris en otage par les criminels. Celui avec le rire rauque invoqua un portail et alors que les policiers se jetaient vers lui en une attaque collective, tous les criminels sautèrent dans le portail et disparurent.
Avant d'être moi-même englouti, j'entendis Ivan crier douloureusement mon nom, se jetant sûrement dans ma direction, sans doute pour tenter de me sauver, lui aussi.
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