GUEULE DE BOIS
GUEULE DE BOIS
Hou la la!!! quelle nuit, j'ai un mal de tête terrible et lancinant, aujourd'hui je n'ouvre pas les yeux. De toute manière la lumière doit être trop agressive et me cloue au lit pour le reste de la journée, je le sens et je le sais déjà.
Eh oui, hier je n'ai pas été assez méfiant , j'ai abusé de ce bon petit coup de rouge rassénérant, mon copain "le rouquin" , c'est vrai qu'il est bien bon, je n'ai encore (une fois de plus) pas écouté ceux qui s'accordent à dire que l'abus de ce joyeux nectar nuit à la santé.
Un homme averti en vaut deux; je dis même plus en voit deux dans mon cas, quand la limite est franchie.
Bon voilà aujourd'hui j'ai la nausée, j'ouvre un oeil tout tangue autour de moi : "Le lit bouge on dirait!" une forte démangeaison me rappelle à mon corps, et plus particulièrement à l'oeil que je viens d'ouvrir, il faut absolument que je le gratte!
Aie !! il va vraiment falloir que je me coupe les ongles, quel andouille: je me griffe la paupière ! (je sens quelque chose qui coule) et en plus jusqu'au sang! je vais être beau tiens! j'imagine déjà les gausseries acerbes des collègues de travail: "Hé, Hé, tu embêtes trop ta femme!, et gnan gnan gnan!"ou "au lieu de te raser l'oeil tu aurais mieux fait de te tailler le poil que tu as dans la main! c'est plus urgent et gnan gnan gnan!"
Il faut vraiment que je vérifie les dégâts! qu'est-ce qui me prends de me gratter aussi frénétiquement? j'espère que je ne me suis pas trop amoché l'oeil!?
Je suis rassuré malgré qu'il fasse encore très sombre dans la chambre, je me surprends à voir, et même que les contours des meubles sont plus précis, il me semble même que ma vision soit plus nette, qu'elle soit plus affutée aussi; bizarre, étrange non?
Enfin tout va pour le mieux, par contre cela remue méchamment à mes côtés : çà m'énerve! çà m'énerve…Pourtant je suis calme comme mec, hyper cool même, il y en a qui dise que je vais très vite (un petit peu), au travail, on dit souvent que j'ai le tempérament d'un fruit de mer, voire même d'un bulot!
Mais ce remue-ménage sous les couvertures est terriblement excitant et presque insupportable; peut-être est-ce ma compagne qui veut réveiller la bête qui sommeille en moi? Tu vas voir çà va être ta fête! je me jette sur elle tout énervé, comme un fou, çà bouge! çà bouge…je n'arrive pas à l'attraper!
Et pim! je reçois une claque, pas trop violente mais quand même je pousse un cri de protestation en même temps j'entends un MAOUH de gros chat et la voix de ma compagne:"Minet! mon petit rouquin! arrêtes de t'acharner sur mon pied!" Silence dans la pièce, et un ronronnement timide se fit entendre, puis, un bruit de mobylette crescendo… Ce sont les caresses qu'elle me prodigue sur la bedaine que je sens velue qui font monter ces bruits assourdissants hors de moi.
"Poil de mess poils, chair de ma chair!"rajoute t-elle en me titillant le gras du ventre"petite panchetta d'amour"
Mais à qui parle-t-elle comme cela? et je sens ses mains sur mon corps velu, VELU? VELU? VELU? "ALLUMES LA LUMIERE!!!" mais non ce n'est pas la peine j'y vois très bien! je suis dans la peau du chat, oh! non pas çà! Le gros matou roux de la maison MERDE! j’imagine déjà les plaisanteries douteuses de mes collégues sur ma nouvelle démarche féline, hum! hum!
Soudain une crainte énorme, une peur terrible m’envahit, une terreur sans nom, indescriptible; je me courbe vers le bas de mon entre-jambe (tiens je n’ai plus mal au dos et quelle souplesse!) j’ose mater entre mes cuisses: Eh oui c’est la totale ! je suis évidemment CASTRE, CHATré, plus de roupettes,! mes jolis pompons ont disparu! RE-MERDE!
J’aurai jamais dû lui faire cela, Elle n’aurait jamais dû lui faire cela, (pour son confort soi-disant) j’aurai jamais du l’écouter, voilà où j’en suis avec mes conneries, ou plutot les siennes!
Et lui Abricot où est-il? j’espére que nous ne sommes pas deux esprits dans cette si petite peau! je jette un regard alentours et rencontre dans le noir deux yeux mordorés presque jaunes, il dodeline de la tête et ferme les yeux de temps en temps, le regard ailleurs, occupé. Oh le salaud! j’ai à peine tourné le dos qu’il s’occupe! l’enfoiré s’occupe de ma femme! il s’agite sur elle , le derriére agité, je vais lui sauter sur les miches toutes griffes dehors ,on va voir ce qu’il va faire!
Oh! et puis aprés tout qu’il se débrouille on verra s’il est à la hauteur... Le lit tangue gentiment ce qui n’est pas pour me déplaire, un ronronnement sourd s’éléve de ma poitrine, je ferme à demi les yeux et ma rêverie m’emméne tout doucement vers des contrées lointaines:
J’ai au moins une bonne nouvelle, je ne vais plus aller travailler, finis les remarques acerbes de mes collégues, finis leur glissement presque sous la chaise quand la directrice décide de me harceler jusqu’à ce que je me léve, les larmes et ma fiérté ravalées. Finis leur silence quand j’entre dans la piéce comme s’ils parlent de moi, ou peut-être de ma cravate originale? que je ne serai plus obligé de porter parce que ma gentille épouse me l’a offert pour mon anniversaire!
Que je ne fêterai plus puisque je n’ai QUE sept vies quel bonheur! j’ai du temps pour faire plein de choses que je n’ai jamais le temps de faire : une cabane au fond du jardin amménagée dans l’esprit zen avec un bouddha aux jambes croisées, je rêve d’aller y faire un tour, m’enrouler en boule dans les coussins aux couleurs chatoyantes, me reposer, contempler le lieu, m’en imprégner et puis peut-être quand je commencerai à me sentir seul y amener...
- «Dis tu peux pas mettre le chat dehors , je n’y arrive pas..., il me géne sur le lit! tu le sais je n’ai jamais aimé les animaux dans la chambre et encore moins dans le lit!»
- «Oh ! voilà çà va être de ma faute s’il n’y arrive pas, quel lâche!, même pas il assume! je sens une main sur la peau de mon cou, instinctivement je me recroqueville, j’ai la sensation de flotter dans l’air puis le sol froid du carrelage sous mes pattes, la porte de la chambre se referme sur ma solitude. Soudain une formidable odeur arrive à mes narines, qu’est-ce que çà sent bon, je me mets en quête de la trouver, truffe au vent, je sens une vieille piste, non pas là,...pas par là non plus... ah oui là c’est plus frais, avec ma nouvelle souplesse je me glisse sous le bureau, oh là c’est le bonheur, il fait sombre mais je tombe sur la merveilleuse odeur, les babines m’en tombent et l’eau me vient à la bouche! qu’est-ce que c’est?! cela bouge! zut je le rate, toutes griffes dehors je la rattrape d’un bond, je ne la lache plus cette fois ci, je lui intime le silence à cette petite bête, en la croquant délicieusement et sans remords, «elle n’a qu’a pas m’affoler les sens comme cela! j’en bave presque! et puis les galipettes au lit çà nourrit pas son homme, oups ! son chat maintenant!» je me pourléche les babines en regardant d’un oeil torve ce qui reste sur le sol : «çà hors de question de le manger, elle pourrait avoir une sale maladie, pas le moment d’être malade dans ma nouvelle situation, et puis je ne peux pas le dire»
«c’est vrai çà! comment je communique? je vais essayer», d’abord je me racle la gorge (il me reste
quelques poils qui me génent) puis timidement je pousse un petit miaulement: «miaou!» Rien pas de
mouvement je réessaye « miAou!» toujours rien! « miAOU!» rien de rien ! ouh ! je vais m’énerver:
«MIAAAOUOU!» la porte s’ouvre enfin : un énorme coussin surgit de nulle part m’atterit sur le crâne,
il est tellement lourd que mon menton touche le sol et je sens mes dents claquer! c´est le trou noir:
rêves! souris! femme! odeur! souris! et je souris béat (béta,oui) enfin dans les bras de M......
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