Retraite
Aujourd’hui, il a l’air de faire beau. Comme hier. Et comme avant-hier. Je crois…non, je dois me tromper, il a plu. La météo reste la seule chose changeante actuellement, avec les températures. Les arbres, les bâtiments voisins, les quelques corbeaux se battant en duel, eux demeurent les mêmes. Un peu de tout en somme ; pas mal de rien à vrai dire. Mon unique fenêtre sur le dehors ne peut me proposer mieux. Cette maigre perspective a suscité en moi une conviction amère jusqu’au dégoût. Ou plutôt deux. La première : le monde existe. La seconde, je n’en fais pas partie.
Pourquoi ne pas le rejoindre ? L’envie ne manque pas, l’énergie si. Rien que de me lever nécessite une force qui m’a échappé voilà plusieurs mois. Je l’ai consumée pour cette raison d’ailleurs : devenir un membre de…
Hm…
Mon souci se trouve sans doute là.
Il a fallu tout sacrifier, jusqu’à parier ma vie, pour réaliser ceci : je ne sais pas par qui j’ai voulu être accepté. Le monde ? L’humanité ? Tous deux trop abstrait pour justifier mes peines. La société ? Un mensonge. Nécessaire, certes, mais un mensonge tout de même. Les autres ? Pas un enfer comme j’ai pu le lire quelque part, simplement des individus qui vont et viennent dans nos vies. Mes proches ? ils assurent m’avoir toujours considéré comme un des leurs. Le bas désir de leur reprocher un manque de considération me traverse souvent l’esprit. L’embarrassante réalité me tempère, il aurait mieux valu que je les écoute davantage. Et sans eux, pas la peine d’espérer sortir de cette petite chambre.
En attendant, une nouvelle quête s’impose à moi : trouver un nouveau sens à mon existence. Ça tombe bien, le temps ne risque pas de manquer, il ne s’écoule plus dans cette pièce.
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