Chapitre XIII : Mind games
En arrivant à l'hôpital, Charlotte se dirigea directement vers la chambre de Marina, voulant s'assurer qu'elle allait bien après les événements de la veille. Elle salua d'un signe de tête les autres membres du personnel médical et les patients qu'elle croisa dans les couloirs. À l'entrée de la chambre de Marina, Charlotte prit une profonde inspiration, se préparant mentalement à la rencontre.
Marina était assise sur son lit, semblant plutôt calme par rapport à l'état dans lequel elle se trouvait la veille. En voyant Charlotte, elle lui adressa un sourire énigmatique et demanda d'un ton presque moqueur :
— Avez-vous bien dormi, Madame Winger ?
La question prit Charlotte par surprise. C'était comme si Marina savait ce qu'elle avait rêvé la nuit dernière. La psychiatre se ressaisit rapidement, ne voulant pas montrer sa surprise ou son inquiétude. Elle se contenta de répondre d'un ton professionnel :
— Je vais bien, merci. Comment te sens-tu ce matin, Marina ?
Marina haussa les épaules, toujours avec ce sourire étrange sur son visage.
— Comme d'habitude, répondit-elle.
Charlotte hocha la tête, essayant de ne pas laisser son inquiétude transparaître. Elle sortit la boîte de médicaments de sa poche et en versa quelques-uns dans la paume de sa main.
— C'est l'heure des médicaments, dit-elle en tendant les pilules à Marina.
Marina prit les pilules sans protester, ce qui était une petite victoire en soi. Charlotte savait que cela ne serait pas facile, mais elle était déterminée à faire tout ce qui était en son pouvoir pour aider Marina à se rétablir, même si cela signifiait faire face à ses propres peurs et inquiétudes.
Alors que Charlotte se préparait à quitter la chambre, elle fit un dernier check-up visuel sur Marina, s'assurant qu'elle n'avait pas de détresse visible ou d'inconfort après avoir pris ses médicaments. Juste au moment où elle mettait la main sur la poignée de la porte, Marina dit quelque chose qui la fit se figer sur place.
— Vous passerez le bonjour à Daniel et aux filles, dit Marina, un sourire sombre et énigmatique aux lèvres.
Charlotte se tourna lentement vers Marina, le regard plein de questions. Comment pouvait-elle connaître le nom de son mari ? Charlotte essaya de garder son calme, mais il était clair que le commentaire de Marina l'avait troublée.
— Je ne sais pas de quoi tu parles, Marina, dit-elle d'une voix calme mais ferme. Je vais te laisser te reposer maintenant. J'espère que tu passeras une bonne journée.
Sans attendre de réponse, Charlotte quitta la chambre, la porte se refermant derrière elle avec un bruit sourd. Elle se dirigea vers son bureau, essayant de chasser les paroles de Marina de son esprit, mais elle savait que cela ne serait pas facile. Elle se sentait de plus en plus convaincue que quelque chose de plus sinistre était à l'oeuvre ici, et elle était déterminée à découvrir ce que c'était.
Charlotte ne pouvait pas échapper au sentiment d'être observée, même en présence de ses collègues. Elle se sentait vulnérable et exposée, et cela la rendait furieuse. Elle n'était pas habituée à se sentir impuissante.
— Quelqu'un a-t-il parlé à Marina de ma vie privée ? demanda-t-elle de manière abrupte lors d'une réunion d'équipe. Ses collègues la regardèrent, surpris par son ton accusateur. Je veux dire, elle connaît des choses qu'elle ne devrait pas savoir.
Ses collègues échangèrent des regards inquiets.
— Non, bien sûr que non, répondit le Dr Thompson, un collègue psychiatre. Personne ici ne discuterait de la vie privée de quiconque avec un patient.
Charlotte hocha la tête, mais elle n'était pas convaincue.
— Bien, si quelqu'un l'a fait, je voudrais le savoir. C'est très important.
L'atmosphère dans la salle était tendue. Ses collègues étaient clairement mal à l'aise face à son interrogation agressive, mais elle ne pouvait pas s'en empêcher. Elle devait savoir si quelqu'un l'avait trahie.
Après la réunion, Charlotte se dirigea vers son bureau, la tête remplie de pensées tourbillonnantes. Elle se sentait de plus en plus paranoïaque à chaque minute qui passait. Elle s'assit à son bureau et commença à fouiller frénétiquement dans ses dossiers à la recherche d'indices qui pourraient expliquer comment Marina en savait autant sur sa vie. Alors qu'elle passait en revue les notes de ses sessions précédentes avec Marina, elle ne put s'empêcher de se demander si elle avait révélé involontairement des informations sur sa vie privée. Peut-être que Marina était simplement très observatrice et avait pu recueillir des informations sur elle à partir de détails apparemment insignifiants.
***
Le lendemain matin, après une nuit agitée, Charlotte se rendit à l'hôpital, le visage marqué par la fatigue. Elle tentait de maintenir une apparence de calme et de contrôle, mais elle se sentait comme une coquille vide. En passant devant la chambre de Marina, elle jeta un coup d'œil à l'intérieur et vit Marina la regarder, un sourire hystérique sur le visage. Charlotte ressentit une bouffée de colère en voyant cette expression moqueuse.
— Ça va, Marina ? demanda-t-elle, en s'efforçant de garder sa voix calme.
— Oh, je vais merveilleusement bien, docteur, répondit Marina, d'une voix douce qui contrastait étrangement avec son expression maniaque. Et vous ? Vous avez l'air un peu fatiguée.
Charlotte serra les dents. Elle savait que Marina cherchait à la provoquer, mais cela ne rendait pas moins difficile de garder son calme.
— Je vais très bien, merci, répondit-elle d'un ton neutre. Il est temps pour votre médicament.
Elle prépara trois doses de sédatif, une quantité plus élevée que d'habitude. Elle savait que c'était contre les règles, mais elle avait désespérément besoin de répit. Marina la regardait attentivement pendant qu'elle préparait l'injection.
— Trois doses aujourd'hui, docteur ? Vous essayez de me tuer ? demanda Marina, un sourire narquois sur le visage.
Charlotte ne répondit pas. Elle s'approcha de Marina et lui administra l'injection.
— Cela vous aidera à vous reposer, dit-elle simplement.
Marina éclata de rire.
— Du repos ? C'est la dernière chose dont j'ai besoin, docteur. Ce que j'ai besoin, c'est de sortir d'ici.
Charlotte ne dit rien. Elle observa Marina jusqu'à ce que les effets du sédatif commencent à se faire sentir et que ses paupières commencent à s'alourdir.
— Bonne nuit, Marina, dit-elle finalement, avant de sortir de la chambre.
Quelques heures de répit, c'était tout ce qu'elle demandait pour l'instant.
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