Pendant le temps passé dans la mine, le soleil s’est couché à l’horizon. Le ciel s’est parait d’étoiles et la canopée est éclairée par un magnifique croissant de lune. Au bout de deux heures de route, alors que Passion s’assoupit sur l’épaule de Mapoo, gêné de cette proximité avec la Felin, de petites créatures noires à quatre pattes et dotées d’une grosse tête insectoïde montent sur la carlingue et commencent à la grignoter avec avidité. G’d’ni fait quelques zigue-zaguent pour les faire tomber et Passion, réveillée en sursaut, et Mak sortent leurs armes et se penchent par la fenêtre pour blesser les créatures. En quelques coups, certains tombent au sol tandis que les autres abandonnent le Shadrag. Passion referme sa fenêtre, range sa lame et s’appuie à nouveau contre le Woon pour se rendormir rapidement. Mapoo nettoie son tam-tam et s’assure qu’il n’a pas été abimé au cours du séjour dans la mine. Mak et G’d’ni discutent à voix basses à l’avant du véhicule, manigançant des plans pour revendre les pierres qu’ils ont dérobés sans que leurs compagnons ne s’en rendent compte. Au bout de cinq heures, ils arrivent au village. La nuit est déjà bien avancée. Ils regagnent la taverne où leurs chambres sont toujours réservées. Le tavernier les suit du regard pendant qu’ils traversent la salle. Il se méfie d’un mauvais coup, surtout de la part de Mak. Avant de regagner leurs chambres mitoyennes, Passion prend la parole.

- « Faut faire un tour de garde. »

Mak est sceptique mais sous l’influence de G’d’ni, il accepte. Après avoir réparti l’ordre de garde, chacun regagne sa chambre pour prendre un peu de repos avant de rencontrer à nouveau le Phalanglade. Le lendemain matin, le groupe se retrouve pour le petit-déjeuner de l’auberge. Passion d’Ecorce est particulièrement silencieux et sombre ce matin.

- « Qu’est-ce qui se passe Passion ? » demande G’d’ni.

- « J’ai fait des cauchemars toute la nuit… » dit-elle alors qu’un frison secoue ses épaules.

- « Vient là, ça va t’apaiser. » propose l’Ygwan.

G’d’ni utilise ses pouvoirs de soins. Quasi immédiatement, Passion ressent une douce chaleur au creux de sa poitrine et une sensation d’apaisement et de bien-être.

- « Merci G’d’ni. » lui sourit-elle.

- « De rien. Faut que tu sois en forme pour le Phalanglade. Tu peux encore être utile. » dit-il en riant avant de partir rejoindre Mak.

Quelques temps plus tard, Milanomélayaïé, le vieux mélodien, se présente à la taverne, visiblement à la recherche des itinérants.

- « Ah vous voici ! C’est terrible ! Il pourrait y avoir des Pierres d’âme à la Mine des Albamans d’après un Kelwin. Mais pas moyen d’entrer dans la mine… Qu’alors nous devenir ? » dit-il.

- « Te fais pas de bile. On l’a ta Pierre. » répond G’d’ni d’un air dédaigneux.

- « C’est merveilleux ! Voila qui va nous sauver ! Nous avons rendez-vous avec l’incarnation à l’extérieur de la ville. Il faut nous mettre en route pour être à l’heure ! » reprend-t-il au comble de la joie.

Le groupe suit le mélodien et gagne en une dizaine de minutes une plaine bordée d’une futée. Après minutes d’attente, les cris des visages de la créature retentissent et le Phalanglade émerge des arbres.

- « Alors Héossiens, avez-vous ce que je vous ai demandé ? » demande-t-il dans sa langue nécrotique que Milano nous traduit rapidement.

- « Libère-nous d’abord ! » dit Mak.

- « Ha ! ha ! ha ! » son rire démoniaque retenti dans la plaine.

D’une longue langue poisseuse, le Phalanglade se saisit de la pierre et la gobe. Puis l’incarnation se détourne et repart en ajoutant dans sa langue :

- « En remerciant tout le village pour ce délicat présent. »

La marque sur les mains des itinérants et de Milano disparaissent. Le groupe retourne au village. Les habitants crient et rient. Leurs marques ont disparu aussi, le village est libéré de la malédiction. Les itinérants sont accueillis en héros et reçoivent bien des louanges. Pour nous remercier, certains nous apportent des présents. G’d’ni reçoit ainsi un Arc Darken et Passion d’Ecorce un livre de mécani. Les habitants donnent aussi de l’argent. Les Ygwans négocient âprement avec le Woon et la Felin pour prendre une plus grosse part allégeant avoir dépensé plus pendant la mission. Une fois que le calme est un peu revenu dans le village, il est tant de se préparer à repartir faire leur rapport à l’Assemblée. G’d’ni et Mak demande à rester un peu plus longtemps pour faire des emplettes. Ils s’éclipsent tous les deux, tandis que Mapoo et Passion attendent l’arrivée de l’escorte. Mak et G’d’ni trouvent une armurerie. Les prix sont assez élevés et G’d’ni se rend vite à l’évidence, il n’a pas les moyens d’acquérir de l’équipement ici. Mak pour sa part s’apprête à acheter une armure en revendant la sienne. Au moment de payer, ses yeux se posent sur une autre armure rutilante et plus résistante. Elle est cependant trop cher pour lui… G’d’ni remarque l’hésitation de son ami.

- « Vendons les pierres ici. Et je peux te prêter des credos si tu veux. »

- « Pourquoi ferais-tu ça ? » demande Mak suspicieux.

- « Si tu es mieux protégé, ça veut dire que moi aussi. » sourit G’d’ni.

Les Ygwans négocient alors avec le marchant et Mak repart avec sa nouvelle armure boréale. Lorsqu’ils rejoignent Passion et Mapoo, l’escorte est prête à prendre le chemin du retour. Après quelques jours de voyage, les itinérants se présentent devant l’Assemblée et relatent leur mission.

- « Félicitations ! Vous vous êtes bien battus. Voici 500 credos chacun et maintenant reposez-vous quelques jours. Nous reviendrons vers vous. »

En quittant le salle, Mak tend à G’d’ni ce qu’il lui devait pour l’armure. Ils se sourient complices. Les quatre itinérants ont ainsi réussi leur première mission et sont un peu plus proche malgré leurs différences. Ils se rendent à la taverne pour boire quelques canons à leur réussite.

A SUIVRE...