Le prélude
Il neige depuis une semaine. Près de la fenêtre je regarde la nuit et j’écoute le froid.
Les craquements du bois, se consumant dans l’âtre, viennent contaminer le silence feutré de l’hiver qui s’installe.
Je distingue, au travers de mes lunettes, négligemment posées sur mon nez, les branches du sapin fléchir sous le poids de cette poudre blanche qui submerge tout, qui étouffe tout, qui camoufle tout, comme si la nature cherchait à gommer toutes les imperfections afin de leur redonner cette blancheur immaculée, originelle.
Le temps s’égrène lentement au rythme du tic-tac de l’antique horloge du salon, j’allume nonchalamment la radio afin de meubler l’ambiance, celle-ci diffuse une pièce de Ludvig Van B, jouée à l’orgue, par le non moins réputé Daniel Roth, qui nous gratifie de ses largesses, quant aux envolées lyriques et magistrales, sur le roi des instruments, dont lui seul est maître.
Le sofa me tend les bras, je m’y affale, face au foyer, me laissant caresser par sa chaleur apaisante, laissant mon esprit vagabonder, j’y vois des images flottantes guidées par le prélude en fa mineur et la fugue en ré mineur, lorsque, « terminus, tout le monde descend » l’animateur coupe, sauvagement, la fin du morceau, pour, ironiquement, laisser place au bulletin météo…
Annotations
Versions