40.4.12
Douzième jour de Yosha. J'ai vérifié auprès du documentaliste, nous sommes arrivés au campement de minage le sixième jour de Nisha. Cela fait deux lunes. Près de cent jours ; nous avons contruit des abris de bois, organisé le campement qui peu à peu s'est transformé en village nomade, comme si notre vie, désormais, était celle-ci. Prisonniers des montagnes. Encerclés par les monstres qui possèdent nos terres.
Arlenxar était silencieux hier soir, nous n'avons pas beaucoup parlé. Il regardait le sud intensément, comme pour s'empêcher de penser à autre chose. Lorsque Solpa s'est couché, Lotfa nous a apporté un bol de ragoût. Quand on est de garde et qu'on se contente de morceaux de fromages avec du pain, ça fait toute la différence. Avant ma surveillance d'après-midi, elle m'a parlé. Elle voulait parler de Garric. Elle avait besoin de raconter des choses, de s'en souvenir, je crois.
Elle cuisinait dans une auberge du quartier ouest, que je n'ai pas connue ; elle n'avait pas de famille, et pourtant elle semble plus malheureuse que moi. Elle a pleuré sur mon épaule en me parlant des chats qu'elle nourissait avec les restes, tous les soirs. Elle fait partie des cuisinières du camp, avec d'autres.
Pendant mes rondes, j'ai remarqué qu'elle passait beaucoup de temps à parler aux gens. Elle se sent peut-être seule. Je n'ai jamais été avec une femme, à Garric. Enfin, pas de façon régulière. Cela tenait beaucoup à coeur à mes parents, je crois, vu que Valmina avait rejoint l'armée. Je n'aurai plus l'occasion de les rassurer, maintenant. Désolé, père, mère.
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