Tikki me dit que le jour se couche et que Sha s’élève à l’est. Nous nous sommes arrêtés. Nous avons avancé toute la journée, descendant ces montagnes que nous avons gravies il y a plus de deux mois, mais cette fois-ci à l’est, en nous éloignant du tracé de la Niffe qui s’écoule au sud.

Les secousses du chariot ont accentué mon mal de tête, et aggravé ma désorientation. Je ne vois presque plus rien, désormais. Je ressens juste le froid qui est chassé par les températures clémentes qui baignent les pieds des monts Célestes.

J’ai reçu la visite d’Arlenxar cet après-midi, tandis que Tikki était allée me chercher du linge propre. Je crois que le mal qui me ronge se voit aussi sur mes traits, car je lui ai fait une sale impression. Il était peu bavard, presque gêné, on aurait dit. Il n’est pas resté longtemps. Il m’a parlé de certaines personnes, comme si je les connaissais. Des hommes avec qui il patrouille, j’imagine ; il est dans la troupe de reconnaissance, ils partent le matin et reviennent le soir au camp.

Tikki a demandé à la guérisseuse s’il y avait de l’espoir pour moi. Elle a dit que oui, que ce mal était rare mais guérissable. Tikki le pense aussi. Alors moi aussi.