Il était si facile...
Il était si facile de dissimuler ses instincts pléthoriques sous la figure de quelque racine à la vague forme anthropoïde, sous la perspective du tubercule tellement incliné au primordial que l'on n'en pouvait deviner la forme aboutie, pas plus que la nature des mouvements qui l'animaient. Existait-il un projet déterminé, une vague conscience fomentant un plan, s'inscrivant dans l'histoire de l'humain ? En un mot, empruntant à l'informel dans son apparition première, en même temps qu'alloués au souvenir de celui, celle qu'on avait été ? Etions-nous en quelque sorte lisibles, interprétables pour ceux qui, non encore entrés dans le domaine de la métamorphose, n'apercevaient de nos anatomies, de nos esprits, de nos âmes, que cette gelée indistincte faisant son apparition de chrysalide commise à s'éployer sous une forme qui, encore, ne disait son nom ? Etions-nous au moins dotés d'un langage élémentaire, émettions-nous des balbutiements auxquels se puisse attacher quelque compréhension ? La vrille de notre présence s'élevait-elle dans quelque verticalité suffisante dont on pût tirer une estimation, élever une possible thèse ? Ou bien n'étions-nous que ce rébus, cette énigme en forme de spirale, de colimaçon - nous étions si près de la position fœtale, sinon fatale -, portant en son intime le secret refermé sur son propre repliement ? Donc inaccessible à jamais, simplement allongés dans une glaise sourde, horizontale, infiniment livrée à la mutité, à la cécité ?
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