Nous remontons si loin...
Nous remontons si loin dans notre généalogie, jusqu'à l'origine du monde. Nous grattons notre peau, nous secouons notre sac d'os, nous frappons sur l'enclume de notre menton, nous pressons l'outre de nos viscères, nous répandons nos fleuves de sang et d'humeurs diverses et, comme dans la boule de cristal ou bien dans l'image holographique se mettent à vibrer une infinité de visions que nous ne soupçonnions pas. Il y a du rocher, de l'arbre, de la feuille; il y a du singe, du saurien, des griffes et des écailles; il y a des gerbes d'amour, des nuées de haine, les cimaises de l'art, les souillures des guerres; il y a tout ce qui fait sens et non-sens, jusqu'à la démesure. Nous sommes NOUS, bien en-deçà de nous, bien au-delà. C'est pour cette simple raison que rien ne peut dépasser en richesse de significations l'humaine condition. Celle par laquelle nous nous appartenons en même temps que nous appartenons au monde. Dans les replis de notre mémoire TOUT est archivé, depuis les premiers remuements de la lave jusqu'aux projets que nous lançons en direction des étoiles en passant par la kyrielle de menus événements qui nous traversent tous les jours à l'aune de leur imperceptible donation. Il est encore temps de nous retourner sur la demeure ouverte de l'imaginaire et d'y faire croître le beau poème dont la seule évocation nous porte dans la contrée où le réel s'ourlant de surréel œuvre à notre propre synthèse. Il n'y a pas plus beau destin que de s'ouvrir à ceci !
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