Où le personnage principal prend conscience du contraste de la grandeur d'un nombre avec l'étroitesse de sa cellule
142857…
142857…
142857, 142857, 142857…
Ce nombre résonnait indéfiniment dans son inconscient, martelait l’intérieur de son crâne. Il reprenait conscience. Les brumes se déchiraient par à-coups, révélant peu à peu le décor filandreux. Un mur de briques grises à trente centimètres de ses yeux, un autre en direction de ses pieds et, là-haut, sur la gauche, une minuscule ouverture à barreaux qui filtrait une vague lueur, celle du jour, probablement. L'épaisseur des murs l'empêchait d'apercevoir le ciel.
Je suis en tôle, pensa-t-il. Je suis enfermé. Qu’est-ce que je fous là ?
Il eut un moment de panique en s’apercevant qu’il était incapable de se remémorer son… son nom ! Son passé avait disparu, le récent comme l’ancien, évaporé, gommé. Ses souvenirs ne remontaient pas au-delà de son réveil sur ce cadre de fer muni de pieds qui faisait office de lit. Son cerveau n’était encombré que de ce nombre – ou cette suite de chiffres – qui défilait sans fin comme une évidence : 142857.
Il parvint à se redresser, à se mettre à quatre pattes. À droite, une porte métallique percée de deux trappes ; l’une à hauteur de regard, l’autre presque à ras le sol. Il se leva péniblement, alla tenter d’ouvrir. Pas de poignée. À côté de la trappe supérieure, il constata la présence d’un oeilleton qui permettait à quelqu'un posté derrière de l’observer sans être vu.
Porte, poignée, judas… Il nota que les mots de l'enfermement lui venaient naturellement, qu’il en connaissait le sens et ne les avait pas oubliés, eux. Mais concernant son nom, son passé, son histoire, rien...
142857, 142857, 142857...
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