Quelle belle matinée ! C'est ce que j'ai immédiatement constaté en ouvrant la fenêtre de ma chambre au réveil. Le soleil brille dans un ciel bleu, éclairant le champ de fleurs derrière la maison, que je peux voir de ma fenêtre. Je me dépêche donc de m'habiller d'un legging noir, d'un short rose et d'un haut rouge. J'attache mes cheveux bruns en une tresse et me précipite hors de ma chambre.

En passant près de la porte de la cuisine, j'entends papa et maman discuter à voix basse. Je colle donc mon oreille à la porte pour écouter mais l'épaisseur du bois étouffe leurs voix. Je peux seulement distinguer un mot, qui revient plusieurs fois dans la conversation : Uchiha.

Je sais bien qui sont les Uchiha. Il s'agit d'un clan très ancien qui vit dans un quartier situé à l'autre bout du village. Ils sont donc assez éloignés de nous, sachant que notre maison est placée un peu à l'écart des autres.

Mais ce qui me surprend le plus, c'est que ce n'est pas la première fois que j'entends ce nom au cours de l'une de leurs conversations. Ils le répètent très souvent ces derniers jours. Pourtant, mes parents ne m'ont jamais semblé proches de l'un des membres de ce clan. Je ne comprends donc pas pourquoi ils parlent d'eux avec tant d'insistance. Mais bon, ce ne sont pas mes affaires. Et puis, surtout, je ne veux pas qu'ils me surprennent à écouter aux portes sinon je me ferai gronder.

Je m'éloigne donc et me dirige vers la porte d'entrée. J'enfile mes sandales bleues avant de m'élancer dans le champ de fleurs.

Je passe toujours mes journées ici. Pourquoi ? Tout simplement parce que je ne veux pas croiser les patients de mes parents. Pas depuis le jour où j'ai tenté de me lier d'amitié avec l'un des enfants et qu'il m'a rejetée aussitôt que je lui ai parlé de ma fascination pour le sang en me traitant de monstre. Tous les enfants qui passent à la maison me lancent des regards mauvais ou apeurés en m'insultant de la même façon, depuis, malgré les tentatives d'apaisement de leurs parents et des miens. Ces derniers sont guérisseurs. Leur maitrise du sang héréditaire les rend très doués dans le domaine de la médecine et des soins physiques. Moi aussi, je commence à maitriser le sang. Le soir, lorsque tous les patients sont rentrés chez eux, papa et maman m'entrainent dans ce domaine et m'apprennent petit à petit tout ce qu'ils savent. Je suis déjà capable de vider une fleur de sa sève (la sève est une sorte de sang alors nous sommes aussi capables de la contrôler), ce qui n'est pas mal du tout pour une enfant de mon âge. En tout cas ,c'est ce que mes parents disent.

*

J'ouvre les yeux. Mon Dieu ! Il fait déjà nuit ? Je me suis endormie dans l'herbe, au milieu des fleurs, et je n'ai pas vu le temps passer. Il faut vite que je rentre à la maison !

Je me lève et, au même moment, un orage éclate. Je peux voir la foudre et entendre le tonnerre. Le vent se met à souffler fort. Il faut que je me dépêche de rentrer.

Je cours donc aussi vite que mes jambes me le permettent jusqu'à la maison. Une fois arrivée devant, j'ouvre la porte et entre. L'habitation est plongée dans le silence et l'obscurité, seulement éclairée pendant une fraction de seconde à chaque coup de foudre. On n'entend que le tonnerre.

Je me dirige vers le salon dont la porte est entrouverte. Je la pousse. Il n'y a aucune lumière dans la pièce, je ne peux donc rien voir. Mais j'ai une sensation étrange. Un frisson parcourt mon dos. La foudre éclaire l'endroit pendant une fraction de seconde seulement, mais ça me suffit pour voir . . . la scène la plus atroce, la plus horrible qu'il m'ait été donné de voir !

Sur le sol, gisant dans une mare de sang, les corps sans vie de mes parents ! Mes yeux s'écarquillent d'horreur et d'incompréhension. Je suis totalement pétrifiée. Je ne peux plus faire le moindre mouvement.

La foudre éclaire encore une fois la pièce et puis . . . c'est le noir complet.