16.

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Complètement avachi dans le sofa du chalet de Corner Peek, Rick broyait du noir depuis son dernier rêve. Ajouté au fait que Denise ne soit pas à la maison, son humeur se situait à mi-chemin entre colère et inquiétude. Où était-elle passée ? Était-elle partie pour de bon ? Personne ne lui avait prédit beaucoup de chance dans la vie. Quand son père s’était mis à lui flanquer des dérouillées pour un oui ou pour un non, Rick était pourtant parvenu à garder espoir quant à l'avenir. Sa bonne étoile lui avait mainte fois prouvé qu'elle veillait sur lui, lui qui ressortait chaque fois entier des excès de violence paternelle. Alors le reste suivrait. La vie serait cool avec Rick Paterson. La seule lumière aura finalement été Archie. Lumière éteinte aujourd’hui.

Il se leva et s’approcha de la fenêtre. La pluie avait cessé et la nuit gagnait du terrain sur le jour.

Le parfait signal pour ficher le camp ! opta-t-il.

Ces trois "clients" jouaient aux cartes sur la grande table. Ils n’avaient l’air ni inquiet ni pressé. Nakata était installé avec eux mais ne participait pas à la partie. D’un ton monocorde, il leur parlait d’un certain Aiko Daitsuke, criminel japonais qui s’était amusé à contaminer des lots de lait maternisé pour faire chanter des industriels. Il ne respirait pas la pleine forme, un peu à l'image de Kennedy l’heure précédant sa première colique. Ce dernier ne quittait plus les toilettes depuis ; visiblement contaminé par cette fameuse chiasse pareille à du pétrole.

— Les gars, c’est quand vous voulez, leur lança Rick.

— Ah t’es réveillé ? fit le plus jeune.

— On dirait. Et j'aimerais bien me tailler maintenant.

— Laisse tomber, fit le second guère plus âgé. Si on part on va s'embourber quelque part à coup sûr, voire filer dans le décor. Et je préfère autant pieuter dans un lit que dans une bagnole à me les peler.

Rick les sonda du regard l’un après l’autre. Tous avaient répondu à l’unisson. Ces types vivaient ici depuis des jours et ne paraissaient pas plus motivés que ça à rentrer auprès de leur famille.

— Personne qui vous attende ou quoi ?

— Ces deux-là n’ont que leur maman pour les border dans leur lit, répondit le troisième. Quant à moi mes gosses se sont barrés depuis un moment et se fichent pas mal de prendre de mes nouvelles. Et ma bonne femme je sais même pas si elle sait où je suis.

Rick songea que Denise non plus ne savait pas où il se trouvait. Et inversement d’ailleurs.

— Ne serait-ce que pour voir autre chose. Je ne sais pas moi... retrouver la civilisation.

— T'en fais pas, je pense qu’on peut rempiler une semaine ici sans que ce soit un problème. Pis, au pire, y'a toujours le van de secours, même si ce tas de ferraille n'a pas été démarré depuis un bail.

— Comme vous voulez. Moi je me tire en tout cas.

— Tu devrais y réfléchir. C’est dangereux dehors. Si c'est pour McPherson que tu paniques faut pas t'en faire, il croit tout contrôler mais on connait les ficelles. Et on est plus nombreux que lui à tirer dessus.

Rick l'eut un peu mauvaise en apprenant tout ça. Il aurait immédiatement fait demi-tour à Laurel si ces cons-là s'étaient manifestés plus tôt.

— Je m'en branle de McPherson. Je veux juste rentrer.

— Tu diras pas qu'on t'a pas prévenu.

Rick enfila son manteau et quitta Corner Peek sans se laisser convaincre.

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