24.

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Que ce soit au cinéma ou dans la fiction en règle générale, il arrivait très souvent que des types se balancent des briques au visage ou se ramassent des coups de battes de baseball à en fendre le bois sans qu’une goutte de sang n’apparaisse ; certains sortaient même indemne d'un accident de voiture après qu’une Buick cabriolet ait fait six ou sept tonneaux. En réalité, un coup de crosse dans la nuque tuait net huit fois sur dix. Et Paul McPherson n'échappait pas à la règle. Le visage mordant la poussière, il était mort. Bel et bien mort.

Tel était le constat de Freddy Nakata, hébété, qui ne trouvait toujours pas ses mots. Rick quant à lui était focalisé sur la dépouille, espérant presque que ce vieil enfoiré se relève et finisse de lui donner sa correction.

Il y avait un paradoxe entre le calme de la forêt environnante et le chalet chantant. Nakata et lui se situaient entre ces deux lieux, haletant chacun à leur niveau. L'un pour s'être battu, l'autre pour avoir assassiné un homme.

— Qu'est-ce qu'on fait ? demanda le plus jeune.

Rick ne répondit pas. Il essayait de mettre de l'ordre dans la chronologie des événements. Argent… patron… mort…

— Je l'ai tué bordel ! chevrota Nakata. J'ai tué ce fils de pute.

— Chut. Laisse moi me concentrer.

Un cri survint de la maisonnette. Les mecs devaient rigoler ; ils beuglaient sans se douter un instant qu'un cadavre gisait à moins d'une centaine de mètres.

— J’ai tué un homme. J’ai tué un homme. J’ai tué un homme, répéta-t-il.

Un filet de morve dégoulinait de son nez, contournant la commissure de ses lèvres.

— Ma mère me pardonnera jamais. Je...

— La ferme ! haussa Rick.

Nakata passa une main sur sa bouche pour s'essuyer.

— On va le mettre à l’arrière. Attrape ses mains, ordonna Rick en saisissant les pieds du cadavre.

— Quoi ? Quoi !

— Mais parle moins fort putain. Tu veux qu'il y en ait un qui se pointe armé ou quoi ?

— Je suis incapable de faire ça. On doit prévenir...

— On va rien prévenir du tout ni personne. Et je te signale que c’est toi qui l’a bousillé. Alors on va se sortir de là tous les deux.

— Mais pourquoi ? Ce n’était qu’un accident en situation de légitime défense. Ça n’a rien d’un meurtre. On…

— T’es con ou quoi ? McPherson était un type respecté. Quel intérêt aurait-il eu à venir jusqu’ici pour nous mettre une trempe ? Personne n’y croira.

Freddy fronça les sourcils.

— C’est pourtant bien ce qu’il faisait. Qu’est-ce que tu lui avais fait pour le mettre dans un tel état ?

Raconter la vérité l’effleura bien quelques secondes, mais Rick devait défendre le contenu de cette malle coute que coute à présent, et ce n’était pas ce petit con avec ses questions et sa morale à deux balles qui allait l’en empêcher.

— Parce que je lui ai dit que je démissionnais et que je voulais mon solde d’aujourd’hui. « Hors de question de te payer pour une journée ou t’as voyagé et rien branlé », qu’il m’a répondu. Je lui ai mis un taquet et c’est parti en couille. Voilà.

— Mais c’est un motif logique. Je vois pas pourquoi on te croirait pas…

Rick se sentit agacé, contrarié. Il n’était déjà pas très fortiche à inventer des bobards, alors lorsqu’on se mettait à le questionner, il se voyait vite déborder par le stress.

— On croira pas un putain de niakoué, voilà, grogna Rick. Tu comprends mieux ? C’est pour toi que je fais ça. Pour pas qu’on te foute en taule juste parce que t’es jaune. T’as de la chance que je t’aime bien sinon je te laisserai te démerder. J’aurais qu’à dire ce que j’ai envie pour que tu retrouves au tribunal pendant que je bois une bière peinard dans un bar.

Freddy baissa la tête, visiblement touché.

— Alors arrête de poser des questions et laisse-moi faire. Je vais m’en occuper. Aide-moi seulement à le mettre à l’arrière et retourne avec les autres. Ils doivent se demander ce que tu branles. Et ferme ta gueule.

— Qu’est-ce que tu vas faire ?

— Vaut mieux pas que tu le saches. C’est aussi bien.

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