Rencontre bénéfique
L'odeur des herbes et de plantes titillait ses narines, lui faisant ouvrir les yeux, même si les paupières collées de ces derniers ne voulaient pas se séparer Quand ce fut chose faite, il se rendit compte que la lumière du jour parvenait à son visage alors que ses récents souvenirs lui remémoraient une pièce reclue où même la lueur éblouissante de la lune ne parvenait pas jusqu'à l'entrée de la seconde grotte.
L'homme tenta de se relever mais un bruit proche l'en dissuada et il simula son sommeil. Les bruits de pas s'arrêtèrent à ses côtés et il entendit la personne s'accroupir pour le dévisager. La personne posa un tissu humide sur son front et après cela, s'occupa de son torse. Une larme coula des yeux du jeune homme lorsqu'il sentit que l'inconnu lui avait arraché ce qu'il semblait être un bandage pour le remplacer par un autre après avoir passé une substance quelque peu gluante. Ce détail n'échappa pas à l'étranger qui retourna vers la tête du blessé.
Cette fois-ci, l'homme ouvrit les yeux et rencontra ceux de l'inconnu qui le fixait en silence, sans bouger, nullement surpris de le voir réveillé. Son sauveur l'aida à se redresser, silencieusement, et avec délicatesse. Une grimace se dessina sur le visage du blessé alors qu'il se retrouvait en position assise.
L'inconnu lui tendit une gourde faite avec des feuilles étanches. Le noireau l'attrapa, renifla le contenu avant de boire le liquide qui se révèla sucré et pourtant très désaltérant. Il redonna la gourde à l'autre qui la rangea dans la doublure de la cape qui le recouvrait.
Après quelques minutes de silence assourdissant, le noireau se décida enfin à remercier la personne qui lui avait sauvé la vie.
- M-merci de m'avoir soigné et de vous être occupé de moi, je vous dois la vie. Sans vous, je serais mort au fond de cette grotte. Oh et où sont mes bonnes manières, se souvint l'homme, je me présente, je suis Curtis, un ancien soldat de l'armée du Royaume de Arrowfield.
- Ne vous inquiétez pas, je n'ai fait ce que toute personne ferait. Je me prénomme Anario. Vous avez été un soldat ? Pourtant j'ai bien crû que vous n'étiez qu'un roturier qui s'était fait attaquer de toute part sans se défendre. Alors à quoi vous a servit cette épée ? demanda en désignant l'arme posée contre une des parrois de la grotte.
Curtis posa ses yeux sur l'épée et les écarquilla en la voyant paraître si normal. Aucune lueur n'émanait de cette arme et pourtant il ne l'avait pas imaginé. Tout ce qu'il sentait, voyait, touchait, entendait et goûtait étaient réels alors pourquoi là, à cet instant, cette épée semblait presque normale alors que la veille, elle était si différente du commun. Presque magique.
Curtis leva ses yeux vers Anario qui le dévisageait de nouveau silencieusement, ses yeux cristalins scrutant la moindre de ses réactions. Le noireau trouvait cet homme étrange, anormal. Cet inconnu dégageait de lui quelque chose de différent des hommes. Comme s'il n'était pas un être humain. Même l'espèce de cape blanche orné de pierreries bleues lui semblait trop parfaite pour avoir été faite par des humains.
Un frisson le parcourut, n'échappant pas au regard de l'étranger qui fronça légèrement ses sourcils, presque imperceptible mais pourtant n'échappa pas au regard de Curtis qui le trouvait de plus en plus suspect. Anario détourna les yeux et partit du chevet de son blessé qui le suivit des yeux. Il s'approcha de ce qu'il semblait être un feu qui avait été éteind récemment. Au dessus des cendres encore fumantes se trouvait une marmitte d'où une odeur d'herbes et de plantes se dégageait.
Anario se pencha au dessus d'une sacoche de la même composition que sa gourde et en ressortit un bol, tout aussi identique en composition également. Il sortit également une cuillère en bois poli et servit sa préparation dans le bol avant de l'amener à Curtis qui observait la scène, douteux. Alors que Anario tendit le bol au noireau, ce dernier se recula légèrement sous l'oeil interrogateur de l'homme.
- Pourquoi tu continues à te cacher sous ta cape étranger ? Pourquoi aurais-tu le droit de savoir à quoi je ressemble alors que moi même ne connais pas l'apparence de la personne qui m'as sauvé et s'occupe de moi ? cracha presque Curtis en observant la réaction de l'autre.
- Peut-être parce que je sais que tu voudras t'enfuir en voyant ce à quoi je ressemble, répondit Anario en baissant la tête. Mais soit, si tu le souhaites.
L'homme abaissa sa cape, dévoilant une chevelure blonde lui tombant dans le dos et une peau pâle. Au début, Curtis le trouvait normal. Mais quand il remarqua les oreilles de longueur inhumaine de son sauveur, ses yeux s'écarquillèrent ce qui fit baisser les yeux de nouveau à Anario. Alors ce qu'il cachait, c'était ça ?
- C'est à cause de ça que tu ne voulais pas te montrer ? demanda Curtis en faisant relever la tête du blond.
- Vous les humains, vous fuyez les elfes comme la peste. Vous nous rabaissez en répétant inlassablement que pour venger Notre Mère la Forêt nous tuons vos semblables et détruisons tout ce que vous construisez. Comment aurais-je dû penser en tombant sur un humain presque mort ? Prouvez ce que vous disiez ? Oui, j'ai préféré me cacher de toi. Mais je t'ai sauvé la vie. Je me suis dissimulé car les humains sont tous les mêmes. Vous jugez pour ce qu'on est et non pour ce que nous sommes.
Le silence retomba, les deux hommes ne préférants pas se regarder. Curtis se sentait honteux d'avoir jeté un jugement mauvais sur Anario alors qu'il n'avait rien d'aggressif. Tout ça à cause d'un présentiment. L'elfe, lui, jouait avec les pans de sa tenue, déçu de voir que Curtis était comme tous les humains. Et pourtant il avait sentit en lui quelque chose de différent. Quelque chose qu'aucun autres humains ne possédaient. Une puissance inhumaine et un destin différent du commun des Hommes. Peut-être c'était-il trompé à son sujet...
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