Le pluie qui s'ennuyait

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J'aimerais commencer ce conte par "il était une fois", mais je ne peux pas.
Et bien non ! Il était une fois nous laisserais penser que cette histoire peut avoir lieu n'importe quand mais c'est faux. Moi, je ne peux imaginer que lorsqu'il pleut. Alors, nous commençerons cette histoire légèrement différemment.

Il était une pluie torrentielle, comme il n'y en avait pas eu depuis des années. Cela faisait si longtemps, que les Hommes avaient oublié son existence.
Tout commença par un beau jour ensoleillé, comme d'habitude le soleil rayonnait de splendeur lorsqu'une voix semblable à celle d'un petit garçon s'adressa à lui.

"-S'il te plait ! Laisse moi jouer avec toi, je m'ennuie depuis si longtemps."

C'était la pluie, qui après des siècles de sommeil et d'attente s'ennuyait énormément.
"-Oh toi ! Laisse moi dont !" répondit Soleil, qui était toujours très grognon et orgueilleux.
"-Allez ! Regarde les enfants dans leur pataugeoire, les grandes personnes qui se baladent et rient aux éclats. Moi aussi je veux participer !
-Tu ne vois pas que c'est moi la star sur Terre ! C'est MOI que les gens veulent, c'est grâce à MOI si leurs peaux sont dorées, si leurs journées sont égayées.
-Mais ... tu leur fais du mal avec tes rayons, tu leur mens !
-Ne remarques-tu pas qu'ils le savent mais que malgré tout, ils s'en fichent ? Tout ce qu'ils voient c'est qu'ils peuvent observer un ciel bleu tout en sortant en plein air pour profiter du beau temps ! Tu peux faire ça toi ? Laisse-moi rire !" Et Soleil éclata de rire.
"Oui je le peux ! Pourquoi ne voudraient-ils pas de moi ? Je suis de l'eau après tout, les Hommes adorent se baigner, grâce à moi, plus besoin d'aller à la piscine ou de se déplacer jusqu'à la mer.
-Mais ils aiment ça quand il fait beau imbécile ! Si ils te voyaient, ils seraient désolés, accablés, ils attendraient avec impatience mon retour pour se réchauffer. Tout ce que tu leur apporteras c'est un bon gros rhume ! Allez laisse moi, vas te trouver une occupation et restes-y, j'ai du travail MOI, le soleil doit briller.
-Moi aussi je veux que l'on m'aime, que l'on m'attende avec autant d'impatience." murmura Pluie.
Mais, notre petite pluie n'était pas du genre à se laisser faire, bien au contraire et elle décida de se montrer quand même sur Terre. Elle gronda si fort qu'elle fit trembler l'ensemble du ciel. Une fête foraine venait justement de s'installer tout prêt de notre voie lactée, elle passait ici une fois par an. Quoi cela vous étonne ? Vous ne saviez pas qu'il n'y a pas grand chose à faire tout là haut ? Les étoiles et les planètes ont le droit de s'amuser aussi parfois !
"-Mais que se passe t-il ici ?" hurla le vendeur de barbe-à-papa qui voyait l'integralité de son stand trembler et toutes ses marchandises s'envoler.
"-Qu'est-ce que c'est que ce travail ? C'est qu'il va falloir les payer ces barbes-à-papa ! La vie est dure, ce n’est pas gratuit tout ça !
-Pardon monsieur, je ne voulais pas détruire votre stand, je voulais tellement jouer sur Terre moi aussi ..."

Pluie se mit à pleurer encore et encore sans s'arrêter. Ses larmes étaient si fortes qu'elles commencèrent à faire grossir les barbes-à-papa. Grossir ! Grossir ! Grossir ! Jusqu'à ce qu'elles deviennent gigantesques !
"-Mais attention voyons ! Tous aux abris!"

L'ensemble des forains s'affolaient et courraient dans tous les sens sans savoir où se cacher.
Le vent qui avait entendu ce vacarme depuis chez lui décida d'intervenir et souffla de toutes ses forces sur les barbes-à-papa géantes qui filèrent à toute vitesse jusqu'au soleil. Tout à coup ce fut la nuit.
"-Oh la ! Que se passe t-il ici ? On ne me voit plus !" s'égosilla Soleil vexé et très en colère.
C'est ainsi que chaque membre du ciel se mit à se hurler dessus.

Personne ne se laissait parler.
Sur Terre, un petit garçon demanda à sa mère.
"-Il se passe quoi la haut dans le ciel maman ? Tu entends comme ça gronde ?
-Tu as raison ! On dirait que ça se dispute là-haut ! Rentrons, vite ! Je n'ai jamais entendu ça de ma vie."
"STOP !" S'écria Pluie de toutes ses forces.
"-Arrêtez, regardez en bas ..."
Tous se turent et se penchèrent. C'était la cohue, hommes, femmes et enfants se bousculaient, tombaient dans les flaques immenses que les barbes-à-papa gorgées d'eau causaient. Les enfants hurlaient de peur en entendant le ciel gronder ainsi.
"-Nous leur faisons peur ! Cessons nos disputes et attendons.
-Attendons quoi ? Tu as vu les dégâts que tu as causé ? Les barbes-à-papa prendront des semaines à se vider ! " Répondit Soleil
"-Profites-en pour prendre des vacances !"
Sur ces mots, la discussion s'acheva. Ainsi, commença la longue agonit des Hommes.
Les adultes ne riaient plus, les vieilles personnes se plaignaient tous les jours, les enfants ne pouvaient plus sortir.
Pourtant un matin, un petit garçon bien curieux qui s'était demandé pourquoi le ciel faisait tant de bruits il y a quelques semaines de cela, commençait à s'ennuyer. Il voulait jouer, il en avait assez de cette interdiction ridicule !
"-Ne sors pas ! Tu attraperas froid !"
Notre ami était également très malin, il se confectionna de nouvelles paires de chaussures avec une matière imperméable, il se couvrit d'un manteau bien chaud et sorti de chez lui d'un pas décidé.
Il débuta son voyage en humant l'air de la mousse, des champs, de la forêt. C'était une odeur nouvelle, elle était douce et emplie de mélancolie.
"Ça sens si bon !"
Il reprit ses jeux habituels et sauta d'une branche d'un arbre auquel il avait grimpé. Il atterri les deux pieds dans une flaque d'eau. SPLATCH ! C'était la première fois que ça lui arrivait vous savez, je vous rappelles que personne sur Terre n'avait subit la pluie depuis très très longtemps. Il trouva ce nouveau jeu tellement drôle, qu'il recommença une centaine de fois !
S'en retournant chez lui, il aperçu un papillon endormi sur les roses de son jardin. Sur les ailes, de délicates gouttelettes étaient posés là, immobiles et aussi fragile que les ailes de notre ami.
"Comme c'est beau ! C'est décidé, demain j'en parlerais à tous mes amis ! Qu'ils se fabriquent comme moi de bonnes paires de chaussures, qu'ils se couvrent bien et ensemble nous pourrons nous amuser sans risquer d'attraper froid."
Le lendemain dix enfants jouaient dans les flaques, et le jour suivant une centaine. Petit à petit les Hommes s'adaptèrent et se rendirent compte que des récoltes avaient poussé. Ils avaient repris leur vie comme à leur habitude. Il faut dire que depuis des semaines les barbes-à-papa se vidaient et à présent il ne restait qu'une pluie fine, discrète, et les rayons du soleil percèrent à travers le ciel.
Un beau jour, plus personne ne bougea. Tous scrutaient l'horizon. Un arc coloré s'était peint dans un fond bleu ciel et grisé. Personne ne parlait, le petit garçon curieux s'avança et monta sur ce chemin de lumières. Les autres suivirent les uns après les autres. Que ne fût pas leur surprise lorsqu'ils arrivèrent au bout du chemin et qu'ils aperçurent des manèges, des stands de glaces, des barbes-à-papa. Cela faisait déjà un an qu'il pleuvait.
Ce fut une journée mémorable pour chacun, les Hommes remercièrent Soleil, Pluie, Vent et retournèrent en bas ou le temps était à nouveau clément. Le calme alors était revenu.
"-Alors dis ! Tu joueras avec moi maintenant ?" s'éleva à nouveau cette voix d'enfant.
-Oh non tu ne vas pas recommencer" répondit Soleil
-Allez! C'était amusant, tu vois qu'ils m'attendent aussi avec impatience maintenant.
-Tu as gagné ! Une fois par an je te laisserais me rejoindre et nous peindrons à nouveau ensemble milles couleurs dans le ciel. Nous feront cela le jour ou la fête forraine passe par ici. Ça sera un jour de fête !"
Vous devez vous demandez pourquoi nous pouvons apercevoir des arcs-en ciels plus d'une fois par an. Et bien, parce que Pluie qui avait été très maligne travaillait désormais avec le vendeur de barbe-à-papa. Il avait gagné bien plus d'argent avec la vente de ses sucreries immenses, c'est donc chaque mois qu'il décida de passer par la voie lactée.
"-Allez Pluie, je te laisse choisir un nom pour notre nouvelle catégorie de barbes-à-papa !
-Nuage.
-Nuage ? Où as-tu eu cette idée ?
-Je leur donnerais le nom de ce petit garçon si curieux, celui qui fût le premier à apprendre à m'aimer.

FIN

ps : N'oublions jamais que l'imagination ne connait pas de frontières et pensons de temps en temps comme un enfant.

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