Trois Guids
ANTRE DE LA MORT, Comète-Mouroir
- Bon, alors, ça y est, on y va ? On s'envole pour Rishi ?
Aven-Za-Ash et Ailein ont bien été obligés de transmettre leurs informations à Naakla.
- Je change d'identité, je ne dénonce pas madame -dit-il en adressant un sourire charmeur à Ailein, bien déplacé dans un pareil moment- et je disparais de vos vies pour toujours. Deal ?
- Hors de question, se défend Ailein. Refusé.
- Hop hop hop, on se calme gamin, déjà on n'est carrément trop pas sûr de se lancer là-dedans à toutes berzingues. Une course ? Une course de quoi ? On sait même pas ce qu'il faut, de quoi il s'agit, si c'est fiable, et si tu serais capable de la gagner !
- C'est pas ma faute, si t'as pas les infos, t'avais qu'à les demander à ton indic !
- Oui bah vu son talent d'orateur à celui-là, tu m'excuseras de pas avoir forcé la chose !
- T'as un meilleur plan, méduse ?
- Ouh j't'ai déjà dit de me respecter espèce de..
- J'ai vraiment tiré le gros lot avec toi, coupe Naakla. Incapable de se contrôler, pas fichu de demander les bonnes informations, comment t'as pu réussir dans la vie..?
- C'est de te connaître qui m'a terni.
- Si au moins c'était vrai... Moi je dirais plutôt que c'est sa faute à elle !
- On s'en fout un peu, non ? J'ai pas de compte à te rendre, ce qui doit nous inquiéter c'est ce qu'on va faire maintenant. Moi je propose d'attendre le retour des Exécuteurs avec leur électron libre et de tuer Naakla.
- Vous n'y pensez pas ! s'étonne Ailein.
- Vous ne pouvez pas me tuer physiquement sur Maha-Tent, tout le monde vous arracherait les yeux, c'est un lieu sacré ici !
- J'ai dit tuer Naakla ? Ma langue a fourché.
- Messieurs, cette discussion ne nous avance pas, reprend Ailein, qui a retrouvé son ton monocorde.
- Oui bah, si vous étiez un peu plus causante, on avancerait peut-être, grogne Za'Ash. Parce que vous, c'que vous dites quand vous nous faites l'honneur de parler, bah ça ne nous aide pas des masses. Alors la prochaine personne qui l'ouvre à le droit de le faire à deux conditions : Un, elle a une vraie idée, deux, elle ne s'appelle pas Naakla.
L'humain et le Twi'Lek se défient du regard, le mandalorien prêt à renchérir, mais il n'en fait rien, détournant les yeux pour se raccrocher à la vision, plus douce, d'Ailein.
- Je suis pour les attendre ici, annonce Aven'Za'Ash après un moment de flottement, bercé par les rayons poussiéreux qui traversent la grande baie vitré de la cantina.
- Non, coupe Ailein. S'ils ne rencontrent nul succès dans leur mission nous aurons attendu pour rien. Partons à leur suite. Vers Rishi. Plusieurs options possibles : S'ils échouent à ramener Vic, nous pourrons peut-être nous rabattre sur la course ou une tierce alternative. S'ils récupèrent Vic, nous pourrons sans doute faire changer Naakla d'identité sur place, ou bien ils l'emmèneront avec eux et nous serons libres de reprendre le cours de nos vies respectives. Ai-je suffisamment parlé, capitaine ?
- Ne soyez pas insolente, aboie ce dernier, qui ne se radoucit pas.
- Bon ça commence à bien faire, Twi'Lek, on s'calme, ou alors pètes un coup ! On t'a rien fait, et clairement la situation pourrait être bien pire ! Celui qui risque le plus ici, c'est moi !
- J'pense que t'es assez mal placé pour dire que "t'as rien fait" parce que c'est légèrement à cause de toi qu'on en est là. Rentrez au vaisseau, non j'ai rien dit si vous partez j'ai plus de navette. Bon barrez vous je dois réfléchir. Non, hors de question que vous restiez seuls tous les deux en fin de compte, restez avec moi mais le premier qui moufte je l'abandonne ici. Ca m'f'ra des vacances.
Tandis qu'Ailein acquiesce discrètement, docile, Naakla bout d'indignation. Il s'accorde néanmoins au silence de sa compagne, patient. Après tout, il l'a bien cherché.
-
Le trio longe les murailles de la cité-épave, tournant autour de Comète Mouroir sans but précis. Za'Ash, agacé, ébranlé, fixe droit devant lui d'un regard concerné, les mains enfoncées dans ses poches. Il est suivi de près par Ailein, qui le suit telle une ombre, et tente de s'accorder par cette marche un moment de détente. Derrière eux, Naakla suit, alerte. Tandis qu'ils progressent, voilà qu'ils croisent un marchand, parmi les innombrables commerçants de la plage, qui articule son commerce autour d'animaux rares, mais en état misérable.
De grands Guids, trois, sont ainsi parqués sur le sable, stressés mais trop faibles pour se rebeller au milieu d'une foule aussi dense.
Alors que le marchand semble sur le point de faire affaire avec un Neimoïdien, Za'Ash s'interpose :
- Trois cents crédits ? J'espère que vous n'allez pas acheter ces animaux trois cents crédits !?
- Je vous demande pardon ? s'étonne l'acheteur.
- Oh oui, vous pouvez, clame fièrement le Twi'Lek avec des airs de héros.
- Hé, toi là, laisse moi faire mon traail !
Le vendeur, un petit être fagile à la face de crapaud, s'agite dans tous les sens, sautille sur place, frétillle d'agacement, dans une colère noire. Cela fait manifestement réfléchir l'acheteur.
- Je vous les achète pour la moitié du prix, s'exclame alors Aven'Za'Ash, afin d'être bien entendu de tous et d'avoir l'attention des badauds environnants.
- La moitié ? s'étrangle alors le commerçant.
- Vous avez bien compris, et c'est déjà pas mal ! Ces grands Guids ne sont absolument pas en bon état et il coûterait une fortune a quiconque les achèterait de les remettre en état, surtout si on ne sait pas s'y prendre ! Mais moi, je suis un expert.
- Un expert ?
Tandis que Za'Ash argumente afin de convaincre l'audience et forcer le marchand, en tort, à lui vendre les trois bêtes au rabais, Ailein tente de se faire la plus discrète possible. Elle jette un coup d'oeil furtif autour d'elle, mais voilà, en attirant ainsi l'attention sur lui, Aven'Za'Ash a nécessairement fait converger les regards dans sa direction, et fatalement, celle d'Ailein. Celle-ci remarque qu'une femme dans l'audience ne cesse de la détailler, un léger sourire en coin. Ce n'est pas un sourire inquiétant, ni intimidant, plutôt un petit rictus malicieux d'enfant qui a trouvé quelque chose d'intéressant.
Elle est borgne, un cache-oeil sur l'orbite droit masquant partiellement une belle balafre sur son visage. Son oeil valide est ivoire, et ses cheveux courts, rouge feu, tandis que son teint, lui, est fortement hâlé. Elle est magnifique, mais son visage émacié et profondément marqué trahit une vie agitée.
Ailein tente de se fondre dans la foule et d'échapper à ce regard, mais voilà que l'autre se met aussi à se mouvoir parmi le public que le Twi'Lek captive. Son holocommunicateur retentit alors.
- Ailein ? Euh... C'est Jack.
- Que se passe-t-il ?
- Je voulais pas déranger le capitaine mais... Azavel est avec vous, n'est-ce pas ?
- Incorrect.
- Ah.
- Où est-elle ?
- Si je vous dis que je ne le sais pas, je me fais jeter par une capsule ?
- C'est fort possible.
- Alors je sais qu'elle est sur Maha-Tent.
- Prodigieux.
Elle raccroche.
Décidément, ce n'est pas son jour.
Elle relève la tête. La femme n'est plus visible.
- Ailein ?
Naakla pose sa main sur l'épaule de la dame, arrivant derrière elle, puis la retire vivement, craignant quelque représaille en se rappelant que les contacts ne sont pas quelque chose qu'elle apprécie, avant de poursuivre :
- Votre capitaine vient de s'offrir trois Guids pour 100 crédits. Le lot.
- Il y a un problème. Azavel n'est plus à bord de l'Insondable. Elle se serait introduite dans la navette lors de notre dernière descente.
Aven'Za'Ash débarque dans la discussion. Il a manifestement entendu les derniers dires d'Ailein et passe de l'acheteur comblé au Twi'Lek effaré.
- Quoi ?
- De plus il faut faire profil bas. Ni Naakla ni moi ne sommes en sécurité ici. Je sens qu'on ne doit pas s'attarder, chaque minute de plus passée ici est un luxe que nous ne pouvons plus nous payer...
- Bon. Vous, accompagnez le vendeur et les trois Guids jusqu'à la navette pour un amarrer la nacelle de transport. Je fais un tour, je vais la trouver.
- Toi qui étais prêt à m'abandonner ta gosse, maintenant tu voudrais la retrouver ? Elle est marrante mais est-ce qu'on a le temps ?
- On a le temps tant que le capitaine dit qu'on a le temps. Et le capitaine... Bah c'est moi. Ailein, vous me bipez quand la navette est prête, on se tient au courant.
- Oui capitaine, confirme la dame masquée.
- Ouais, ouais, capitaine, soupire l'humain.
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