Lettre N°4- 25/05/20
Coucou Abuelo,
Aujourd'hui encore, je viens te parler mais cette fois je t'annonce d'abord la bonne nouvelle. Je suis acceptée à l'université Lyon 3. Ça y est, désormais c'est officiel je vais aller étudier à Lyon. Tu te rends compte ? Je vais vivre, seule, dans une grande ville. Je compte sur toi pour me protéger, quand je serais là-bas. De toutes manières je le savais déja, que tu vas prendre soin de moi de là-haut, tu l'as toujours fait quand tu étais encore ici, c'est pas maintenant que tu vas t'arrêter.
Quand j'aurais le cafard ici-bas, je t'écrirais comme maintenant et comme j'ai l'impression de le faire déjà souvent ces derniers temps. J'espère que d'où tu es aujourd'hui tu as bien vu que j'ai essayé de me reprendre, pour ne pas trop pleurer, pour ne pas trop craquer.
Hier par contre, j'ai fait que ça, j'ai pleuré encore et encore. Hier soir, je ne sais pas ce qui m'a pris je t'ai carrément parlé à haute voix, dans mon lit, et je me suis effondrée. J'ai lâché prise complêtement, car je me suis prise l'écho de ce silence assourdissant en pleine tête. Bien sûr, je le sais tu ne peux plus me répondre, j'en ai bien conscience mais au fond je pense que je voulais avoir un signe de toi, n'importe quoi aurait fait l'affaire.
Je ne sais pas si je crois à une seconde vie après la mort, mais quand tu es parti, je me suis mise à y croire un peu, j'en avais besoin, je dois vraiment y croire. C'est peut-être un peu niais de dire ça mais vraiment avec du recul, je vois parfois des signes — ou juste ce que je veux interpréter comme des signes de toi — j'imagine.
Cette après-midi j'ai écrit ton éloge funèbre, je pense que tu en serais content. C'est très étrange et pas du tout approprié de dire ça, je suppose. Mais vraiment j'en suis fière, je pense qu'il t'aurait rendu fier aussi. Je trouve qu'il te représente vraiment et j'ai réellement parlé avec mon cœur tout du long.
Je vais aller me coucher, j'ai encore passé une très mauvaise nuit et j'ai besoin de sommeil pour être au maximum pour l'anniversaire de Maman.
Je t'aime tellement, je regrette de ne pas te l'avoir dit plus.
Ta grande,
Laure
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